Un point de presse a été organisé aujourd'hui, par le Fonds Monétaire International, animé par Chris Geiregat, qui dirige la mission du FMI en Tunisie. La rencontre organisée par visioconférence était consacrée à la situation économique du pays, et intervient après l'achèvement par le FMI des consultations de 2020 au titre de l’Article IV.
Lors de son allocution, Chris Geiregat a repris les principaux points du rapport de la mission du FMI, et qui soulignent une nouvelle fois la nécessité de nouvelles réformes, ainsi qu'une nouvelle direction pour le modèle économique tunisien, avec en ligne de mire, une croissance plus soutenue et inclusive et plus d'emplois.
Il a notamment exposé les recommandations du FMI qui couvrent six axes. Il s'agira de renforcer la protection sociale et l'investissement public, notamment dans la santé, l'éducation et l'infrastructure. Pour créer l'espace budgétaire nécessaire à cette démarche, les autorités doivent gérer de manière stricte la masse salariale, un point qui revient très souvent dans les interventions du FMI. Il faudra aussi une réduction des dépenses de subventionnement, principalement dans l'énergie, qui sont aujourd'hui mal dirigées et ne profitent pas aux plus vulnérables. Le FMI recommande aussi de réduire, à terme, les transferts vers les entreprises publiques et d'instaurer un régime fiscal équitable.
La deuxième recommandation est de promouvoir le secteur privé, et sa participation dans l'économie. Geiregat a insisté sur le potentiel important dont dispose la Tunisie, avec la proximité géographique avec l'Europe et sa main d'œuvre éduquée. Autre points importants pour le FMI, l'investissement dans l'économie verte et le digital pour créer des emplois. Pour soutenir le secteur privé, le FMI propose d'ouvrir certains secteurs, aujourd'hui monopolisés, à la concurrence, entre autres en réduisant la bureaucratie.
La troisième recommandation est de restructurer les entreprises publiques, qui souffrent aujourd'hui d'un niveau d'endettement qui atteint 40% du PIB. Il sera crucial d'améliorer la gouvernance et de renforcer la transparence de ses entreprises, a expliqué Greigat. Les besoins de financement liés à ces entreprises représenterait, selon lui, 7 à 8% du PIB, injectés annuellement sur le budget de l'Etat.
Le FMI propose ainsi de cartographier les dettes des sociétés publiques, notamment en séparant les dettes croisées , celles envers l'Etat et celles envers les fournisseurs et autres opérateurs économiques, et encourager le gouvernement à établir un plan pour les arriérés de paiement, qui sont le symptôme d'un problème de liquidité. Les autorités devront classer les entreprises publiques selon leur statuts et leurs rôles dans l'économie, et trier les sociétés stratégiques, celles qui ne le sont pas mais ont un rôle important dans l'économie... Le tout permettra d'établir les priorités pour une restructurtion réussie. Chris Geiregat a réitéré son appel à centraliser la gouvernance et le monitoring vu que le système actuel n'est pas assez efficace et manque de cohérence.
Le FMI insiste également sur la nécessité de réduire le déficit budgétaire, et de remettre les finances publiques sur les bons rails à moyen terme.
La cinquième recommandation s'adresse à la Banque Centrale, qui selon le FMI doit garder son focus sur l'inflation pour la maintenir basse et stable. L'inflation est une taxe qui affecte les catégories les plus démunies a insisté Geiregat. Le FMI recommande aussi à la BCT d'éviter le financement monétaire du déficit, et de surveiller de près le système bancaire, qui n'a toujours pas subit les pleins effets de la pandémie COVID-19.
Enfin, la sixième recommandation concerne la bonne gouvernance, la transparence et la lutte contre la corruption. Des améliorations dans ces domaines renforceront la confiance et soutiendront la création d'emplois.
Pour Geiregat une nouvelle direction économique implique une batteries de nouvelles réformes, sectorielles et également ponctuelles, les autorités doivent faire preuve de fermeté et de détermination pour assurer l'accomplissement et la mise en œuvre des réformes, ce a fait défaut par le passé, souvent faute de communication ou de consensus, d'où la nécessité d'un plan élaboré par les autorités elles mêmes, bien communiqué avec une bonne compréhension par tous, pour assurer la mise en œuvre effective des réformes, et empêcher qu'elles ne restent suspendues.
Le FMI a développé deux scénarios, le premier suppose l'absence de réformes, où des réformes incomplètes voire non implémentées avec un manque de soutien par les partenaires de la Tunisie. Une telle hypothèse ne permettra pas de réduire significativement le chômage et la précarité, le taux de croissance dans ce cas atteindrait tout au plus 1,8% selon les projections du FMI. La dette publique, qui est toujours soutenable à l'heure actuelle, a insisté Geiregat, pourrait ne plus l'être si ce Baseline scenario se confirme.
Le deuxième scénario est celui où des réformes profondes et solides sont adoptées. Le FMI voit une croissance allant jusqu'à 3% à moyen terme. Bien que faible, un tel objectif ne doit pas être minimisé vue les circonstances, a assuré Geiregat, le FMI se voulant réaliste a-t-il ajouté, la croissance montera graduellement.
S'agissant d'un nouveau programme avec le FMI, les autorités ont certes manifesté leur intérêt mais n'ont toujours pas officiellement sollicité une telle démarche pour un nouveau prêt.
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