La mission du Fonds Monétaire International (FMI), qui a séjourné à Tunis depuis le 8 janvier, a rendu ses Conclusions préliminaires de la consultation intérimaire sur l’état de l’économie tunisienne, dressant un bilan globalement satisfaisant, et relevant les points sur lesquels des améliorations sont attendues.
La première constatation concernait le taux de croissance appréciable enregistré en 2007 grâce à la bonne performance des secteurs agricole, énergétique, manufacturier et des services. Le taux de croissance devrait atteindre 6,3% en 2007, niveau le plus élevé des dix dernières années, contre 5,5% en 2006, et ce, malgré la flambée des prix mondiaux du pétrole et des produits de base, ainsi qu'un ralentissement probable de la croissance de l'économie mondiale. Le secteur mécanique et électrique reste le moteur de la croissance manufacturière et le secteur textile et de l'habillement a connu une forte reprise. La forte croissance de l'industrie électrique et mécanique (IME) a porté sa part dans le total des exportations de biens à 27 % en 2007, permettant une meilleure diversification de l'industrie manufacturière tunisienne. Cette performance de l'économie tunisienne s'est traduite par une diminution du chômage de 14,3 % en 2006 à 14,1 % en 2007.
En avril 2007, l’inflation en glissement annuel a été ramenée à 2%, avant d’atteindre 5,3% en décembre 2007 (son niveau de mai 2006) à cause de l’envolée des cours du brut. Une politique monétaire efficace a permis de ramener l'inflation moyenne de 4,5 % en 2006 à 3,1 % en 2007, mais des pressions inflationnistes sont réapparues La Banque centrale de Tunisie (BCT) ayant réagi en portant son coefficient de réserves obligatoires de 3,5 % à 5 % à fin novembre 2007. En 2007, le dinar tunisien a connu en moyenne une dépréciation de 4,5 % vis-à-vis de l'euro et une appréciation de 4 % vis-à-vis du dollar EU, reflétant la hausse de l'euro sur le marché des changes international.
Autre fait, le déficit du compte courant, tout en demeurant soutenable, s'est légèrement élargi, passant de 2 % du PIB en 2006 à 2,5 % en 2007 suite à la détérioration des termes de l'échange causée par la hausse des cours des matières premières. Ce solde a été compensé par un afflux important d'IDE. Les exportations énergétiques ont crû de plus de 50 % grâce à la flambée des prix pétroliers. La dette extérieure totale a été réduite pour passer de 58,3 % du PIB en 2006 à 55,6 % en 2007. . Le déficit budgétaire devrait rester globalement identique à celui de 2006, malgré la hausse des cours mondiaux des matières premières, à 3 % du PIB, en dessous de l'objectif de 3,1 % fixé dans la loi de finances 2007.
La forte croissance enregistrée en 2007 a permis au secteur bancaire d'améliorer sa rentabilité. Les indicateurs disponibles, quoique partiels, semblent indiquer une amélioration de la rentabilité des banques en 2007. Certaines ont profité de la situation pour se recapitaliser, telles qu'Amen bank et la BIAT. L'amélioration de la rentabilité des banques devrait leur permettre de continuer la consolidation de leur bilan et l'amélioration de leurs indicateurs prudentiels. Après les gains importants de 2006, l'indice des valeurs mobilières TUNINDEX a augmenté à fin 2007 de 12,1 % engendrant un rendement global du marché
de 3 %.
En 2008, tout en restant robuste, la croissance devrait connaître un léger ralentissement dû à la croissance exceptionnelle du secteur énergétique en 2007, au ralentissement probable de la croissance en Europe, à l'expiration des quotas de l'Union européenne (UE) sur les exportations chinoises de certains produits textiles et à une politique monétaire restrictive. Le taux de croissance devrait se situer à 5,7% grâce à l'élan de l'économie et les grands projets d'investissement. L’inflation devrait être contenue à 4 % en moyenne. Cette prévision tient également compte de l'augmentation probable des prix des produits administrés si les prix mondiaux restent élevés. Par ailleurs, La loi de finances 2008 prévoit une politique budgétaire prudente, le déficit budgétaire est fixé à 3 % du PIB, identique à celui observé en 2007.
Les risques inhérents aux perspectives économiques pour 2008 sont principalement liés à la conjoncture internationale. En effet, le ralentissement probable de la croissance en Europe et la poursuite de l'augmentation des prix du pétrole et des produits de base pourraient peser sur la croissance et accélérer l'inflation.
La réforme du secteur bancaire se poursuit avec la privatisation récente de la Banque Tuniso-Koweitienne (BTK) à des conditions favorables. D'autres banques pourraient suivre. Cependant, le secteur bancaire tunisien reste fragmenté et de taille limitée et sa consolidation serait bénéfique dans un contexte de pressions compétitives accrues. La qualité des services bancaires, érigée par ailleurs en une obligation légale, s'est améliorée et les efforts des autorités se poursuivront pour la hisser à un niveau supérieur. Par ailleurs les travaux continuent en vue de préparer les banques au passage à Bâle II d'ici 2010, et plusieurs mesures visant à dynamiser le marché bancaire ont été adoptées récemment ou le seront prochainement. Il est prévu de déléguer aux banques la cotation et la réalisation de transactions sur les instruments de couverture des risques de change et de taux d'intérêt, ainsi que l'extension de la durée de ces couvertures. Les établissements de crédits cotés en bourse ne sont plus limités par un plafond sur leurs emprunts extérieurs.
Enfin, pour conclure, on notera que la mission appuie la politique monétaire restrictive de la banque centrale Compte tenu de la surliquidité persistante et des pressions inflationnistes croissantes. Elle soutient également la politique budgétaire prudente de la Tunisie qui a pu maintenir un déficit de 3 % en dépit d'un environnent international défavorable.
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