L'analyste financier et responsable du Cercle Tunisien de la Finance, Abdelkader Boudriga a estimé, sur les ondes de radio Express FM, mercredi 29 juin 2022, qu’il est salutaire que l'agence de notation Moody's n'ait pas révisé la note souveraine de la Tunisie, et son nouveau rapport se contente d'anticiper des perspectives négatives pour le secteur bancaire tunisien, à la lumière de l'instabilité politique et économique persistante. Il a souligné, en outre, que le secteur bancaire tunisien prêtait directement à l'Etat par le biais des bons de trésor et finançait aussi indirectement les entreprises publiques.
Abdelkader Boudriga a ajouté également que le total des prêts accordés par le secteur bancaire à l'État et aux entreprises publiques, soit en monnaie locale, soit en devise étrangère, représente environ 18 à 20% du total des prêts qui sont injectés pour financer l'économie nationale, soit un niveau élevé. Il a déclaré que le déficit élevé se réfère toujours à la hausse de l'endettement, soulignant que dans le cas où aucun accord n'est conclu avec le Fonds monétaire international et que la capacité du pays à sortir sur le marché financier mondial sera réduite. La tendance sera de financer le déficit par le biais du secteur bancaire et de la dette intérieure, ou par le biais de la Banque centrale en prêtant directement à l'État.
Abdelkader Boudriga a ajouté que ne pas sortir sur les marchés internationaux aura un impact sur le taux de change du dinar et le stock du pays en devises étrangères. Et de déclarer que l'incapacité de tout pays à rembourser ses dettes, même pour une fois, le met en état de faillite, soulignant que les créances douteuses atteignent le niveau de 13 % en Tunisie, ce qui est considéré comme un niveau élevé. Abdelkader Boudriga a souligné que la nouvelle hausse du taux de créances douteuses affectera la rentabilité des banques.
Dans le même registre, l’analyste financier a souligné que le secteur bancaire se retrouvera dans une situation dangereuse en raison des prêts accordés pendant la crise du Covid et de l'allongement de leurs délais de remboursement, en plus de la crise actuelle et de l'absence de croissance économique. Cela conduira à des difficultés que rencontreront les institutions financées par les banques, en plus de la situation des finances publiques qui rend l'État incapable de soutenir les banques, se retrouvant à leur tour dans une situation difficile.
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