Dans un communiqué du 26 juillet, l'agence de notation Fitch Ratings a réagi aux décisions de Kais Saied de geler l'activité du parlement et limoger le chef du gouvernement Hichem Mechichi. Ce rebondissement dans la situation politique en Tunisie est de nature à retarder l'aboutissement des pourparlers avec le FMI, pour un nouveau programme de prêt, selon l'agence américaine, ce qui pourrait exacerber les pressions sur les besoins de financements. Le pays devra obtenir des financements importants des créanciers officiels pour ne pas voir sa position extérieure se détériorer davantage.
Fitch avertit que les perspectives de réformes, de réduction d'un déficit budgétaire et d'une maîtrise de la dette étaient déjà maigres avant ce nouvel épisode. L'agence signale que les tensions entre les forces politiques clés, les tensions sociales, notamment avec la position de la partie syndicale et son opposition à certaines mesures, compliquent les efforts pour obtenir le soutien du FMI.
Les manœuvres du président de la république engendrent de nouvelles incertitudes, estime Fitch Ratings. L'agence ne s'attend pas à ce que Kais Saied use de ses pouvoirs pour pousser des réformes difficiles et réduire la pression sur les besoins de financements. Des mesures telles que l'abaissement de la facture salariale dans le secteur public, qui représente 17% du PIB, pourrait retourner les pressions sociales contre le président, selon le communiqué. L'agence craint que ces dernières évolutions impactent la disposition des partenaires occidentaux à soutenir la Tunisie, qui a bénéficié auparavant de son statut d'unique démocratie née du printemps arabe. Néanmoins, la question de la migration pourrait être un facteur motivant pour les voisins européens de fournir un soutien financier à la Tunisie, fait remarquer Fitch.
Fitch Ratings avait annoncé, le 8 juillet, avoir dégradé la note de défaut émetteur à long terme en devises de la Tunisie de (B) à (B-), avec une perspective négative, une décision qui reflète les risques liés à la liquidité et à l'accord avec le FMI.
Selon les prévisions établies par l'agence américaine, le déficit budgétaire resterait élevé à 8,9 % du PIB cette année, pour diminuer à 6,7 % en 2022 et à 5, 5 % en 2023. L'économie tunisienne connaîtra une croissance de 3,4 % cette année, prévoit Fitch. Le pays fait face à un endettement élevé, et un service de la dette qui représentera 4% du PIB en moyenne entre 2021 et 2023.
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