La société SAH (Lilas) a organisé ce mardi 2 octobre 2018 une communication financière, au siège de la Bourse de Tunis, animée par Jalila Mezni et Mohamed Amine BEN MALEK, respectivement PDG et Directeur Financier du groupe. D'emblée Jalila Mezni, a qualifié l'année 2018, d'année « la plus difficile de l'histoire de la société », non pas en termes de résultats ou de conjoncture, a-t-elle précisé, mais au vu des grands changements attendus et des efforts d’investissement à mettre en place, l'objectif étant de porter les résultats de SAH du simple au double sur une période de 4 ans, a-t-elle ajouté. Amine BEN MALEK, a par la suite, pris la parole pour présenter l'activité du leader tunisien des produits d'hygiène, sa force de frappe commerciale en Tunisie avec 40 mille points de distribution et son déploiement à l'international, notamment en Afrique avec ses filiales maghrébines et ces deux filiales en Afrique subsaharienne (Sénégal et Côte d’Ivoire).
Il est à rappeler qu'au terme du premier semestre 2018, la société SAH a vu son bénéfice reculer de 45%, alors qu’en consolidé, le résultat net part du groupe a diminué de 65% par rapport au premier semestre 2017. Le groupe a été confronté au renchérissement des matières premières en partie par la dégradation de la parité de change. Des intrants comme le super absorbant et surtout la cellulose ont connu une flambée exceptionnelle, atteignant, pour ce dernier, son prix historiquement le plus élevé. La société a procédé à des ajustements graduels des prix avec comme finalité de revenir à des marges de 2016. Autre facteur défavorable, l'impossibilité pour le groupe d'émettre des lettres de crédit en Libye qui a sensiblement perturbé les flux d’approvisionnement. La récente décision de la Banque Centrale Libyenne de fixer le taux de change du dinar libyen permettra une meilleure maîtrise des marges, a expliqué Ben Malek. Le directeur financier du groupe a enchainé par un exposé des projets actuellement en cours ou en voie de démarrage. Le groupe prévoit de poursuivre sa politique d'extension à l'international, via le lancement d'une nouvelle entité au Kenya avant la fin 2019. L'entrée de la Tunisie en tant que membre de l'Union douanière de la région, permettra de distribuer ses produits en Ouganda, Rwanda et Tanzanie, sans droits de douane.
Le groupe compte aussi obtenir les autorisations pour exporter à partir de la Côte d’Ivoire vers les pays limitrophes : une filiale commerciale verra le jour dans les semaines à venir et sera détenue à 51% par SAH et 49% par son partenaire ivoirien. La filiale sénégalaise sera, quant à elle, opérationnelle au 2ème trimestre 2019, et commencera avec 8 produits. Des investissements supplémentaires sont prévus en Algérie, pour produire localement les produits dont les importations sont désormais bloquées par le pays voisin, qui n'étant pas membre de l’OMC, peut décider à sa guise, a fait remarquer Jalila Mezni. SAH projette aussi, dans le cadre de l'intégration et dans un souci de contrôler la qualité, optimiser les coûts et sécuriser l'approvisionnement, à travers le renforcement de sa filiale Azur Papier, lancée en 2013, et qui fournit le groupe en Ouate et Cellulose. Le projet vise à mettre en place une deuxième unité de production pour un investissement de 75 MD, et dont l'entrée en service est prévue pour juillet 2019.
Néanmoins, la grande nouveauté pour le groupe sera le projet de fabrication de détergents, via un investissement de 83 MD. L’activité « détergents » constitue un grand marché, similaire à celui des produits d'hygiène, avec 60% de part de marché pour les produits importés. SAH compte ainsi profiter des avantages concurrentiels en tant que producteur local pour s’y positionner. Le groupe table sur une production annuelle de 140 mille tonnes, tous produits confondus.
En termes de chiffres prévisionnels, le groupe SAH prévoit de dégager 412 MD de revenus en 2018, pour atteindre 657 MD en 2019, et 920 MD à l'horizon 2020. Pour 2018, le groupe table sur un EBITDA de 73 MD, pour un résultat net de 25,6 MD. En 2019, l’EBITDA est attendu à 116 MD, pour un bénéfice de 54,2 MD. Jalila Mezni a fait part de son optimisme pour cette année et pour 2019 : l’année prochaine sera «très bonne» selon ses termes. Lle groupe compte sur sa force de distribution pour pénétrer le marché des détergents, à l'image de grands groupes internationaux comme Procter & Gamble ou le turc Hayat, d'autant plus qu'en dehors du Javel, dominé par Judy, le marché tunisien est submergé de produits importés. Le marché des poudres est particulièrement confronté à une pénurie : le groupe a donc jugé qu'il dispose de tous les atouts pour réussir cette étape de sa diversification. La dirigeante a aussi fait part de son enthousiasme pour l'extension d’Azur Papier, avec la deuxième unité qui produira plus de 500 tonnes par mois, l'unité actuelle ayant atteint sa limite et ne parvenant plus à satisfaire les besoins du groupe en jumbo rolls.