L’année 2020 ne laissera pas un souvenir impérissable à la Bourse de Tunis. Liquidité toujours réduite, suspension des dividendes des institutions financières et un indice en baisse les 10 derniers mois de l’année ont été les principales caractéristiques de l’année boursière. L’OPV de Maghrebia réalisée en toute fin d’année (la première depuis 2 ans et demi) et les flux importants de souscription dans les SICAV obligataires n’auront pas suffi à embellir l’année.
Ce qui a vraiment marqué l’année sur le marché actions c’est le net regain d’intérêt pour l’équivalent des Penny Stocks (titres qui se traitent à environ 1 DT et moins) qui ont capté une très grosse manne d’argent et ont réalisé de très grandes progressions de cours. Dans un marché illiquide et manquant d’idées, ce mouvement n’est pas surprenant et en de nombreuses séances ce type de titres qui ne représente même pas 1% de l’indice a réussi à capturer plus de 50% des volumes. Encore une fois, les fondamentaux malmenés par les conséquences imprévisibles de l’épidémie sur certains secteurs ont été les grands perdants d’un marché plutôt à la recherche de nouvelles fusions/acquisitions ou autres restructurations. L’année 2021 devra consacrer un changement de paradigme boursier au fur et à mesure que l’épidémie commencera à être mieux maitrisée.
Les banques et autres sociétés exportatrices connaitront vraisemblablement un regain d’intérêt avec les premiers frémissements de l’économie. La reprise de l’économie mondiale engendrera une reprise de la demande pour les produits finis et semi finis qui renforcera les carnets de commande de nos entreprises connectées à l’international. Les valorisations des banques qui sont historiquement au plus bas peuvent connaitre un redressement significatif rien qu’à la faveur d’un retour aux dividendes et d’une petite reprise économique. Au niveau des taux, une grande instabilité est attendue avec une inflation aujourd’hui maitrisée mais qui peut repartir à la hausse avec l’amorce de la reprise. Tous les facteurs inflationnistes peuvent se remettre en branle avec notamment une demande croissante de crédits, l’accroissement de la consommation, une hausse des importations et son impact sur le Dinar et encore les importants besoins du budget qui grèvent les capacités financières des banques.
L’instabilité devenue la règle aussi bien fiscalement, financièrement que politiquement sera source de tensions de taux aussi bien courts que longs. Le marché obligataire dans son compartiment emprunts d’entreprises qui a connu une embellie en 2020 pourra de nouveau subir des difficultés de placement à cause de la disposition fiscale sur la retenue à la source libératoire qui redonnera des couleurs au marché monétaire au détriment des OPCVM obligataires.
De manière générale l’incertitude régnera fortement sur l’année 2021 avec vraisemblablement des mouvements erratiques aussi bien sur le marché des actions que celui des instruments de taux mais globalement la tendance sera plus favorable aux actions ayant de bons fondamentaux et ayant fortement subi le poids de la crise sanitaire. Comme toujours, c’est pendant les périodes de crise, qu’on fait les meilleures affaires.
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