Alors que l’économie mondiale, et plus particulièrement l’économie tunisienne, souffre en ces temps de crise sanitaire avec le Coronavirus, le gouvernement a réagi en annonçant une série de mesures avec un plan d’urgence de 3 milliards de dinars mais ce n’est pas tout. Selon l’économiste et universitaire, Mahmoud Sami Nabi, cette crise pourrait se transformer en une opportunité pour notre économie. Dans une interview au quotidien La Presse, l’expert n’oublie pas de rappeler que cette crise actuelle est en train de se transformer en crise économique planétaire grave, plus sévère par ses impacts et sa célérité que la crise financière de 2008, au point d’être comparée en la matière à une guerre mondiale touchant aussi bien les pays développés que les pays en développement.
Mahmoud Sami Nabi estime que l’économie tunisienne, comme les autres économies à travers le monde, n’échappera pas à une baisse de son PIB, à une augmentation du chômage et de la pauvreté, au creusement du déficit public et du déficit courant. Du côté de la demande, naturellement, le choc affecte la consommation domestique, mais également nos exportations (notamment vers l’Europe), ainsi que l’investissement public et privé. Il faudrait, également, s’attendre à une baisse des investissements directs étrangers et à une détérioration de la notation souveraine, ce qui rendrait encore difficile notre accès au financement sur les marchés internationaux (sauf en cas de garantie par des pays partenaires).
La particularité de ce genre de choc macroéconomique dans les pays en développement par rapport aux pays développés est le canal additionnel qu’il emprunte à travers l’économie informelle et particulièrement le marché du travail informel. En Tunisie, une étude réalisée par le Cres et la BAD a estimé pour l’année 2015, l’emploi informel à 32,2% de la population active occupée, soit 1.092.000 des travailleurs informels.
Les secteurs les plus touchés du point de vue de leur exposition frontale à la crise sont les secteurs dont les entreprises s’approvisionnent en matières premières sur les marchés internationaux et en biens intermédiaires dans le cadre de leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales. En ce sens, l’enquête réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) montre que 96% des entreprises interrogées déclarent un impact négatif de la crise actuelle sur leur chiffre d’affaires, et que si on peut classer les secteurs par ordre de l’impact négatif (en supposant une crise s’étalant sur un horizon de 6 mois), on aurait ce classement : services aux particuliers (70%), commerce (62%), industrie (52,6%), services aux entreprises (47,2%), bâtiment (46,7%) et 58% pour les autres secteurs.
Néanmoins, si on désire adopter un brin d’optimisme, Mahmoud Sami Nabi estime que cette crise pourra être transformée en une opportunité si nous arrivons à catalyser de manière efficace et proactive les vecteurs de la solidarité sociale et en profiter pour casser toutes les contraintes bureaucratiques qui limitent la libération des énergies au sein des organisations, ainsi que le partenariat public-privé autour de l’intérêt général. Cette crise nous rappelle également les fondamentaux du développement économique que sont l’éducation, la santé, des institutions publiques fortes et efficaces, qui favorisent le développement d’un tissu économique suffisamment robuste et inclusif avec des filets de sécurité sociale efficaces et une faible place à l’économie informelle
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