Maghreb: Engagement commun pour faire face au réchauffement climatique

L’union européenne (UE), l’Union pour la méditerranée (UMA), le dialogue 5+5, la Banque mondiale et autres institutions sont convaincus que seule une solution régionale peut aider les pays maghrébins à s’adapter au changement climatique, à intégrer la nouvelle donne climatique dans leur processus de développement et à fédérer leurs expertises pour y faire face.
Cette solution régionale est justifiée par les similitudes des écosystèmes des cinq pays de l’Union du Maghreb arabe. Les pays de la région ont des systèmes agricoles comparables et des schémas de développement urbain semblables.

L’idée dominante est que la prospérité économique de la région du Maghreb dépendra, dorénavant, de l’efficacité de la gestion de filières stratégiques telles que l’agriculture (important utilisateur des ressources en eau) et le tourisme dont les installations sont localisées sur le littoral.
Ces deux secteurs, déjà fortement exposés aux aléas climatiques, risquent au regard des projections des climatologues, d’être encore plus vulnérables.

Pour prévenir ce scénario, les réunions au plus haut niveau et études se succèdent pour explorer les pistes devant aider à trouver des solutions appropriées cette nouvelle donne.

Deux initiatives méritent d’être signalées. Il y a tout d’abord la récente réunion des ministres de l’environnement de la Méditerranée occidentale.
Réunis, fin avril 2010, à Oran (ouest de l’Algérie), dans le cadre du dialogue 5+5 en l’absence d’un membre (Malte), ces derniers se sont engagés en faveur d’un plan global de lutte contre les effets de dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique dans la zone.

Concrètement, ministres français, espagnol, italien, portugais, tunisien, libyen, algérien et mauritanien ont convenu de créer un système d’alerte précoce à la pollution en milieu marin et de faire de l’adaptation au changement climatique une priorité dans « les initiatives de développement de la région ».

Ils ont recommandé la mise au point de stratégies destinées à renforcer les capacités des pays les plus vulnérables et les plus exposés de la zone à s’adapter au changement climatique. La Tunisie avec ses 1300 kms de cote est fortement intéressée par ce type de projets.

Dans le domaine des énergies renouvelables, les ministres de l’environnement de la méditerranée occidentale se sont prononcés pour un transfert, en faveur des 5 pays du sud, de technologies propres, de savoir faire et d’expertise. Ce transfert peut se faire dans le cadre de l’accompagnement des actions de partenariat (Desertec, Programme solaire méditerranéen…).

L’Algérie a proposé la création d’un « Observatoire de la Méditerranée et du développement durable » et la mise à la disponibilité du 5+5 d’un parc de 40 hectares sur le littoral d’Oran.

L’autre proposition qui milite en faveur d’une coordination régionale pour lutter en commun contre les impacts pervers du réchauffement climatique est formulée par la Banque mondiale.

Sur la base des conclusions des experts qui s’accordent pour prévoir pour le cas du Maghreb un climat plus chaud et plus sec avec des phénomènes naturels extrêmes ( inondations, ondes de tempêtes et montée du niveau de la mer), la Banque mondiale suggère le développement d’un cadre de politique régionale sur le changement climatique et l’agriculture, et propose l’élaboration d’une étude à cette fin.


Pour la Banque, cette étude devrait répondre à deux questions majeures : Dans quelle mesure les perspectives de sécurité alimentaire de la région seront-elles affectées par le changement climatique ?
Le changement climatique influencera – t - il la capacité de l’agriculture maghrébine à valeur élevée à soutenir la concurrence pour les marchés d’exportation potentiellement lucratifs, notamment, au sein de l’Union européenne?

Quant aux scénarios à mettre en œuvre, la Banque Mondiale en propose trois :
Premièrement, il s’agit « de développer des outils de décision pratiques pour intégrer le changement climatique dans les programmations des investissements affectés au secteur de l’eau ».

Deuxièmement, l’accent doit être mis sur « la réduction des émissions de carbone par l’agriculture, la lutte contre la désertification, et l’accroissement de la capacité des communautés locales à s’adapter au changement climatique ».

Troisièmement, la Banque mondiale plaide pour la promotion « d’un partenariat accéléré entre les pays maghrébins et des institutions européenne et arabe : l’’Académie arabe de l’eau, Météo France, le Centre Hadley au Royaume uni, le Centre de Marseille pour l'Intégration en Méditerranée : Planification urbaine stratégique et Villes et changement climatique… »

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