Selon le rapport, intitulé Réformes économiques pour sortir de la crise, conxacré à la Tunisie, mise en place de réformes structurelles décisives et l’amélioration du climat des affaires sont indispensables pour remettre l'économie tunisienne sur la voie d’une croissance plus durable, créer des emplois pour les jeunes qui constituent une part croissante de la population et parvenir à une meilleure gestion de la dette publique, estime le dernier Bulletin de conjoncture de la Banque mondiale pour le pays.
Ce numéro du bulletin de conjoncture a été préparé par une équipe dirigée par Massimiliano Cali (Economiste Senior, MTI) et Mohamed Habib Zitouna (Consultant, MTI).
L’équipe comprend également: pour la partie A, Mihasonirina (Miha) Andrianaivo (Economiste Senior, FCI), Dorra Berraies (Consultante, FCI), Safia Hachicha (Economiste Senior, FCI) et Fatma Marrakchi Charfi (Consultante, MTI); et pour la partie B, Maciej Drozd (Economiste Senior, FCI) et Mariem Malouche, (Economiste Senior, FCI).
Selon la Banque Mondiale, la reprise économique face à la crise de la COVID-19 devrait être lente, avec une progression prévue de 3 % en 2021. La hausse du chômage, dont le taux est passé de 15,1 % à 18,4 % au troisième trimestre 2021, pèse sur cette reprise et a plus fortement touché les jeunes et les habitants des régions de l'Ouest.
Après la récession spectaculaire de 2020 (baisse du PIB de 9,2 pour cent), la reprise économique de la Tunisie a été lente en 2021. La croissance est estimée à 3 pour cent, ce qui est bien inférieur aux attentes du début de l’année. Par conséquent, l’économie tunisienne s’est contractée pendant la crise du Covid-19 (2019–21) plus que les pays comparateurs de la région. La lenteur de la reprise a accru le taux de chômage, déjà élevé, de 3,3 points pour atteindre 18,4 % au 3ème trimestre 2021. Ce taux est particulièrement élevé pour les jeunes, les femmes et les habitants de l’Ouest du pays.
La faiblesse de la reprise a exacerbé la pression sur les finances publiques, malgré la réduction du déficit budgétaire (7,6 % du PIB en 2021 contre 9,4 % en 2020). L’augmentation des recettes fiscales — tirée par la TVA — a dépassé l’augmentation des dépenses publiques, tirées par les salaires publics, les transferts (notamment les subventions croissantes à l’énergie) et le service de la dette. Les déficits budgétaires qui se sont accumulés depuis 2011 ont entraîné une forte augmentation de la dette publique, qui est passée de 52 % du PIB en 2015 à 84 % du PIB en 2021, et dont la majeure partie est externe. L’augmentation de la dette, l’absence de réformes et le retard dans les négociations avec le FMI ont exclu le gouvernement tunisien des marchés financiers internationaux, avec une dégradation de la notation souveraine en 2021.
Au moins quatre facteurs potentiels pourraient expliquer l’importance de la crise et la lenteur de la reprise. Tout d’abord, la pandémie aurait pu freiner la mobilité des individus plus que dans les autres pays, par exemple à cause de restrictions sévères décrétées par le gouvernement et/ou des préférences plus accentuées des individus en termes de limitation de déplacements. Ensuite, la structure de l’économie (une part importante du tourisme dans le PIB par exemple) aurait pu exposer l’économie tunisienne plus que les autres pays au choc. Aussi, le stimulus budgétaire peut être de moindre ambition que les autres pays. Enfin, des spécificités du climat des affaires peuvent empêcher les réallocations des ressources inter- et intra-sectorielles de telle sorte que les nouvelles activités et entreprises ne peuvent pas émerger pour remplacer celles
en déclin suite à la pandémie.
Un climat des affaires assez rigide peut expliquer aussi la faible réactivité de l’économie tunisienne dans la mesure où il étouffe l’allocation des ressources. En effet, comme toute crise, celle du COVID engendre des réallocations importantes.
La rigidité de l’économie tunisienne est une conséquence des sur-réglementations des marchés, à commencer par ceux des biens et services.
L'étude montre par ailleurs des conditions de concurrence inéquitables et des marchés protégés. obstacles se divisent en trois groupes. Premièrement, l’État fausse les mécanismes du marché par des contrôles à-priori. La réglementation tunisienne restreint la concurrence dans la majorité des secteurs, y compris ceux qui fournissent des intrants à d’autres secteurs s, limitant l’entrée de nouvelles entreprises et facilitant la collusion entre les opérateurs établis. Deuxièmement, l’État supplante le secteur privé par la propriété directe d’entreprises publiques qui bénéficient, de surcroît, d’un traitement préférentiel. Le gouvernement Tunisien possède ou favorise des entreprises publiques dans un large éventail de secteurs productifs, y compris trois des quatre secteurs couverts par la CPSD. Troisièmement, malgré les progrès récents, le cadre institutionnel et réglementaire relatif aux ententes et aux abus de position dominante demeure en cours d’élaboration et ne protège pas les participants au marché contre les pratiques commerciales anticoncurrentielles. Les gouvernements qui se sont succédés depuis 2011 n’ont engagé qu’un programme de réformes partielles qui n’ont souvent pas été pleinement mises en œuvre, ce qui a rendu l’environnement des affaires plus difficile à gérer pour les entreprises nationales et étrangères.
S’attaquer aux obstacles à la concurrence et à la faiblesse de son application sera essentiel pour aider l’économie tunisienne à sortir de la crise, retrouver une trajectoire durable et faire bénéficier les ménages de plus d’emplois et d’un meilleur pouvoir d’achat.
La Banque Mondiale estime qu'une globale plutôt que sectorielle peut être nécessaire pour supprimer les restrictions à la concurrence, comme le suggère l’expérience de la réforme du régime des autorisations de 2018.
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