Tunisie Leasing (Achat, Tunisie) est la success story du secteur de crédit-bail en Tunisie. Le leader local est parvenu à réaliser plus de 30 années consécutives de croissance, bénéficiant d’une forte demande des acteurs économiques et de l’incapacité du secteur bancaire à le concurrencer. Avec la montée en puissance de quelques concurrents, le loueur s’est dirigé vers l’Algérie pour monter la première compagnie de leasing, MLA. Soutenue par Amen Bank et une demande soutenue, la compagnie s’est offerte une belle croissance jusqu’à ce qu’elle devienne la première contributrice aux bénéfices opérationnels du Groupe. Mais ce n’est que le début d’un changement plus profond qui touchera la structure des bénéfices du Groupe dans les quelques années à venir. D’abord, le modèle économique du secteur en Tunisie est désormais insoutenable à moyen terme. Avec l’augmentation des taux d’intérêt, les taux de sortie sont repartis à la hausse afin de garder une marge suffisante. Cela affaiblit certainement la position du leasing vis-à-vis des banques. De plus, le problème des créances classées, bien que Tunisie Leasing n’en souffre pas particulièrement (6,3% fin 2014), est un phénomène qui est en train d’irriter les bénéfices du loueur.
L’activité tunisienne est devenue une source de casse-tête avec l’effort exigé en matière de sélection des risques. Si l’on rajoute un contexte économique morose, il serait difficile d’envisager de beaux jours pour l’activité locale de la compagnie. Les autres segments, comme le LLD ou le factoring, sont incapables de compenser la stagnation du créditbail puisqu’ils souffrent aussi des mêmes problèmes.Ensuite, l’activité de MLA est appelée à continuer sa croissance. Après des années d’attente, la compagnie est parvenue à lever, en avril 2015, un emprunt obligataire institutionnel d'un montant de 2 MdsDZD (18 M€) sur une période de 5 ans avec un taux d'intérêt progressif : 2,5% pour la première année de la souscription avant d'augmenter progressivement à 2,75% en 2016, à 3,25% en 2017, à 4% en 2018 et à 5% en 2019. Une aubaine pour le Groupe qui emprunte en Tunisie avec 500 points de spread par rapport à l’Algérie ! Néanmoins, nous pensons que cette levée de fonds est intervenue un peu tard pour une simple raison : les répercussions de la baisse du prix du pétrole sur l’économie algérienne. En fait, l’économie hors hydrocarbures devrait également subir le contrecoup lié à la baisse des cours du pétrole à cause d’un ralentissement des investissements publics. Les dépenses publiques seront certainement rationalisées, avec l’introduction attendue de barrières à l’entrée de certains produits importés. La croissance de l’activité de MLA serait, à notre avis, plus faible qu’auparavant.
Enfin, la transaction est envisagée avec Alios Finance. Bien que du retard est constaté dans l’opération, nous pensons que le choix de se diversifier est irrévocable. En matière de financement, le leasing est adapté à des économies où l’informel règne. Toutefois, l’Afrique n’est pas seulement de la croissance, mais également du risque : instabilité politique et problème de sélection des risques avec la modestie des systèmes d’information faisant de la collecte d’information sur les PME africaines une mission difficile. En dépit de ces facteurs, nous sommes convaincus qu’une fois la transaction réalisée, Alios est partie pour devenir le premier contributeur aux bénéfices du Groupe. Nous allons donc assister à une première sur la Place de Tunis : le changement d’identité d’une société. Elle sera la première institution financière tunisienne à s’implanter réellement en Afrique.
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