L’année 2004 qui s’annonçait sous de meilleurs auspices avec une reprise assez vigoureuse de la production nationale et du rythme des exportations a laissé derrière elle un bilan boursier assez mitigé de l’avis de tous

L’année 2004 qui s’annonçait
sous de meilleurs auspices avec une reprise assez vigoureuse de la production
nationale et du rythme des exportations a laissé derrière elle un bilan boursier
assez mitigé de l’avis de tous les observateurs. A son niveau actuel de fin
d’année, l’indice de capitalisation de la Bourse de Tunis qui a réussi à casser
la barre des 1300 points en fin mars 2004, a clôturé l’exercice 2004 sur
un rendement de 6,53%, soit 5 poins de moins qu’en 2003 et presque autant que le
rendement d’un placement monétaire ou obligataire. L’indice a pourtant atteint
un plus haut de 1355,83 points en novembre dernier avant de tempérer ses ardeurs
sous un reflux quasi-général de la demande. Cette tendance mi-figue mi-raisin
s’est sentie sur la capitalisation boursière qui ne s’est enrichie finalement
que de 3,7% en valeur pour atteindre 3085MDT. Les sociétés de la cote ont
distribué l’équivalent de 128MDT de dividendes en 2004, soit un yield de 4,2%
contre 5,1% en 2003.

Globalement, la cote a été marquée par l’accroissement des
échanges qui y ont été transigés englobant 21,2 millions de titres en hausse de
65% par rapport à 2003 (12,9 millions de titres), soit en valeur 317MDT, pour
ainsi se rapprocher du niveau de transactions de 2002. Le bancaire y accapare
toujours la part de lion avec 30% du volume comme en 2003. Sur l’ensemble du
marché, les échanges de titres ont porté sur une enveloppe de 690MDT contre
948MDT en 2003. Une baisse qui s’explique par un accroissement notable des
opérations d’enregistrement en 2003. En excluant ce compartiment, la rotation
quotidienne sur la cote officielle affiche une amélioration sur le plan
quantitatif avec plusieurs séances totalisant plus de 1MDT en valeur d’échange
quotidien. Qualitativement, cette amélioration reste en deçà des niveaux espérés
et la liquidité reste bien inférieure à son niveau de la période 1999-2001 qui a
vu des niveaux d’échange de plus de 27 millions de titres par an pour des
niveaux de valorisation largement supérieurs.

De plus prés,
l’activité boursière en 2004 appelle les observations suivantes :

Une concentration toujours forte des échanges sur une
poignée d’actions et sur une période courte. La league table des valeurs les plus
actives englobe la paire classique

TUNISAIR
et

SOTETEL
avec respectivement 28,5 et 24,1MDT talonnées par

BIAT
et

SOMOCER
, 22,6MDT chacune. L’échange sur ces titres a été soutenu par
l’afflux en masse de capitaux étrangers qui ont dépassé cette année les 50
millions de dinars pour
l’ensemble des lignes. Représentant seulement 16% de la capitalisation totale de
la Cote, ces quatre titres ont accaparé à eux seuls le 1/3 du volume
transactionnel. A nouveau, la concentration des échanges met en relief, comme
pour les années passées, le manque de profondeur du marché tunisien et le faible
niveau de la rotation sectorielle. L’investissement institutionnel est toujours
insuffisant sur les produits actions à cause de la faible pénétration des
dispositifs d’épargne retraite et salariale et de l’assurance vie.

Il y a eu un net regain d’intérêt pour le segment mid-cap,
notamment les valeurs industrielles qui ont été chahutées en 2002 et 2003 et qui
ont été les plus sensibles à la reprise de certains indicateurs économiques ou
certaines variables exogènes telles que les cours de change. En clair, un
mouvement de réallocation de ressources a été enclenché ce qui redonne de la
consistance au comportement sélectif de l’investisseur tunisien. Ainsi après des
années de flottement, des valeurs jadis délaissées pour insuffisance de résultat
ou manque de transparence ont finalement réussi à éveiller l’intérêt du marché à
l’image de

SIPHAT
(+ 85% ),

SOMOCER
(+17% ) et

SOTUVER
(+71%). D’autres valeurs ont profité de l’amélioration de la
conjoncture sectorielle à l’instar d’ELECTROSTAR
(+ 89% ),

