Qui est Ibrahim DEBACHE pour ceux qui ne le connaissent pas?
Ibrahim DEBACHE : "J’ai effectué mes études à l’école de commerce de Paris ensuite j’ai commencé mon activité dans le domaine de l’informatique immobilière et financière chez les plus grandes enseignes en plus de mon expérience dans l’informatique logistique. A la suite de huit ans de travail en France, je suis rentré en Tunisie et j’ai été nommé directeur des ventes de la filiale Peugeot en Tunisie où j’ai passé dix ans pour devenir directeur commercial. Par la suite, j’ai rejoint la société Ennakl en tant que Directeur Général Adjoint en charge des activités opérationnelles en janvier 2007 jusqu’à juin 2012 où j’ai été nommé PDG de la société. Mon premier mandat prendra fin juin 2014 en attendant de prendre acte de la décision du conseil d’administration d’Ennakl. Mon expérience dans le domaine automobile en Tunisie s’étale ainsi sur une quinzaine d’années au cours desquelles j’ai pu connaitre les différentes évolutions du marché."
Tustex : L'année 2014 a connu deux évènements majeurs pour Ennakl Automobiles, le lancement de la Skoda ainsi que l'organisation de la conférence des importateurs VW, quels seront les événements majeurs ou les priorités pour 2015 ?
Ibrahim DEBACHE : "D’abord laissez-moi vous dire que, l’événement majeur qu’a connu Ennakl en 2014 est qu’elle ait retrouvé sa position de leader sur le marché de l’automobile tunisien. Ennakl qui entretient un partenariat de 50 ans avec le groupe Volkswagen qu’elle représente, est à même de démontrer une certaine stabilité. D’ailleurs, le groupe nous a confié la distribution de la marque Skoda, qui était prévu pour 2010-2011. La venue de cette marque tombe en effet à pique car les attentes ainsi que le budget du consommateur tunisien ont nettement évolué, et encourage une présence avec de nouvelles marques notamment coréennes et asiatiques. C'est en ce sens que nous offrons à nos clients une nouvelle marque telle que la Skoda qui assure un bon rapport qualité/prix. Une présence confirmée par la bonne marche de la SEAT qui a réalisé en 2014, une progression de ses ventes de 48% avec plus de 2000 voitures vendues. La Skoda a cependant un portefeuille de gamme plus large avec son nouveau modèle la Fabia qui sortira au mois de mars, ce qui nous permettra de répondre au mieux à notre clientèle.
En ce qui concerne le deuxième événement, celui de l’organisation de la conférence des importateurs VW de la région Afrique, elle s’est tenue en septembre dernier. Son organisation en Tunisie témoigne de la confiance que place le groupe Volkswagen dans la société Ennakl Automobiles. Nous espérons à l’avenir organiser d’autres conférences du genre vu sa réussie."
Tustex : La commercialisation de nouvelles marques (SEAT, Skoda) n'affecterait-elle pas la marge de la société ?
Ibrahim DEBACHE : "A ce niveau, les résultats enregistrés en 2013 puis en 2014 montrent que la société Ennakl a amélioré sa rentabilité. En effet, élargir notre portefeuille vise plutôt à satisfaire notre clientèle qu'améliorer notre marge de rentabilité. Sans oublier que nous nous inscrivons à une nouvelle ère de l’automobile qui prône l’ouverture et la diversification du marché. Par ailleurs, ce n’est pas la venue de nouvelles marques qui pourrait impacter la rentabilité des anciennes. Ennakl a réalisé en 2014 une part de marché de 14% avec une contribution de la marque Volkswagen à hauteur de 9%, le reste étant réalisé par les autres marques que nous commercialisons. Par ailleurs il est à noter que le rachat des parts de la société Ennakl confisquées par l’Etat nous a apporté une nouvelle assise stratégique et ce, mis à part le volet capitalistique. Cette opération a permis de mettre en place un comité stratégique pour la réalisation d’un plan dit Cap 2016 qui s’étend de 2013 à 2016 et dont les objectifs des deux premiers exercices ont été largement atteints (amélioration de la satisfaction client, amélioration de la qualité de service notamment de proximité etc.) Nous offrons ainsi au niveau de nos showrooms un service complet qui intègre notamment le volet leasing (scoring)."
