Dans une interview exclusive accordée à Tustex et à Radio Express FM [Podcast], le premier Directeur Général Adjoint du FMI, David Lipton, a affirmé que, bien que la reprise de l’économie mondiale est là avec une croissance prévue de 3,5% en 2017 et 3,6% en 2018, cet élan doit être maintenu car l’économie mondiale doit faire face à deux défis : les risques économiques et politiques, d’une part, et les tentations protectionnistes, d’autre part.
Il a rappelé que la liberté des échanges a été un moteur important de l’économie mondiale depuis des décennies. Durant toute cette période, la croissance du commerce mondial a été plus élevée que le PNB mondial. Il a ajouté, toutefois, que l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a répertorié plus de 3000 mesures protectionnistes depuis la crise financière de 2008.
En ce qui concerne les disparités entre la croissance mondiale attendue en 2017 et 2018 dans les pays avancés (Amérique du Nord, Europe et Asie) et celle attendue au Moyen Orient, Afrique et Amérique Latine, Lipton a expliqué ce fait par la baisse ces dernières années des prix des matières premières. Il a noté, toutefois, une croissance importante dans certains pays africains.
Concernant la croissance en Europe, David Lipton a indiqué qu’elle devrait induire de la croissance aussi pour ses voisins du sud, dont la Tunisie (2,3% prévue pour 2017 contre 1% en 2016).
Au niveau du parallèle fait souvent entre la crise grecque et d’autres crises d’endettement dans d’autres pays, comme la Tunisie ou l’Egypte, le numéro 2 du FMI a précisé que la Grèce est « un cas très spécial » du fait que le pays est membre la zone Euro.
Il a ajouté que l’Egypte et la Tunisie ont connu des changements politiques et sociaux importants suite au « printemps Arabe ». Il a, toutefois, ajouté que la Tunisie supporte deux fardeaux supplémentaires : un niveau significatif du terrorisme qui a impacté le tourisme, activité majeure du pays, et les retombées de la situation en Libye.
Pour Lipton, la Tunisie a fait des « efforts exceptionnels » ces dernières années et que le FMI était prêt « à aider le pays ». Le Fonds a conclu un programme économique de 4 ans avec la Tunisie et a atteint un accord [la semaine dernière] au niveau du Staff pour le déblocage d’une tranche du crédit de 2,8 milliards $, accordé en 2016 par le Fonds.
Cela dit, la Tunisie doit « maintenir ses finances publiques en bon état, améliorer son secteur financier qui reste, à bien des égards, non réformé et poursuivre les changements structurels nécessaires pour la création d’emploi et d’opportunités pour les jeunes du pays ». Lipton estime que la Tunisie « pousse fort dans la bonne direction ».