Les inquiétudes concernant l’endettement public sont justifiées. La Tunisie affiche un ratio Dette publique/PIB de l’ordre de 52,4% en 2015 contre 42,6% en 2009. Un ratio probable de plus de 60% au terme de l’année 2016 propulsera le pays au-delà de la moyenne des pays ayant le même profil de risque et appartenant à la même catégorie Ba3 de Moody’s. Tout cela reste relatif. La France, par exemple, est actuellement à 98% sur ce ratio par rapport 55,8% en 1995 et une norme admise dans le traité de Maastricht de 60% ; Dans la plupart des pays, toutes les attentions se focalisent sur les dérapages des finances publiques pour des raisons économiques, politiques, électorales, partisanes etc. Mais, cela ne doit pas occulter outre mesure l’autre élément essentiel de la dette totale, celui des autres agents outre que l’Etat, donc outre les administrations publiques, les collectivités locales, les Caisses de retraite etc.
Six années après la transition démocratique, la Tunisie se trouve dans un super-cycle d’endettement assez alarmant. Les agents économiques non financiers essentiellement les ménages et les entreprises connaissent une accélération de leur endettement encore plus rapide que celui de l’Etat et dont peu en sont conscients. La dette non financière est passée de 67,28% du PIB en 2009 à 84,65% en 2015, soit un dérapage encore plus fort en amplitude que celui observé au niveau de l’endettement de l’Etat. Les autorités monétaires doivent surveiller davantage les crédits à court terme (portefeuille escompte chez les banques) et les crédits aux particuliers notamment les crédits à la consommation. Les inquiétudes concernant l’endettement des autres agents trouvent leur fondement dans le niveau des taux d’intérêts qui sont de loin supérieur au coût subi par l’Etat, soit en moyenne 200 points de base d’écart; La quasi-totalité des pays développés se trouvent dans une situation quasi-similaire, mais leurs agents non financiers bénéficient d’un contexte de taux très bas et d’une inflation maîtrisée. Alors combattons l’inflation et évitons la surconsommation inutile.