Tustex : Quels seront les principaux objectifs d'Ennakl automobiles pour l'année 2015 (Réseaux, SAV, Objectifs financiers, part de marché, etc)? Et est-ce que vous êtes satisfait de la valorisation d'Ennakl automobiles à la Bourse de Tunis?
Ibrahim DEBACHE : "D’abord il faut noter que l’année de la cotation en Bourse d’Ennakl, 2010, a été aussi celle de sa cotation au Maroc, une double cotation que nous avons quelque part du mal à gérer en raison notamment de la non convertibilité du dinar. Aujourd’hui les analystes pensent que la valeur boursière de l’action de la société Ennakl, qui se situe autour de dix dinars, est en deçà de sa valeur réelle. Pour mémoire, les nouveaux actionnaires ont acquis l’action Ennakl pour 12 dinars 850, quand elle a été revalorisée dans le cadre cette opération. En effet, elle s’est située à un autre niveau qui nous semble plus refléter la réalité de la société Ennakl vu l’évolution de sa situation. En nous basant sur les indicateurs dont nous disposons, nous pouvons en effet nous conforter dans cette idée. Nous envisageons d’ailleurs, d’améliorer le niveau de communication pour faire passer ce genre d’idée et à compter de cette année, des communications financières se tiendront en présence des analystes financiers et les Intermédiaires en Bourse mais aussi des actionnaires et ce, de manière périodique afin qu’ils puissent avoir accès de meilleure manière aux différents agrégats de la société. Aussi, nous pensons que l’introduction en bourse de la société Ennakl a été très bénéfique et nous a permis par une meilleure gouvernance et une meilleure transparence de garantir la pérennité de notre entreprise.
Par ailleurs, nous sommes également dans une politique d’investissement à la fois avec nos propres installations telles que la construction d’un nouveau showroom pour accueillir la marque Skoda, la construction d’un nouveau centre logistique pour faire face aux besoins croissants des pièces de rechange ainsi que des investissements de rénovation dans nos ateliers."
Tustex : Que pensez-vous de la problématique des quotas et son impact sur la dynamisation du secteur?
Ibrahim DEBACHE : "Nous avons remarqué au cours des dernières années de 2000 à 2010 une dérivation du système des quotas puisque la répartition de ces derniers qui était gérée par la règle de compensation qui n’était plus équitable. En 2011, après la révolution, les concessionnaires ont demandé au premier gouvernement la révision de ce système des quotas et décider l’ouverture du marché, cependant, il leur a été signifié que la situation du pays ne permettait la prise d’une telle décision conséquente et donc supprimer la gestion de quotas. Il nous a été demandé de ce fait sur la base d’un plan général d’importation fixé à 45 mille voitures de s’auto-organiser pour répartir ce besoin estimé par le ministère du Commerce.
En 2012, la même politique avait été adoptée mais peu à peu, nous avons senti qu’il y avait une difficulté à justifier la répartition des quotas et donc nous avons ressenti de nouveau une main mise du ministère du Commerce sur cette répartition notamment en changeant la politique d’attribution des quotas en se basant sur des volumes d’importation.
Aujourd'hui, le besoin réel du marché est estimé à environ 75 mille voitures, de ce fait, le manque à gagner a été compensé par le marché parallèle à telle une enseigne qui aujourd’hui détiendrait près de 45% du marché. Maintenant il faut savoir qu’il y aura la possibilité d’une ouverture partielle du marché à certaines catégories notamment les appels d’offre, l’ouverture du segment des véhicules utilitaires et éventuellement l’ouverture du segment des petites cylindrées. Nous sommes donc dans l’attente d’une confirmation de la part du nouveau gouvernement. A suivre!"