Le Conseil d’Administration de la Banque Centrale de Tunisie a tenu une réunion extraordinaire à distance le 27 octobre 2020 afin d’examiner le projet de la loi de finances complémentaire (L.F.C) pour 2020 et les problématiques qu’il soulève au niveau des besoins additionnels en financement.
En effet, le projet de la LFC 2020 fait ressortir un déficit qui dépasse largement les répercussions de la crise sanitaire du DOVID-19, pour atteindre un niveau sans précédent estimé à 13,4% du PIB, ce qui requiert le déploiement d’efforts considérables pour mobiliser les ressources financières nécessaires pour le financer en l’espace d’un laps de temps très court et dans une conjoncture marquée par la difficulté d’accès au marché financier international, au vu, notamment, de la dégradation de la notation souveraine de la Tunisie et du renchérissement des coûts sur ce marché en raison du tarissement de la liquidité sous l’effet de l’impact de la crise sanitaire sur l’endettement des pays et par l’aversion des investisseurs internationaux au risque dans les économies de marché émergentes.
Dans ce contexte, le Conseil a constaté que pour faire face à cette situation, il est prévu de recourir davantage au financement intérieur qui va s’élever à 14,3 milliards de dinar dans la LFC, contre 2,4 milliards selon la loi de finances initiale, ce qui pourrait avoir des répercussions négatives sur les équilibres économiques. Par ailleurs, la participation du secteur bancaire dans ces efforts de mobilisation des ressources par le biais des souscriptions aux émissions du Trésor exercerait davantage de pressions sur la liquidité et induirait, par conséquent, un accroissement du recours au refinancement de la Banque Centrale.
A cet égard et après avoir rappelé les efforts considérables consentis par la BCT au cours des trois dernières années en adoptant une politique monétaire proactive, ce qui s’est traduit par la baisse de l’inflation et l’amélioration des équilibres internes et externes, le Conseil a aussi noté les efforts exceptionnels déployés au cours de la dernière période pour soutenir les efforts de l’Etat afin de faire face à la pandémie du COVID-19 et a souligné l’importance de maîtriser l’impact du recours excessif au financement intérieur sur la stabilité macroéconomique, ainsi que les effets directs et indirects au niveau de l’inflation et du volume global de refinancement. Également, il a souligné l’éventuel «effet d’éviction» concernant le financement du secteur privé, outre le possible déséquilibre extérieur et la dégradation de la valeur du dinar.
Après discussions et délibérations, le Conseil a réitéré que la Banque Centrale demeure attachée au mandat qui lui a été confié par le législateur, en l’occurrence maintenir la stabilité des prix et contribuer à la stabilité financière, conformément à la loi portant statut de la Banque Centrale de Tunisie.
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