L’indice bancaire affiche à la date du 11/3/2013 une performance de 9,6% depuis le début de l’année. Compte tenu du contexte économique et des récents événements d’ordre sécuritaire, cette performance semble très surprenante à tous points de vue.
Il faut rappeler qu’en général, quand il y a un ralentissement économique, les valeurs bancaires sont les premières valeurs touchées par la crise. Nous le constatons d’ailleurs dans les principales bourses dans le monde où les banques ont été très durement chahutées pendant ce 1er trimestre.
D’une manière générale, une faible croissance économique engendre une faiblesse des investissements et donc une très faible croissance des crédits.
Dans ces situations, les taux ont tendance à baisser (baisse du taux directeur d’1/4 de point en Décembre 2015), donc, cela provoque mécaniquement une stagnation de la marge d’intérêt et donc une pression sur le PNB des banques.
Par ailleurs, dans un environnement économique morose, la collecte des dépôts tend à se contracter par un effet mécanique de diminution de la création des richesses.
Cela provoque des tensions de liquidités qui renchérissent d’une manière substantielle le coût de ressources des banques obligées à chercher les ressources à des conditions de plus en plus désavantageuses.
Enfin, et c’est la chose la plus évidente, la crise économique provoque un accroissement notable des défauts de paiement des créanciers et donc des impayés des banques. Le coût du risque s’accroît et génère un besoin de provisionnement de plus en plus important qui affecte in fine les résultats des banques.
Pourquoi alors, les investisseurs ont été très enthousiastes sur le papier bancaire ?
Le premier argument avancé est qu’il s’agit d’une reprise technique, les valeurs bancaires ayant beaucoup baissé notamment au cours du 2éme semestre 2015 (-11 points de perdus).
On cite également un deuxième argument qui est de dire que les banques ont beaucoup provisionné au cours des 5 dernières années et qu’elles ont compensé la baisse des marges d’intérêt par une facturation plus agressive des commissions bancaires. Au niveau du provisionnement, cet argument est peu défendable surtout lorsqu’on voit la détérioration brutale des risques sur les créances touristiques qui reste encore jusque là faiblement provisionné.
Au-delà de toutes les circulaires promulguées par la BCT qui autorisent le rééchelonnement des créances touristiques et donc permet de différer provisoirement le provisionnement, le problème principal reste la non actualisation des garanties hôtelières dont le niveau de valorisation reste excessivement élevé par rapport à une valeur de marché qui s’est nettement dégradée.
Le dernier argument présenté est plutôt d’ordre boursier et s’explique par l’afflux en ce début d’année de quelques flux importants sur quelques fonds institutionnels qui ont pu contribuer à ce mouvement boursier sur les banques.
Un autre phénomène inédit observé cette année et pas uniquement dans les secteurs bancaires, c’est un mouvement de « flight to quality » vers les grandes valeurs de la cote au détriment des petites valeurs particulièrement boudées cette année.
Il semblerait qu’en dépit de l’enrichissement de la Cote par plusieurs grandes introductions de valeurs non financières, les banques continuent à être recherchées sur le marché certaines ayant même gagné le statut de valeurs refuge.
Pour autant, cette embellie qui s’appuie sur des anticipations de bons résultats bancaires risque de ne pas perdurer tant que les résultats n’ont pas été arrêtés définitivement. Les banques n’ont pas encore passé le test de la certification des comptes et surtout la réunion de la Banque Centrale qui est un test fatidique avant la publication des comptes.
Dans l’attente de ces prochains rendez vous et compte tenu de la désuétude des dispositifs comptables applicables aux institutions financières, la conjoncture économique sera-t-elle fidèlement reflétée dans les comptes ou aura-t-on une attitude conciliante et amicale de l’institut d’émission très soucieuse de ne pas aggraver la notation de ces banques ? C’est la réponse à cette question qui déterminera l’avenir à court terme des valeurs bancaires à la Bourse .de Tunis.
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