Roberto Bocca, responsable des Industries énergétiques au Forum Economique mondial (WEF), est revenu sur les récents mouvements des prix du baril, notamment la baisse sous les 50 dollars puis un rebond à 60 dollars, qui ont surpris beaucoup d'analystes après trois années de relative stabilité à deux fois ce niveau de prix. Le responsable souligne toutefois, qu'avec un peu de recul, ce genre de fluctuations a toujours existé, affecté par le niveau de la demande, de l'offre, des tensions géopolitiques et des interventions de l'OPEP, il rappelle qu'à la fin des années 90, le baril se négociait pour moins de 20 dollars.
Pour autant, le renversement de la tendance baissière n’est pas une certitude, Roberto Bocca recense quatre nouveaux facteurs qui entrent en jeu pour la première fois, et complique les prévisions à long termes quant à l’évolution des prix du baril.
Il s’agit tout d’abord des nouvelles alternatives aux combustibles fossiles, qui sont non seulement économiquement viables mais peuvent aussi provenir de plusieurs sources et pays, pensant notamment aux schistes argileux.
Le deuxième facteur est lié à ce que Bocca appelle l’électrification de la société. Un baril bon marché peut ralentir le développement des véhicules électriques à court terme, mais dans une perspective plus longue, les avancées technologiques en la matière pourraient finir par prendre le dessus.
Un autre élément tient compte des pressions de plus en plus fortes en faveur des mesures contre le changement climatique, de plus en plus d’entreprises du secteur énergétique répondent à l’appel et multiplient les innovations en ce sens, certaines militent même pour une politique de tarification des émissions de CO2 qui pourraient inciter à plus d’actions. La conférence des Nations Unies sur le changement climatique, COP21, à Paris aura lieu fin 2015, et pourrait constituer un réel point d’inflexion dans ce domaine.
Enfin, la grande inconnue reste l’impact des innovations technologiques futures, dans le secteur énergétique comme dans tous les autres, le Big Data, les nanotechnologies et l’intelligence artificielle par exemple, pourraient ouvrir de nouvelles voies pour une meilleure gestion des trafics routiers ou la réduction des erreurs humaines qui coûtent beaucoup en énergie, mais il y aura aussi d’autres implications que personne ne peut anticiper à l’heure actuelle, rappelle Roberto Bocca.
Ceci dit, rien n’assure que la baisse des prix du baril est un changement structurel et durable à long terme, mais il est possible qu’on assiste au commencement d’une nouvelle ère, où le pouvoir de l’OPEP est réduit par le changement de la géographie pétrolière, devenue multipolaire, notamment avec la montée de l’Amérique du Nord et un spectre plus large de possibilités en matière d’énergie.
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