Sous la houlette de l’Association des intermédiaires en bourse (A.I.B), une communication financière relative à l’introduction en bourse de Carthage Cement a été assurée par MM.Belhassen Trabelsi, et Lazhar Sta, respectivement président du conseil et directeur général de la société, et avec la participation de l’introducteur et listing sponsor, MAC SA, et de l’évaluateur, le cabinet FINOR.
Le président du conseil a indiqué dans son intervention que Carthage Cement sera la plus grande cimenterie d’Afrique du Nord avec une production de plus de 2 millions de tonnes de ciment. Il a assuré que la société s’est entourée des plus grands partenaires techniques au monde dans le secteur cimentier, à savoir le cabinet suisse PEG pour le design, le pilotage et le choix de l’opérateur de la future cimenterie, d’une part, et du danois FLSmidth, choisi justement pour le montage d’une cimenterie clé en mains (Turnkey plant) et pour son exploitation durant ses 5 premières années d’activité. FLSmidth, qui a déjà équipé plus de 600 cimenteries dans le monde, sera lié avec Carthage Cement par un contrat de gestion de la production et la maintenance selon la formule Operations&Maintenance (O&M). Ledit contrat a été «bétonné» par le bureau parisien du cabinet d’avocats international White&Case, spécialiste de ce type de partenariats. Pour sa part, M.Sta a ajouté que la cimenterie sera la Rolls Royce du secteur tant la société s’est entourée des meilleurs partenaires techniques à l’échelle internationale. En outre, il a assuré que la cimenterie respectera les normes environnementales les plus strictes pour assurer un développement durable et pour économiser de l’énergie, le souvenir d’autres cimenteries Tunisiennes énergivores étant encore vivace dans les esprits des analystes .
Les fondateurs de la société ont cédé la parole à Mlle.Jihéne Ben Fadhl, analyste chez Mac SA, et à M.Hatem Garbouj, DGA de Carthage Cement pour détailler la communication financière qui s’est articulée autour de l’activité de l’entreprise, de ses aspects techniques (process de production), de ses perspectives, de l’évaluation du titre et des modalités de l’offre.
Au niveau de ses activités, Carthage Cement se positionne sur trois créneaux à savoir :
- L’extraction minière et le concassage (Agrégats) ;
- Le ciment ;
- Le bêton prêt à l’emploi (Ready- Mix).
La première activité est déjà opérationnelle et a déjà dégagé un bénéfice net de 2,9 MD pour des revenus de 17 MD en 2009. Cette activité d’agrégats repose sur les réserves de la carrière de Jbel Ressas à 25 km au sud de Tunis, fief de Carthage Cement, et qui devrait suffire pour une production de plus de 100 ans et pouvant aller jusqu’à 3 siècles, pour reprendre les propos de Lazhar Sta. Pour sa part, l’activité ciment devrait démarrer en juillet 2012 alors que l’activité Ready- Mix sera opérationnelle dés octobre 2010.
L’exercice des 3 activités ferait de Carthage Cement un acteur intégré du secteur cimentier puisque l’entreprise sera présente à tous les stades de la filière de l’extraction jusqu’à la vente de produits finis.
S’élevant à 564 millions DT, dont 527,8 MD pour la cimenterie et 9,88 pour l’usine du Ready-Mix, l’investissement a été justifié par un marché très porteur tant au niveau local qu’international, par l’adossement du projet à une « carrière exceptionnelle » (Jbel Ressas, NDLR), par l’intégration des activités, par le choix d’une technologie à la pointe du progrès ainsi que des partenaires techniques très fiables.
Au niveau sectoriel, l’activité « Agrégats » a progressé au rythme annuel de 6% depuis 2002 alors que la consommation du Ready-Mix devrait croitre à un rythme de 17,8% sur la durée du Business Plan s’étalant de 2009 à 2015.
Quant à l’activité Ciment (Clinker et ciment gris), la production Tunisienne actuelle, estimée à 7,5 millions de tonnes, est assurée par 6 cimentiers. Outre Carthage Cement, une autre cimenterie verra le jour à Kairouan en 2011.
