L’économiste et ancien ministre des Affaires sociales, Mahmoud Ben Romdhane, est revenu sur la situation économique de la Tunisie et l’impact qu’aura cette crise sanitaire liée au Covid-19 alors que le pays traverse une crise financière et économique depuis quelques années déjà.
Dans une interview accordée à notre confrère webmanagercenter, Mahmoud Ben Romdhane est d’abord revenu sur les prévisions, pour l’année 2020, de la Banque Mondiale pour la Tunisie (+2.2%), en expliquant que ces projections datent du mois de janvier 2020 et qu’elles ont été publiées dans « Global Economic Prospects » (Perspectives économiques mondiales). Or, à l’époque, ni la pandémie du COVID-19 ni les moyens de l’endiguer n’étaient abordés, ni la paralysie de l’économie qui allait en découler et ses conséquences sur le niveau de la production de biens et de services.
Le rapport entier est attendu pour ce mois de mai. La croissance du PIB mondial y est projetée à -3%, celle de l’Union européenne à -7,5% et celle de la Tunisie à -4,3%. Ce qui représente la plus grande récession de l’histoire de la Tunisie depuis son indépendance. De plus, la Commission européenne vient de publier récemment ses « Projections économiques du printemps 2020 ». Elles dégagent des tendances voisines, à savoir une contraction de 7,4% pour l’ensemble de l’Union européenne. Pour l’économiste, ce qui frappe dans ces deux rapports c’est la sévérité de la contraction subie par les économies dotées d’un secteur touristique développé. En effet, la prévision de la croissance pour l’Italie est de -9,5%, pour l’Espagne de -9,4% et pour la Grèce de -9,7%. Ceci laisse imaginer le pire pour la Tunisie. Mahmoud Ben Romdhane estime que la croissance de la Tunisie avoisinera celle de ces trois pays et se situera autour de -9 à -10%. Ces prévisions restent évidemment tributaires de l’absence d’une deuxième vague pandémique.
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