Financement de l’entreprise : Cherche désespérément crédit!

Il ressort de deux rapports élaborés conjointement par le gouvernement tunisien et la Banque mondiale que les principaux mécanismes de financement en Tunisie (banques, factoring, leasing, bourse, capital risque…) ne financent pas assez les entreprises locales. (1)

Des enquêtes sectorielles menées entre 2006 et 2008 sur le financement des entreprises tunisiennes révèlent que l’accès au financement bancaire, le coût du loyer de l’argent et la complexité des procédures administratives constituent les principales entraves à leur développement.

Sur le total des entreprises enquêtées, 29,7% considèrent que les difficultés d’obtenir un crédit bancaire représentent « un obstacle de taille devant leur croissance » tandis que 49,9% d’entre elles pensent de même en ce qui concerne le coût du financement bancaire.

Selon ces mêmes enquêtes, le financement bancaire qui peut aider les PME lors de la phase opérationnelle (besoins en fonds de roulement, investissement…) demeure « modéré ».


En fonction du secteur, le crédit bancaire contribue au taux de 11% à 24% au financement à long terme.

Par ailleurs, les entreprises interrogées estiment que les garanties exigées sont excessives. « En moyenne, lit- on dans le document, la banque exige une garantie allant jusqu’à 167% du prêt accordé ».

Cette incapacité à fournir un financement acceptable aux entreprises, le rapport l’explique par l’importance des créances douteuses qui n’encouragent pas la prise de risque.

Il l’impute également au fait que les banques locales ne sont pas suffisamment dotées pour absorber convenablement les risques des PME. Cette situation est générée par trois facteurs : le sous développement de l’entreprise tunisienne (opacité des états financiers, ratios débiteurs excessivement élevés, faible qualité de la demande, difficulté d’obtenir des garanties…), le non professionnalisme des banques (technologie de crédit limitée, manque d’informations sur les PME, absence de personnel qualifié…) et environnement des affaires peu incitatif (absence d’études sectorielles crédibles…).

Dans une moindre mesure, on retrouve aussi les procédures administratives et les documents requis pour lancer un projet représentent le troisième obstacle au développement des entreprises.

La contribution des autres mécanismes de financement est loin d’être satisfaisante. La bourse ne contribue qu’à hauteur de 0,67% au financement des entreprises, le capital risque (SICAR 1,5%) et le leasing (3%).

Conscients de ces lacunes, les pouvoirs publics ont pris, ces dernières années, deux mesures très importantes. La création de la Banque de financement des PME (BFPME) et la Société tunisienne de garantie (SOTUGAR). Le rapport relève à ce sujet que bien que les banques voient dans ces mécanismes un pas en avant, elles restent toutefois réticentes et répugnent de composer avec ces mécanismes pour plusieurs raisons : les coûts et délais concernant la SOTUGAR, la duplication des procédures et autres détails contractuels s’agissant de la BFPME.

Quant aux solutions proposées. Le rapport recommande uns stratégie en quatre points.

Les entreprises sont invitées à s’introduire en bourse pour lever des fonds et consolider leur assise financière. Les SICAR sont appelées quant à elles à prendre plus de risque et à jouer pleinement leur rôle en tant qu’associés. Les banques sont appelées à faire preuve de plus de professionnalisme, à agir sur le coût du crédit bancaire et à faciliter son accessibilité.


L’administration est interpellée à son tour. Elle est appelée à développer et à diversifier les mécanismes de financement des projets d’innovation.


(1) -Cadre de partenariat stratégique Tunisie Banque Mondiale (2010-2013)
-Revue des politiques de développement(vers une croissance tirée par l’innovation)

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