Yassine Brahim, ministre de l’investissement, du développement et de la coopération internationale, était l'invité d'Express Fm ce matin, pour commenter la note d'orientation du plan de développement 2016 -2020 publiée cette semaine. Le plan de développement devra faire sortir l'économie tunisienne de son statut d'économie "Low Cost", d'autant plus que le potentiel existe pour une économie à forte valeur ajoutée, avec une position géographique très avantageuse, selon le ministre.
Le plan ambitionne d'allouer 125 milliards de dinars d'investissements sur les 5 prochaines années, il s’agira de porter le montant des IDE de 10 à 18 milliards de dinars, l’investissement privé de 38 à 62 milliards de dinars et l’investissement public de 30 à 45 milliards de dinars. Ces objectifs passeront inévitablement par la simplification des procédures. Le ministre a indiqué que l'un des objectifs principaux sera de réduire le taux de chômage de 15% actuellement à 11% au terme de la période du plan. Le taux de croissance devra tourner au tour de 3 à 4% pour es deux premières années, pour ensuite accélérer à 5% jusqu’en 2020.
La note d’orientation part du diagnostic du modèle économique tunisien qui a atteint ses limites, devenu incapable d'assurer un rythme de croissance appréciable, d'absorber l'arrivée massive sur le marché du travail d'un grand nombre de jeunes, et freiner l’approfondissement des disparités entre les régions. Le ministre a rappelé que les 4% de croissance annuelle sur plus d'une décennie ont été très mal répartis, le taux de pauvreté reculant de 2% l'an seulement sur la même période, le modèle économique tunisien n'a pas beaucoup tenu compte des prochaines générations, commente Yassine Ibrahim, qui cite également les niveaux de pollution dans certaines régions à l'image de Sfax, Gabès, Mdhilla... A cela s'ajoutait le népotisme et la main mise de certaines parties sur 75% de l'activité économique dans le pays, autant de facteurs qui ont limité la capacité du pays à créer de la valeur ajoutée.
Yassine Brahim a aussi évoqué la faiblesse de la Tunisie en matière de logistique, actuellement classée au delà du centième rang mondiale, alors que le Maroc a bondit pour entrer dans le top 20. La détérioration des équilibres financiers tout au long de la période de transition, avec le ralentissement de la croissance et le recours massif à l’endettement extérieur ont contribué à compliquer la donne et réduit la marge de manœuvre de la Tunisie.
Selon le ministre, le document publié le 4 septembre, traite également du projet de société et des négociations sociales, ainsi que les cadres institutionnels encore en constitution, en matière de lutte contre la corruption, d'informations... Un autre volet concerne la décentralisation, et la mise en place des instances régionales.
La note d'orientation du plan de développement en question a été examinée par un conseil ministériel puis de plusieurs réunion, notamment avec les parti constituant la coalition au pouvoir, et devra sou peu être présentée à l'UTICA et à l'UGTT, pour prendre en compte les propositions de tout le monde, assure Yassine Brahim, et aboutir à un plan définitif en janvier 2016.
Le plan tournera autour de plusieurs axes principaux, le premier étant la gouvernance, faire en sorte que l'administration devienne la locomotive des réformes a engager dans tous les domaines, ceci passera entre autres par la création du statut de haute fonction publique de nature à attirer des cadres de très haut niveau au sein de l’administration, trois à cinq mille selon le ministre.
Le deuxième axe de travail sera centré sur la réduction des disparités, pour faire en sorte que les chances de réussite soit les mêmes partout dans le pays, et ce dès le plus jeune âge. La connexion des zones intérieures avec les grands centres de consommation, en l’occurrence les villes du littoral, et l'amélioration de la logistique entreront également dans ce cadre, le ministre a d'ailleurs cité en exemple l'autoroute Tunis-Gafsa et les multiples routes transversales entre les régions côtières et les régions intérieures, qui devront voire le jour au plus tôt.
Le développement humain constitue également un des chantiers du pan de développement, notamment sur le plan de la santé, où les disparités atteignent parfois des niveaux alarmants. De grands efforts devront porter sur l'éducation, et notamment le domaine de la formation professionnelle, qui en Tunisie est perçu comme une bouée de sauvetage en cas d'échec scolaire, alors que dans certaines pays développés, il constitue un véritable tremplin et un gisement de compétence d'où sont issus plusieurs grands patrons.
Yassine Brahim a ajouté que l'économie numérique devra devenir un des principaux moteurs de la croissance tunisienne, la Tunisie a de quoi être parmi les premiers acteurs de la digitalisation économique, assure-t-il. L'économie verte, et la promotion des énergies renouvelables offrent également un grand potentiel de croissance, de 3% pour arriver à 12% à l'horizon 2020, des appels d'offre seront d'ailleurs lancés en janvier pour de grands projets dans ce domaine.