Toute augmentation de la capacité de production est soumise à une autorisation gouvernementale, ce qui assure de fait une protection aux cimenteries actuelles ou en cours de réalisation. Cela dit, et compte tenu de la demande locale actuelle (6,2 millions de tonnes en 20098) et des exportations (0,970 millions de tonnes en 2009), d’une part, et des perspectives de la consommation locale et internationale (en Libye, Algérie et en Méditerranée du Sud, notamment), un déficit de production pouvant atteindre jusqu’à 0,760 millions de tonnes en 2010 pour régresser jusqu’à -0,500 millions de tonnes en 2015, pourrait être enregistré selon une étude du cabinet Holtec, commandée par Carthage Cement.
Ce déficit, quasi-structurel, devrait être un atout supplémentaire pour la société, d’autant plus que le ciment Tunisien est le moins cher dans la région : 53$ la tonne en Tunisie contre 84$ en Libye, 91$ en Algérie et entre 117 et 151$ au nord de la Méditerranée. Les dirigeants de Carthage Cement assurent que les pouvoirs publics compteraient desserrer l’étau sur les prix, actuellement homologués au niveau national, pour qu’ils se rapprochent progressivement des prix internationaux.
Au niveau du business plan, on n’a pas tenu compte dans les projections de Carthage Cement des méga projets qui ont été programmés puis gelés voire annulés. La société table sur une capacité nominale de production de 19.200 tonnes/jour pour les Agrégats, 400.000 m3 de Redy-Mix par jour et de 5.800 tonnes/jour de Clinker (produit intermédiaire du ciment). Carthage Cement espère exporter 20% de sa production de produits cimentiers.
Au niveau des revenus, le business plan table sur des rentrées de l’ordre de 37,9 MD en 2010 qui devraient passer progressivement à 344,3 MD en 2015. Ce qui devrait engendrer un résultat net allant de 5,4 MD à 67,8 MD en 2015 avec une amélioration du taux de la marge nette qui passerait de 14,2% en 2010 à 19,7% en 2015.
Abordant le volet boursier du projet, l’évaluation du titre Carthage Cement par FINOR, a été effectuée selon trois méthodes : l’Actif net corrigé, l’actualisation des cashs flows (DCF) et l’actualisation des super profits (Goodwill). Cet exercice a abouti à une valorisation moyenne de l’action Carthage Cement à 3,565 DT. L’action sera proposée dans le cadre de son introduction sur le marché alternatif à prix de 1,9 DT pour un nominal de 1 DT.
Au niveau fiscal, le BP a retenu les taux d’imposition ordinaires de 30% pour les revenus locaux et de 0% pour l’export (soit un taux effectif global de 24%), en attendant la promulgation probable d’une disposition légale ramenant le taux d’imposition des activités locales à 20% (comme cela est le cas pour les sociétés qui s’introduisent sur le marché principal de la bourse).
Par ailleurs, l’opération d’introduction de Carthage Cement devrait lever 134,9 MD et elle comportera trois phases :
- L’Offre à Prix Ferme (OPF) auprès du public est de 20 392 467 actions nouvelles émises dans le cadre d’une augmentation de capital en numéraire par Appel public à l’Epargne au prix de 1,9 dinar l’action.
- Le Placement Garanti essentiellement auprès d’institutionnels de 47 368 421 actions nouvelles émises dans le cadre d’une augmentation de capital en numéraire par Appel public à l’Epargne au prix de 1,9 dinars l’action.
- En même temps, un placement privé est prévu portant sur 3 239 112 actions.
A la fin de la communication financière, M.Adel Grar, président de l’A.I.B, a reproché à MAC SA d’avoir accordé la part du lion aux institutionnels étrangers (prés de 76 MD des 90 MD relatifs aux 47 368 421 actions du placement garanti). M.Mourad Ben Chaabéne, dirigeant de MAC SA, l’a assuré qu’il avait abordé les institutionnels Tunisiens dés l’admission des actions de Carthage Cement en bourse, et que ces derniers, à quelques exceptions prés, n’ont pas réagi à temps, contrairement aux fonds d’investissement démarchés en Afrique du Sud, en Grande Bretagne et dans les pays du Golfe, qui ont été réactifs.
Il est à rappeler, enfin, que l’introduction est assortie d’un contrat de liquidité sur la première année de 10 MD dont 5MD en numéraire et 5 MD en actions. Les actionnaires actuels se sont, également, engagés à obtenir des prochaines assemblées de Carthage Cement les autorisations de régulation des cours.