Les actionnaires de la société Essoukna se sont réunis, mercredi 08 juin 2016, en AGO au siège de l'IACE, pour statuer sur l'exercice 2015 où la société a évolué dans un contexte difficile pour le secteur, et dont l'impact sur l'activité s'est traduit par une forte baisse du résultat net, à 2 MD.
A l'ouverture de la session, le président du conseil d'administration, Noureddine Ben Hassan est revenu sur la situation globale de l'immobilier en Tunisie. Sans pour autant admettre l’existence d’une crise, le responsable a souligné les difficultés que connait le secteur, qui représente traditionnellement 14% des investissements, soit l'équivalent du secteur industriel, difficultés qui se sont d'abord manifestés mi-2013 et accentuées par la suite. Le secteur est confronté aujourd'hui à une inflation importante au niveau des matériaux de construction et de la main d'œuvre, à laquelle s'ajoute la relative rareté des terrains constructibles, des facteurs qui ont conduit à une hausse des coûts de revient et par conséquent des prix de ventes de 8 à 9% en moyenne annuelle.
Evoquant les statistiques officielles, qui font état de 180 000 logements invendus en Tunisie, le management a voulu relativiser ce chiffre, indiquant qu’il était gonflé par la prise en compte des résidences secondaires et des biens revenant à des tunisiens résidents à l’étranger. Par ailleurs, Ben Hassan déplore également des difficultés au contact des municipalités et surtout au niveau des services de la SONEDE et de la STEG à la quelle ESSOUKNA a dû par moment se substituer pour fournir les postes de transformation et les câbles. Parallèlement, le management a indiqué qu’entre 25 et 31 mille constructions étaient bâties sans permis, soit 36% du total. Le nombre des nouveaux permis de construction délivrés par les autorités en 2015 indique donc une forte contraction dans l'activité de la promotion immobilière qui se trouve confrontée à une offre abondante sur le marché secondaire. Un analyste du secteur évoque pour expliquer ces nouveaux phénomènes les récentes réformes fiscales et l'accélération des procédures de saisie et autres moyens de recouvrement par la puissance publique. Les nouveaux mécanismes de contrôle fiscal instaurés par les autorités impactent la demande spéculative notamment de la part des professionnels libéraux soumis au régime forfaitaire et ceux appartenant aux secteurs informels, et qui échappent au système fiscal déclaratif. Ces catégories de multipropriétaires alimentaient les courants d’achat tout au long des dernières années. Le même analyste a fait savoir aussi que les banques tunisiennes très actives sur se segment commencent à sentir les effets de la crise. Contraintes par les recommandations de la BCT, elles ont changé d’attitude et donc de perception du risque immobilier, ce qui a accentué ce problème de stocks d'invendus. On assiste à un durcissement des conditions pour le préfinancement et les crédits acquéreurs qui ne fait aucun doute. Les spreads exigés tendent à s'élargir alors que la base d'évaluation des garanties intègre davantage des décotes plus fortes. Le secteur connaitra un recentrage sur le moyen standing et l'économique pour éviter une guerre des prix par les derniers entrants à l'image de ce qui s'est passé dans le secteur touristique.
Interpelé sur les chiffres prévisionnels présentés dans le rapport de gestion pour les trois prochains exercices, Ben Hassen s’est voulu rassurant, défendant ces projections alors que la société n'a engendré à cette date que 27% de ses objectifs en termes de chiffre d'affaires, et 49% compte tenu des promesses de ventes réalisables avant la fin de l’année, a-t-il insisté.
Essoukna table en effet sur 20 MD de chiffre d’affaires cette année pour un bénéfice de 3,6 MD, Pour 2017, la société vise un chiffre d’affaires de 22 MD et un bénéfice de 4 MD, pour atteindre en 2018 un chiffre d’affaires de 24 MD et un résultat net de 4,2 MD. La société prévoit la construction de 235 mille m² d’ici 2025, les études techniques en cours portent sur une dizaine de projets pour une enveloppe globale de 171 MD. Notons qu’à fin 2015, le stock d’encours s’élevait à 25,4 MD sur 4 projets à Mourouj 5 et 6, Boumhel et Kairouan, celui des unités achevées totalisait 31,4 MD.
Toujours au volet prévisionnel, le groupe prévoit pour la filiale Les Œillets, détenue à hauteur de 22,22% par Essoukna, un chiffre d’affaires de 950 mille dinars à fin 2016 et un bénéfice de 140 mille dinars, pour cela le management espère entamer à temps la commercialisation de son projet au Lac II. Pour la filiale SIP SICAR, détenue à hauteur de 20%, les revenus sont attendus autour de 750 mille dinars et le bénéfice à 345 mille dinars, selon les prévisions du groupe. Le résultat net de la société ZIED, dont Essoukna détient 72%, dépendront des dividendes provenant de la SIMPAR, explique Ben Hassan.
La question de la démission de l’ancien CAC et son changement par le cabinet KPMG représenté par M Bousanougua a été évoquée par un présent. La raison principale reste d’ordre financier. Il s’agit d’un différent sur les émoluments demandés par le CAC démissionnaire concernant les diligences spécifiques relatives aux comptes semestriels.
L’Assemblée Générale Ordinaire est ensuite passée au vote des résolutions, fixant la date de la distribution des dividendes relatifs à 2015 au 30 juin 2016, à raison de 240 millimes par actions, le prochain dividende sera équivalent voire supérieur, selon les prévisions apparaissant dans le rapport de gestion.