Alors que la saison des bilans financiers au titre de
l'année 2006 bat son plein, les principales banques marocaines annoncent des
bénéfices substantiels.
« Trois banques détiennent désormais 64% du marché contre
53% trois ans auparavant » a déclaré à OBG Abdellatif Jouahri, le gouverneur de
la banque centrale, Bank al-Maghrib. « Ainsi assiste-t-on à l'émergence de
grands ensembles financiers ayant une capacité de mobilisation financière
renforcée et plus en mesure d'accompagner les grands projets d'envergure
nationale.»
Attijariwafa Bank a donné le coup d'envoi avec la
publication des résultats de son produit net bancaire, qui a enregistré un
accroissement de 19,9% par rapport à 2005, pour s'établir à 6,76 milliards de
dirhams. Bien que la concurrence entre les principales banques soit attisée,
entraînant une réduction des taux d'intérêt commerciaux différentiels,
Attijariwafa a réussi à enregistrer une progression de 6,3% de ses marges
d'intérêt, qui atteignent 4,28 milliards de dirhams.
Par ailleurs, les marges de commission ont augmenté de
46,9% tandis que les opérations de location et de crédit à bail ont progressé de
45,8%. La plus forte progression concerne sans nul doute les opérations de
marché, qui ont augmenté de 87,1%. La plus grande banque en termes de dépôts,
Attijariwafa, détient une part de marché de 27,53%, soit 117,1 milliards de
dirhams.
La seconde banque du royaume, Groupe Banques Populaires
(GBP), a également annoncé un taux de croissance substantiel le 29 mars dernier,
avec un produit net bancaire en hausse de 5,6% passant à 6,1 milliards de
dirhams, et une progression de 35,7% - la plus forte hausse enregistrée sur le
marché - de son bénéfice net qui s'établit à 2,3 milliards de dirhams. Les
dépôts de la clientèle ont également connu un mouvement haussier (13,9%), tout
comme les marges sur commission (19,3%).
GBP détient la plus grande part de crédits à la
consommation, avec 41,9% de parts de marché.
« Nous avons démontré qu'une banque citoyenne et mutualiste
peut être aussi une banque tout à fait rentable et incontournable pour tout type
de clientèle » a dit Noureddine Omary, président de GBP.
Le produit net bancaire de Banque Marocaine du Commerce
Extérieur (BMCE) est passé à 3,61 milliards de dirhams, soit une progression de
16,3%. Les créances sur la clientèle ont quant à elles progressé de 23,5%
portant l'encours global des crédits à 46 milliards de dirhams alors que les
crédits immobiliers ont enregistré une progression de 50%.
Une majorité de banques ont connu une forte progression des
prêts immobiliers, dopée notamment par la croissance continue de l'ensemble du
secteur immobilier.
Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) a enregistré pour la
première fois en 12 ans, un profit record au premier trimestre 2006,
transformant un déficit de 48 millions de dirhams en 2005 en un profit de 388
millions de dirhams en 2006. Tous les indicateurs étaient à la hausse pour CIH,
récoltant les fruits des efforts de restructuration entrepris par son PDG Khalid
Alioua. Son produit net bancaire est passé de 914 millions de dirhams à 1,15
milliards de dirhams.
Les banques affiliées aux groupes internationaux n'ont pas
été en mesure de conduire autant d'opérations de marché que les banques locales,
étant donné que les politiques concernant les opérations relatives aux
obligations de trésorerie locale sont fixées par le siège social. Néanmoins,
leurs bilans se sont avérés satisfaisants.
Crédit du Maroc (CDM) a enregistré une hausse de ses
opérations de marché, qui sont passées de 65 millions de dirhams à 84 millions
de dirhams en 2006. Ses marges d'intérêt sont passées de 930 millions de dirhams
à plus d'un milliard de dirhams, tandis que les marges sur commission sont
restées relativement stables à 214 millions de dirhams.
Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) a vu son
produit net bancaire passer de 1,8 milliards de dirhams à 2,2 milliards de
dirhams, et ses dépôts de clientèle passer de 27 milliards de dirhams à 32
milliards de dirhams. Au total, son bénéfice net bancaire a connu une
augmentation de 15,1% pour atteindre 536 millions de dirhams.
« En termes de produit net bancaire et en dépit d'un
resserrement significatif des marges d'intermédiation, le Groupe Société
Générale Marocaine de Banques a progressé de 9,71%, pour s'établir à 2,2
milliards de dirhams. » a déclaré Jérôme Giraud, PDG de SGMB à OBG.
Par ailleurs, la Banque Marocaine pour le Commerce et
l'Industrie (BMCI) a vu son produit net bancaire passer de 1,7 milliards de
dirhams à 1,8 milliards de dirhams, alors que son bénéfice net est passé de 492
millions de dirhams à 535 millions de dirhams en 2006. Les marges d'intérêt sont
quant à elles passées de 1,4 milliards de dirhams à 1,5 milliards de dirhams et
les marges sur commission ont reculé de 116 millions de dirhams à 104 millions
de dirhams durant l'année écoulée.
De telles performances attestent de l'élasticité des
banques face à l'augmentation de la concurrence. Alors que l'entrée en vigueur
des normes de Bâle II est prévue pour juin, à l'issue de laquelle les banques
seront amenées à mieux appréhender les risques bancaires, de tels résultats
réconforteront les actionnaires et les directeurs des établissements bancaires.
OBG