EL MAZRAA
(+75% ),

SOTUMAG
(+41% ) ou

STEQ
(+59% ). A posteriori, les rendements spectaculaires de ces valeurs
ressortent en ligne avec leurs résultats semestriels 2004 qui ont progressé
remarquablement de 120% par rapport au premier semestre 2003, contre seulement
+8% pour le reste de la cote. Il se trouve aussi que certaines sociétés ont pu
convaincre les investisseurs mieux que d’autres par leurs orientations
stratégiques plus cohérentes  (plus de rigueur dans les programmes de
croissance, rationalité dans les choix d’investissement, recherche de nouveaux
marchés à l’export, réduction effective des coûts etc). Le cas le plus
illustratif reste

TUNISAIR
qui commence à récolter les efforts déployés depuis 2002 dans le
cadre de son programme de restructuration. La reprise boursière de

TUNISAIR
(+59%) reste l’une des tendances profondes du marché en 2004 créant
une sorte d’émulation sur le marché de détail avant que la flambée du prix du
baril ne vienne modérer les ambitions acheteuses sur le titre.

2004 a vu aussi des valeurs qui ont connu la sanction du
marché après une période d’embellie.

SOTETEL
(-20%) qui s’attends à un résultat courant en forte baisse a appris
à comprendre les changements d’humeur de la bourse à ses dépens ; L’émission
d’un profit warning pour porter les éclaircissements nécessaires sur ses
contrats reportés et sur les perspectives de l’exploitation et du secteur a
ralenti la chute du titre.  De son côté,

SFBT
(-11%) a moyennement assumé son statut de valeur défensive, souffrant
sur l’année de l’absence de visibilité sur ses nouveaux domaines d’activité et
de la stagnation de ses marges opérationnelles générées sur des segments
traditionnels devenus très concurrentiels.

Après l’accumulation depuis 2003 de mauvais signaux sur la
situation des portefeuilles de crédit chez les banques de dépôt, le secteur a
enregistré des mouvements d’arbitrage au profit des groupes bancaires privés qui
affichent les meilleurs ratios de CDL et de couverture et qui ont su préserver
leur marges d’intérêt et profiter de la baisse des taux courts.

BT
(+29%) et

BTEI
(+31%) ont maintenu un cycle boursier haussier alors que

BS
(-18%) a souffert de l’échec de sa privatisation et d’une masse
substantielle de créances accrochées mal provisionnées à l’image de

UIB
(-7%). A fin 2004, la capitalisation du secteur bancaire s’est hissée de
4% à 1610MDT, demeurant à prés de 52% dans la capitalisation totale du marché
tunisien. Deux opérations de consolidation des fonds propres concernant

BIAT
et

UIB
ont pris place en fin d’année permettant à l’une comme à l’autre de
lever respectivement 32 et 36MDT sur le marché primaire.

Relativement aux autres secteurs de la finance, le secteur
du leasing a mieux performé après une période de vache maigre. Il a gagné plus
de 25% en capitalisation grâce à une progression concertée des cours de

TUNISIE LEASING
(+28% ),

ATL
(+58%) et

CIL
(47%). Ces trois institutions notées dans la catégorie des trois B par
Fitch North Africa ont été, par ailleurs, activement présentes sur le marché
obligataire avec des émissions totalisant 45MDT. Le projet de fusion entre

TUNISIE LEASING
et

AMEN LEASE
(-10%) a été approuvé en fin d’année par les conseils
d’administration des deux sociétés et sera finalisé en 2005. Ce projet est venu
remplacer la tentative d’OPA lancée par le group

AMEN BANK
sur

TUNISIE LEASING
et refusée par les autorités monétaires. 

Parmi les événements assez malencontreux qui ont marqué
2004, il faut citer la dissolution de deux SICAV (PREMIUM SICAV en Juin et UNION
VALEURS SICAV en Décembre)  pour avoir laissé leur capital demeurer pendant 90
jours en dessous du minimum légal. Un phénomène assez préoccupant qui résume les
difficultés que vit actuellement le secteur des OPCVM. Il y a eu aussi, en
septembre, le report de remboursement par

BATAM
de la dernière échéance de l’emprunt obligataire contracté en 1998 qui
laisse persister les mêmes craintes quant à la solvabilité de la firme après sa
recapitalisation.

Il est à noter qu’au terme de 2004 le compteur des sociétés
cotées est resté bloqué à 45 avec tout de même des promesses de voir deux
acteurs de l’industrie automobile GIF et ASSAD rejoindre le premier marché de la
cote en 2005. Espérons que la nouvelle configuration du TUNINDEX qui prendra
effet dés le 17 janvier 2005 prochain va servir à améliorer la représentativité
de la Bourse de Tunis.

 

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