Les liens qui unissent actuellement la Tunisie à l'Italie
prendront une tournure bien réelle le jour où le projet d'interconnexion entre
les deux pays, par le biais d'un câble sous marin acheminant l'électricité
produite en Tunisie vers l'Europe, sera mis en œuvre.
Le 9 mars dernier, Afif Chelbi, ministre tunisien de
l'énergie et Pier Luigi Bersani, ministre italien pour le développement
économique, ont procédé, à Rome, à la signature d'une déclaration pour la
création d'un groupe de travail mixte chargé de finaliser le projet de la
centrale électrique d'El Haouaria et de l'interconnexion par câble électrique
des deux pays. Représentants de l'Etat et du réseau électrique ainsi
qu'opérateurs tunisiens et italiens figureront parmi les membres du comité, qui
doit prochainement se réunir en vue de finaliser les détails de l'accord.
Selon Bersani, la déclaration représente un pas important
pour le développement d'une politique énergétique d'envergure dans le bassin
méditerranéen.
« Ce programme qui relierait la Tunisie à l'Italie est un
pas important dans le processus de création de l'anneau euro-méditerrannéen, et
permettrait d'établir un corridor dans lequel il serait possible de procéder à
l'échange d'énergie et d'électricité » a-t-il déclaré.
Le coût de la nouvelle centrale électrique et du câble est
estimé à environ 1,28 milliard de dollars, le câble comptant à lui seul pour 350
millions de dollars.
La société mixte serait en mesure de produire 1200 MW
d'électricité, dont 800 seront destinés à l'Italie et le reste au marché local.
Le câble, doté d'une capacité de 1000 MW, offre une marge de manœuvre en cas
d'augmentation du niveau de production et du volume des exportations.
Actuellement, un gazoduc sous-marin long de 155km et
construit en 1994, relie Cape Bon à la Sicile et achemine le gaz naturel
algérien vers l'Italie et, par le biais d'un prolongement, vers la Slovénie. La
Tunisie et l'Algérie ont déclaré le 28 février que la capacité annuelle du
gazoduc passerait de 27,5 milliards de mètres cubes à 34 milliards de mètres
cubes d'ici l'année prochaine.
Le projet visant la réalisation d'un réseau électrique
méditerranéen a une longue route derrière lui, mais s'est finalement concrétisé
grâce à une série de propositions établies en 2003 par la Commission européenne.
Ces recommandations officielles qui entendent augmenter la capacité
d'interconnexion électrique entre les pays membres du bassin méditerranéen et la
Tunisie, le Maroc, l'Algérie, la Libye, l'Egypte, la Turquie et d'autres pays du
Proche-Orient, permettraient l'acheminement d'électricité d'un bout à l'autre de
la Méditerranée.
Le regain d'intérêt que suscite la centrale électrique d'El
Haouaria et le câble sous- marin intervient au moment où l'UE entend
véritablement assurer son approvisionnement énergétique et répondre à la
croissance de la demande.
Les estimations européennes projettent que les pays membres
du bloc deviendront, ces prochaines années, progressivement dépendant des
importations énergétiques, en raison d'une augmentation de la demande en
électricité de 1,5% par an.
En juillet dernier, la Commission européenne élaborait des
recommandations suggérant de consacrer 6,3 milliards de dollars à des projets
dans le domaine électrique. Parmi les 32 projets retenus par la Commission,
celui relatif à l'interconnexion électrique entre la Tunisie et l'Italie s'est
démarqué, probablement parce qu'il s'agit de l'unique projet qui implique
directement un pays non-membre de l'UE.
Pourtant, un rapport publié le 10 janvier par la Commission
à l'intention du Conseil de l'Europe et du Parlement européen précise que les
difficultés financières rencontrées au cours de la mise en œuvre d'un certain
nombre de projets prioritaires, dont la liaison Tunisie-Italie, étaient à
l'origine du retard relatif à la mise à exécution de la stratégie d'ensemble.
Les experts industriels citent le coût élevé du câble
sous-marin comme étant source de préoccupation pour les Italiens. Dans tous les
cas, le sujet sera certainement abordé au cours des prochaines réunions du
comité mixte.
L'accord conclu le 9 mars visant à augmenter le rythme de
travail sur le projet d'El Haouaria avait été relancé par le Premier ministre
italien Romano Prodi durant une visite en Tunisie en octobre dernier. Au cours
d'un entretien avec le président Zine El-Abidine Ben Ali, Prodi avait indiqué
qu'il s'agissait d'un des projets communs les plus importants pour les deux
pays.
Le projet avait reçu l'appui de Prodi, à l'époque où il
était président de la Commission européenne.
Bien que le partage des coûts n'ait pas encore été
déterminé, un engagement honnête de 50% de la part de l'Italie permettrait de
doubler les investissements directs étrangers établis à ce jour par les
entreprises italiennes en Tunisie, qui s'élèvent à 758 millions de dollars.
OBG
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