Les deux partis coalisés avec Ennahdha dans le futur gouvernement revendiquent avec insistance la présidence de la république pour leurs leaders : Dr. Moncef Marzouki pour le CPR et Dr. Mustapha Ben Jaafar pour Ettakatol. C’est de bonne guerre pour des Hommes politiques soucieux d’agir sur l’avenir de leur pays.
Cela dit, une question s’impose : Est-ce que le président de la république, quelques soient ses prérogatives, est le chef d’une coalition au pouvoir ou bien le président de tous les Tunisiens ? La réponse semble évidente : autant le premier ministre pourrait être le chef d’une coalition puisque cette coalition a gagné des élections et son parti (en l’occurrence Ennahdha) a reçu un mandat clair des électeurs Tunisiens pour diriger le pays, autant un président de la république doit être le président de TOUS les Tunisiens.
Choisir un président de la république ne devrait pas être l’affaire des quelques partis coalisés et encore moins une affaire bilatérale entre Ben Jaafar et Marzouki : sans mettre en doute les compétences de l’un ou de l’autre, il serait plus sain dans la démocratie naissante en Tunisie que les aspirants à la présidence aillent TOUS les deux devant les élus du peuple dans l’assemblée constituante et présentent leurs candidatures pour présider aux destinées du pays et que le meilleur gagne. Demander au candidat en face de se retirer et exiger la présidence de la république avec moins de 10% des suffrages des Tunisiens et moins de 10% des sièges à la Constituante seraient aberrants.
La logique voudrait que tous les candidats, c'est-à-dire Marzouki, Ben Jaafar et pourquoi pas d’autres élus de la Constituante même parmi les minoritaires, présentent leurs candidatures devant l’assemblée et qu’on organise l’élection présidentielle à plusieurs tours, s’il le faut, jusqu’à ce qu’un candidat se détache avec une majorité absolue. Cela se passe ainsi dans les pays à régime parlementaire (Allemagne, Italie, etc.), où, certes les pouvoirs du président sont honorifiques, mais il est considéré comme le garant de l’unité du pays. Qu’on le veuille ou non et quelques soient les vraies prérogatives du prochain président, le régime s’apparentera au régime parlementaire durant tout le mandat de la Constituante, vu que c’est elle qui est souveraine et qu’elle sera, de ce fait, la source de tous les autres pouvoirs, y compris celui du chef de l’Etat.
Il serait normal dans ce cas que les partis politiques et les listes d’indépendants donnent des mots d’ordre à leurs représentants au sein de la Constituante pour voter pour tel ou tel candidat, mais au moins celui qui sera élu président aura la bénédiction d’une majorité des élus du peuple, en espérant qu’il y aurait des élections présidentielles au suffrage universel direct quand la constitution sera rédigée d’ici un an ou un peu plus.
S’entêter à négocier dans des bureaux de partis le poste de président de TOUS les Tunisiens, même entre deux Hommes politiques populaires et respectables, n’est pas rassurant pour ces Tunisiens sur l’exercice futur du pouvoir. Il serait temps que les candidats déclarés mettent de côté leurs egos et se présentent sans exclusion l’un de l’autre devant l’Assemblée Constituante et que les représentants du peuple les départagent en choisissant en leurs âmes et consciences celui qui sera le plus rassembleur et le plus consensuel, celui qui rassurera avec ses qualités d’Homme d’Etat, de leadership, de charisme et qui inspirera confiance aux élus et probablement, à travers eux, à une majorité de Tunisiens.
Naoufel Ben Rayana
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