BS
qui vient d’afficher un résultat définitif de 2,3MDT au lieu des 10,7MDT
annoncés dans ses comptes préliminaires a tenu une réunion d’information au
siége de l’AIB pour revenir sur les raisons principales de cette contraction
assez inattendue. La banque a tenu aussi à exposer sa stratégie future pour
redresser une situation jugée difficile.
En
expliquant l’importance de cette révision à la baisse du résultat définitif
de la banque, M. Trabelsi, Président de la Banque, a réitéré l’engagement
de la banque de se conformer pleinement aux règles édictées par les autorités
de contrôle préférant la transparence et la rigueur pour se préparer
convenablement à un échéancier fort crucial avec notamment la privatisation
qui s’achève dans quelques semaines. La révision à la baisse du résultat
de la banque a été amenée par des travaux de diligence plus complets
accomplis par le commissaire aux comptes qui a relevé une insuffisance de
provisions de 120 MDT au niveau des portefeuilles des créances et titres suite
à l’expertise des garanties individuelles accordées à la banque. Il en résulte
que les dotations de l’exercice sont revues à la hausse passant de 17,650MDT
à 23,4MDT dans les comptes définitifs. Le poste des intérêts reçus a été
dégraissé avec le changement de méthode opéré dans la réservation des intérêts
débiteurs sur comptes courants et crédits à court terme. Le président de la
banque a insisté sur l’impact des agios réservés sur le repli du résultat
indiquant qu’il y a urgence à ce que les comptes courants débiteurs de la
banque soient contenus à des niveaux moins élevés pour ne pas grever les résultats
futurs d’autant que ces derniers présentent un risque supplémentaire que la
banque a du mal à cerner. Sous l’effet de l’effort consenti au niveau des
agios réservés, la marge d’intérêt s’est affichée en baisse de 9% à
49,1MDT à fin 2003 contre un fléchissement de 6% dans le PNB qui ressort à
72,4MDT.
Sans
qu’elle soit prolifique sur le plan des performances, BS
a maintenu le cap au niveau de ses dépôts lui permettant de gagner 1% dans sa
part de marché. Le volume total des dépôts s’est accru de 6,4% à 1327MDT.
A ce propos, la banque devrait, selon les dires de son Président, veiller à
garder une ossature stable à moindre coût larguant les dépôts
institutionnels assez contraignants et recentrant ses efforts de démarchage sur
les comptes à vue auprès des particuliers. Les autres ressources clientèle,
notamment, les comptes d’épargne devront être stabilisés pour faire face à
une érosion qui prend progressivement un caractère structurel alors que les dépôts
à terme plus coûteux se sont fait tasser délibérément. Cette démarche préconisée
par la nouvelle direction et mise en place depuis 2003 trouve son essence dans
la situation serrée de la trésorerie et le renchérissement du coût de la
transformation. BS
compte ramener ce coût à la moyenne inférieure du secteur pour revigorer sa
marge d’intermédiation tout en allégeant la situation de sa trésorerie.
Au
niveau des risques contenus en portefeuille, la situation de la banque est
difficile mais pas aussi grave qu’on le craignait, si l’on se tient aux
propos rassurants du président de la banque ; BS
semble être prise comme ses compères dans les tenailles du système.
Toutefois, elle a affiché à fin 2003 des ratios de liquidité et de solvabilité
en deçà des normes réglementaires ce qui veut dire qu’elle a souffert plus
que le secteur. La banque est peut-être la seule à afficher un ratio Cooke inférieur
à 8% compte tenu du poids conséquent de l’insuffisance de provisions qui
mettra plusieurs années à se résorber, selon les propres estimations de la
banque. Le ratio des créances classées s’élève à 22% pour un stock de
472MDT. Plus édifiant encore, le taux de concentration des 10 premiers clients
est actuellement de 17,1% ce qui atteste d’une gestion de crédits peu
rigoureuse durant les dernières années exacerbée par un fort retour d’impayés.
Pour
pallier à ces insuffisances et retrouver à moyen terme un meilleur état de
santé, la banque compte redresser sa liquidité en veillant à faire progresser
ses ressources plus vite que ses crédits en prêtant plus d’attention aux
engagements par signature. Cela contribuera à un meilleur adossement
actif/passif au niveau des maturités et des taux. Pour y parvenir, la banque élargira
sa base commerciale capitalisant sur son réseau composé de 92 agences. La
direction est consciente de la faiblesse du fonds de commerce de la banque qui
n’accapare qu’une minuscule part de marché de 8% par rapport à son fort
potentiel qui lui permettrait indéniablement beaucoup plus ; Parmi les
mesures à entreprendre, la direction, qui a fixé sa propre stratégie dans les
limites de la visibilité qui s’offre à elle à ce stade, compte redéployer
une part du personnel du siége dans le réseau et lancer des actions de
formation ciblées pour préparer
son staff aux nouveaux métiers. Cela redynamisera la transformation au sens
traditionnel et diversifiera les sources de revenus pour BS.
En optimisant les ressources et les compétence, BS
acquerra un meilleur statut retrouvant une part de marché supérieur à 10%. La
capacité de réaction du réseau sera mise à contribution dans une stratégie
commerciale plus entreprenante. Néanmoins, la banque assure qu’elle veille
avant tout à endiguer le mal des agios réservés, pour rendre compte encore
une fois de ce lourd fardeau. Il est à préciser que la vision stratégique de BS
est propre à l’équipe dirigeante actuelle et qu’elle pourrait être validée
ou repensée totalement ou partiellement par les nouveaux venus dans le capital
de la BS.
A
ce propos, M. Trabelsi, a tenu à dissiper toutes les rumeurs qui circulent
concernant l’appel d’offres pour la cession d’un bloc d’actions BS.
Il a précisé que les trois candidats qui restent en lice sont tous conscients
des opportunités de croissance qu’offrent conjointement la banque et le marché
tunisien. D’après les premières impressions, l’opération semble se dérouler
pour eux dans la transparence à en juger par la qualité de l’information
offerte à eux dans la dataroom. Le président de la BS
a d’autre part confirmé l’intention de l’état de retenir l’offre qui
présente le meilleur projet industriel pour la banque en sur-pondérant
les éléments qualitatifs qui constituent le plan de développement mettant
l’accent sur le transfert de savoir auquel BS
peut aspirer. Cette vision est itinérante au bon potentiel de BS
ainsi qu’à son environnement économique et social. La seule inquiétude qui
persiste concerne le sort qui sera réservé aux petits porteurs dans le
processus de privatisation. Même si une hypothétique OPA peut être envisagée
dans le cas où l’acquéreur potentiel se retrouverait à plus de 51% du
capital de la banque, le flou entoure toujours cette question et les craintes de
voir l’histoire de l’UIB
se répéter restent vives d’autant que la banque a déclaré qu’aucun
dividende ne sera servi au titre des exercices 2003 et 2004. En conclusion, M.
Trabelsi concède que la visibilité devrait s’éclaircir mieux pour tous les
intervenants, y compris pour l’Etat, dans les deux à trois prochains mois.
Mais sur le marché financier, l’incertitude se traduit généralement par une
volatilité accrue.
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