Radioscopie des investissements déclarés dans les secteurs de l’industrie et des services sur les dix premiers mois de l’année

D’après le dernier bulletin de conjoncture de l’Agence de la Promotion de l’Investissement et de l’Innovation « APII » qui découle du ministère de l’industrie et du commerce tunisien, les investissements déclarés dans l’industrie ont évolué de 30,6% au 31 10 2016 à 2639,7 Millions de DT (MDT) contre 2020 Millions de DT sur les dix premiers mois de 2015. Le nombre de projets déclarés a atteint 2979 sur cette période contre 2748 au 31 octobre 2015, soit une augmentation de 8,4%. Ces projets prévoient la création de 43777 postes d’emplois, contre 40895 postes d’emplois durant les dix premiers mois 2015, soit une progression de 7%.

La cartographie sectorielle des déclarations montre que le secteur des agro-industries attire le plus d’investissements. Il occupe la première place des intentions pour 1020 MDT (+63%) suivi par les industries mécaniques et électriques avec 538 MDT d’investissements envisagés (+111,6%). Le positionnement géographique de la Tunisie semble attirer nos voisins algériens qui projettent la création d’une unité de production de lait en poudre pour un montant de 89,8 MDT et la création d’une unité de séchage de lait en poudre pour un montant de 80,0 MDT. L’accélération des intentions d’’investissement dans l’agroalimentaire tunisien s’explique par la nature défensive de ce secteur qui reste le moins touché par la conjoncture économique actuelle, la disponibilité au moindre coût des matières premières, la présence d’un marché maghrébin vaste et homogène, le transfert technologique et les partenariats techniques, la diversité des produits et le gisement de compétences locales dans la plupart des industries de transformation.

L’autre attraction des intentions d’investissements est le secteur des industries mécaniques et électriques dont les déclarations ont doublé depuis l’année passée avec des investissements portant sur 538 MDT. L’aéronautique est depuis quelques années le champ d’investissement privilégié des investisseurs locaux et étrangers. Cette branche devrait connaitre l’implantation d’une unité totalement exportatrice de fabrication de pièces mécaniques pour le secteur aéronautique pour un montant de 67,6 MDT avec un capital mixte et l’extension d’une autre unité totalement exportatrice de fabrication de pièces de structure aéronautique pour un montant de 35.6 MDT avec un capital 100% étranger. La liste des investissements déclarés comprend aussi la création d’une fonderie totalement exportatrice pour un montant de 25 MDT et l’extension d’une unité totalement exportatrice de fabrication d’organes, pièces détachés et accessoires pour l’industrie automobile pour un montant de 20,2 MDT.

Le secteur des industries chimiques a évolué de 11,4% avec des investissements déclarés de 250,5 MDT durant les dix premiers mois 2016 contre 224,8 MDT pour la même période de l’année 2015, essentiellement suite à la déclaration de l’extension d’une unité totalement exportatrice de fabrication d’engrais composés pour un montant de 60 MDT et à la déclaration de la création d’une unité de transformation et de fabrication des dérivés des phosphates pour un montant de 12 MDT.

Sur un autre plan, le secteur des textiles et habillements semble au contraire pâtir, perdant vraisemblablement de son compétitivité, visiblement touché par la situation de certains donneurs d’ordres, le ralentissement de la demande locale et européenne, la concurrence agressive imposée par de nouveaux sites alternatifs de délocalisation et l’accentuation de l’importation ainsi que la multiplication des franchises sans compensation industrielle. Il s’est replié de 31,4% pour 108,4 MDT d’intentions d’investissements.

Une analyse organique montre que le rythme positif de l’évolution globale de ces déclarations d’intention en Tunisie s’appuie plutôt sur les projets d’extension, les renouvellements de matériels et autres formes moins présentes telles que les rapprochements, qui sont marqués par une croissance plus soutenue (+50,6%) 1272,2 MDT alors que les nouvelles créations ont augmenté moins fortement, de +16,4% pour une enveloppé exprimée de l’ordre de 1367,5 MDT. Les projets industriels de création portent sur un nombre d’emplois qui ressort, pourtant, le double de celui prévu dans les projets d’extension pour des investissements presque équivalents (30200 emplois contre 13577). Ceci confirme l’orientation plus prononcée des industriels vers l’automatisation des processus de production. Un constat s’impose néanmoins en ce qui concerne les hommes d’affaires tunisiens, ces derniers restent les premiers investisseurs de leur pays. Ils semblent moins frileux qu’auparavant puisqu’ils annoncent des investissements de 1779,3 MDT soit +27,6% par rapport à l’année dernière. La concrétisation de leurs projets est une autre paire de manche. Les projets mixtes ou à capital à 100% étranger représentent, quant à eux, prés de 860,4 MDT dans les intentions, soit 32,6% de l’enveloppe déclarée à l’APII. La confiance des étrangers est semble-t-il, progressivement, de retour, puisque les investissements totalement étrangers en 2016 ont connu l’un des taux de croissance les plus élevés (+80,9%) à 476,3 MDT. Les projets exportateurs maintiennent une dynamique positive (+21,6%) quoique moins forte que pour les autres projets (+35,4%) et une enveloppe estimée à 1793 MDT.

Par ailleurs, il est à remarquer que la disparité régionale entre Est et Ouest du pays tend à se réduire d’une année à l’autre entre, toujours en termes d’intentions. Ainsi, les régions de l’est devraient accueillir prés de 67% des investissements, soit 1771,1 MDT contre 80% en 2015 alors que les régions de l’ouest verront leur part monter à 33% et 868 MDT en 2016 contre 20% en 2015. Cette tendance se confirme aussi au niveau des investissements industriels à destination des zones de développement régional qui ont progressé de 52,3% à 1299,4 MDT. Ce rééquilibrage régional est imputable essentiellement aux gouvernorats de Siliana (142,4 MDT Vs 26,4 MDT), Kairouan (124,8 MDT vs 52,7 MDT), Jendouba (128,6 MDT Vs 12 MDT) et le Kef (108,2 MDT vs 10,5 MDT).

Dans les services, la croissance des déclarations a été également à deux chiffre (+13%), mais moins forte que pour l’industriel, portant l’enveloppe programmée de 1100,5 MDT à 1243,4 MDT sur les dix premiers mois de chaque année. Cette hausse cache, cependant, des disparités au niveau régional, puisque les régions de l’est devraient accueillir 6685 projets déclarés durant les dix premiers mois 2016 sur les 8290 projets présentés jusqu’au 31 10 2016. Notons que les projets de services  orientés vers le marché local demeurent prépondérants avec 1143,7 MDT (+8,5%), alors que les services exportateurs ont connu la plus forte croissance (+114,4%) à 99,7 MDT, voyant leur part augmenter d’une année à l’autre.

Télécharger le bulletin de conjoncture de l’APII pour le mois d’octobre 2016