Après avoir abaissé les perspectives de la note tunisienne B2 de stable à négative en février, l'agence de notation Moody's a annoncé dans un communiqué du 17 avril, avoir placé le gouvernement tunisien, ainsi que la Banque Centrale de Tunisie sous surveillance avec implication négative sur la note souveraine.
Cette décision est justifiée, selon l'agence, par le durcissement des conditions de financement à l'échelle mondiale, aggravé par les perspectives de croissance à court terme de la Tunisie, la détérioration de la situation fiscale et de la position extérieure du pays.
L'agence met en avant les chocs liés à l'épidémie COVID-19, qui concernent principalement les perspectives de croissance affaiblies, notamment par la chute des revenus touristiques, et la détérioration du profil risque du pays.
La période de surveillance pourrait dépasser l'horizon de trois traditionnellement adopté par Moody's, explique l'agence, et se focalisera sur la capacité des autorités à affronter les chocs à venir, à savoir les pressions sociales et financières, et évaluera les marges de manœuvre pour faire face au gap fiscal et au manque de financement extérieur.
Le plan gouvernemental pour affronter l'épidémie COVID-19 mobilisera 1 milliards de dollars, souligne l'agence, représentant près de 2,7% du PIB. Dans le contexte actuel, le taux d'endettement de la Tunisie augmentera à 80% du PIB, alors que l'agence tablait sur une stabilisation autour de 75%. La trajectoire de la dette dépendra également des taux de changes dans un contexte qui favorise la pression sur les monnaie des pays émergents. L'agence s'attend toutefois à une stabilisation du dinar à l'heure actuelle.
Parmi les principales mesures adoptées par le gouvernement, Moody's cite l'augmentation des dépenses dans la santé, l'élargissement du matelas de la sécurité social, et le soutien aux entreprises via des allégements fiscaux, le tout étant de nature à peser sur le déficit budgétaire. A cela s'ajoute la ralentissement de l'activité économique du au confinement général décidé par les autorités, jusqu'au 19 avril dans un premier temps, puis prolongé le 17 avril jusqu'à une date qui sera communiquée ultérieurement.
L'agence revient aussi sur les retards dans les réformes concernant les entreprises publiques, qui bénéficient de garanties de l'Etat et pèsent l'équivalent de 16% du PIB, ce qui renforce les risques de pression sur la balance des paiements.
L'agence de notation prévoit une forte contraction de l'économie en 2020, suivie d'une reprise en 2021, et à un retour à un rythme de croissance de 1,5 à 3% sur les années suivantes.
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