Une conférence de presse a eu lieu, mardi 03 mars 2015, dans l’auditorium de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), à l’issue de la visite de la délégation du Fonds Monétaire International (FMI), animée par Chedly Ayari, gouveneur de la BCT avec la participation de Masood Ahmed, directeur du département du Moyen Orient et Asie centrale au FMI et son vice-président Amin Maty, ainsi que Giorgia Albertin, représentante résidente du FMI.
Cette visite entre dans le cadre du programme financier du FMI, qui a débuté en 2013 et prendra fin à la mi 2015, elle précède les deux dernières missions du programme dont la première est prévue à la fin du mois de mars 2015.
Masood Ahmed a commencé son allocution par un premier constat de l’état de l’économie tunisienne, qui a montré des signes de résistances malgré la conjoncture qui souffre des conflits régionaux et de la stagnation voir la récession en Europe. La Tunisie a pu préserver les grands équilibres macroéconomiques, mais au prix de la croissance qui ne décolle pas, et de la montée du chômage. La réussite de la transition démocratique est de nature à réconcilier le pays avec les investisseurs, la dernier sortie de la Tunisie sur le marché obligataire est d’ailleurs perçue comme un signe fort de la confiance retrouvée, combinée à la baisse des cours du pétrole, elle devrait permettre à l’économie tunisienne d’aborder la prochaine phase, celle des réformes profondes pour revenir à des niveaux de croissances conformes au potentiel tunisien, et permettant la création d’emplois.
A cet effet, le responsable considère que trois dossiers doivent être au centre des priorités du nouveau gouvernement, tout d’abord améliorer la composition des dépenses de l’Etat en les rééquilibrant en faveur des dépenses d’investissement qui n’ont pas dépassé les 20% à fin septembre 2014, tout en gardant un déficit budgétaire maitrisable. L’autre point central, sera la réforme du système bancaire, en l’occurrence la restructuration des banques publiques car il est difficile d’envisager un secteur privé et créateur d’emploi sans les banques fortes pour l’accompagner. Interrogé à ce sujet, Chedly Ayari a indiqué que des trois banques concernées, la STB est celle qui pose le plus de problèmes, les 600 MD approuvés par la loi de finances 2014 seront vraisemblablement insuffisants, il faudra bien plus que 700 MD et une nouvelle gouvernance pour remettre la banque sur pied. Par ailleurs, la Banque de l'Habitat (BH) devrait se relever après accomplissement de son processus de recapitalisation, de même que la BNA dont l’audit n’est pas encore achevé, assure le gouverneur de la BCT. Enfin, Masood Ahmed souligne un troisième chantier important, celui du climat des affaires, un nouveau code d’investissements, un cadre juridique pour le partenariat public privé et de nouvelles lois, notamment sur la faillite, la concurrence etc…pourront clarifier les horizons pour les investisseurs qui ont besoin de règles de jeu claires dans un environnement stable.
Le responsable n’exclut pas un nouveau programme financier en faveur de la Tunisie, succédant à l’actuel, et destiné à accompagner les réformes structurelles, Il faudrait pour ça que les mesures entreprises par le nouveau gouvernement soient dans la direction que préconise l’institution pour sortir le pays du cycle de croissance faible.
La conférence a constitué pour Chedly Ayari, l’occasion de défendre une nouvelle fois l’émission obligataire tunisienne, aussi bien ses conditions que son timing. Il a notamment rappelé que le budget 2014 partait avec un trou de 7,5 milliard de dinars et que le marché domestique ne pouvait financer que 3 milliard de dinars au maximum, une telle sortie est d’autant plus significative que les plus grands investisseurs mondiaux figurent parmi les souscripteurs, leur présence est un gage pour les IDE qui verront le site Tunisie d’un autre œil, c’est un choc financier au même titre que le choc politique venu de Tunisie, à-t-il ajouté. Chedly Ayari a également affirmé qu’il y aura d’autres sorties du genre, indiquant que l’épargne nationale ne représentait que 13% du PIB alors que les investissements nécessiteront autour de 20%, il faudrait que la Tunisie applique une austérité très forte pour éviter le recours au marché de la dette selon le gouverneur.
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