Investissement étranger en Tunisie : Dialogue pour des solutions pragmatiques et concertées

La réunion « administration-entreprises françaises installées en Tunisie » organisée, le jeudi 26 mai 2022, conjointement par la Chambre Tuniso-Française de Commerce et d’Industrie (CTFCI) et l’Agence de Promotion des Investisseurs Extérieurs (FIPA), a fourni une opportunité  pour établir un échange franc et direct sur les voies  devant permettre de consacrer la liberté d’entreprendre et de venir à bout des obstacles, à l’origine du ralentissement de  l’investissement étranger en Tunisie. 

Un format de dialogue inédit où tous les partenaires ont été appelés à réfléchir sur des  pistes d’action pouvant concourir à améliorer l’environnement des affaires, surmonter la complexité  des procédures administratives et restaurer la confiance des acteurs économiques afin de renforcer l’attractivité du  site tunisien des affaires.

Le débat, qui a réuni plus de 100 chefs d’entreprises à participation française, les représentants des différentes structures administratives ainsi que les responsables du pôle économique français en Tunisie, a donné lieu à un engagement clair, exprimé par le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saied. Tout en prenant acte de toutes les doléances exprimées, M Saied a réaffirmé la constitution, imminente, d’équipes mixtes qui se réuniront périodiquement pour se concerter sur les solutions à trouver à des problématiques spécifiques.

Bien plus, pour améliorer l’environnement des affaires, 12 équipes de travail ont d’ores et déjà été mises en place, a annoncé le ministre. Il s’agit d’une sorte de  dialogue public-privé qui a pour ambition d’ inventorier les problèmes et de mieux les traiter, s’agissant notamment de l’entreprenariat, du climat des affaires, de la logistique, des problèmes fonciers et de l’accès au financement…

Après la récente suppression d’une deuxième liste de 25 autorisations à l’exercice d’activité économiques, les travaux sont engagés pour établir la liste négative des activités qui resteront soumis à autorisation, consacrant ainsi la liberté d’investir énoncée par la loi de 2016, soutient le ministre, la liberté d’’investissement sera consacrée avant la fin de l’année en cours et de nombreux verrous devraient sauter. Pour le ministre, les mesures d’urgence économique décidées le 1 avril dernier ont été un point de départ. Un deuxième lot de mesures d’assouplissement est prévu avant fin juin prochain.

Le ministre de l’Economie et de la Planification a estimé qu’à la faveur de la vision Tunisie à l’horizon 2035 et du plan triennal 2023-2025, dont la première version sera prête avant la fin du mois de juin prochain, le pays offre désormais des perspectives et dispose d’une stratégie dont les axes ont fait l’objet d’une large concertation.

M Khelil Chaibi, Président de la CTFCI, a insisté, dans son mot d’ouverture, sur l’objectif assigné par ce débat qui a pour ambition de sortir avec des pistes d’action et une vision qui permettraient aux opérateurs d’envisager l’avenir avec plus de confiance.

Pour lui, le choix de ce format, procède d’une volonté d’être à l’écoute des chefs d’entreprise, de mieux apprécier les transformations en gestation et de permettre à ces opérateurs d’exprimer leurs attentes à l’effet de  renforcer l’acquis commun et de réinventer de nouvelles pistes pour conférer au partenariat Tuniso-français durabilité, consistance et  vigueur.

Cela est d’autant plus vrai, a-t-il fait savoir, que les entreprises étrangères installées en Tunisie constituent le meilleur facteur de promotion du site tunisien des affaires et le meilleur argument qu’on pourrait présenter pour stimuler l’investissement et renforcer le sentiment de confiance chez les opérateurs économiques.

 

De son coté, M André Parant, Ambassadeur de France en Tunsie tout en se félicitant de l’organisation de cette rencontre, il a indiqué que la France suit avec beaucoup d’attention ce qui se passe en Tunisie, notamment sur le plan économique. Il a réitéré la volonté de son pays de se tenir aux cotés de la Tunisie et de l’accompagner particulièrement dans les négociations avec la FMI pour la conclusion d’un accord qui lui permettrait de regagner la confiance des marchés.

Il s’est dit confiant dans le renforcement du partenariat exemplaire qui existe entre la Tunisie et la France, soulignant la nécessité d’agir sur les facteurs qui sont derrières les difficultés que connaissent les entreprises françaises installées en Tunisie, affectant leurs projets futurs notamment en matière d’investissement. M Parant n’a pas manqué de louer les efforts consentis par le gouvernement, avec courage et détermination, pour passer ce cap. C’est par ce moyen a-t-il dit « qu’il sera possible à la Tunisie de profiter des relocalisations et de retrouver les chemins d’une croissance soutenue et inclusive ».

Le débat qui a suivi, a permis de passer en revue  certaines  problématiques, en l’occurrence le  besoin impérieux d’avoir une vision à moyen terme, de tirer le meilleur profit du développement des secteurs à forte valeur ajoutée pour permettre au pays d’intégrer la chaine de valeur mondiale et la nécessité de  maitriser le départ des compétences vers l’étranger.

Il a été également question du statut des entreprises totalement exportatrices et de l’impact négatif de la TVA introduite pour les sociétés de services. En effet, de nombreux intervenants ont estimé que l’effet de cette disposition est particulièrement négatif pour les sociétés notamment de commerce international dont dépend plus de 80% des exportations tunisiennes dans les pays de l’Afrique subsaharienne.

Certains intervenants ont exprimé leurs craintes de voir ces dispositions s’étendre en 2023 au secteur industriel, estimant que cela provoquerait des conséquences graves qui mettraient à rude épreuve la compétitivité du site tunisien des affaires.

Les autres problématiques évoquées se réfèrent respectivement à l’absence de cadre règlementaire régissant les EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendante), la lenteur de prise de décision au sujet du déclassement des terrains, la faiblesse des performances du port de Radès et l’ambiguïté qui entoure le statut fiscal des sociétés de réparation navale en Tunisie.

 

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