L'intermédiaire en Bourse MAC S.A, a publié son bulletin économique du mois de novembre 2017, consacré aux défis et perspectives de l'économie tunisienne, en collaboration avec par le Professeur en Sciences Economiques à l’Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis, Ghazi Boulila, également administrateur à la STB, Directeur de l’Unité de recherche: Développement Financier et Innovation (DEFI), Membre du bureau de l’ASECTU, de l’Association des Anciens de l’Institut de Défense Nationale (AAIDN) et Président de l’Association pour la Réflexion sur le Développement Economique et Social» (ARDES). Le document traite des moyens de renouer avec une croissance soutenue.
L'auteur constate que Le taux de croissance du PIB (dollars constants de la Banque mondiale) demeure faible. Il est estimé à 1.17 % en 2016 soit un taux par tête d’habitant négatif (-0.3%), ce qui implique qu’en moyenne, le tunisien est moins riche par rapport à l’année précédente. Le graphique 1 montre que la Tunisie a enregistré un taux moyen annuel de 4.59% entre 1966 et 2016. Les deux pics sont enregistrés en 1972 (la valeur la plus élevée 17.74 %) et en 2011 (la valeur la plus basse négative -1.92%). Cette tendance a engendré une persistance d’importants déséquilibres macroéconomiques en matière de gestion des finances publiques et un taux de chômage moyen le plus élevé (15.6 % en 2016).
L’investissement moteur-clé de la croissance reste en panne. Le taux d’épargne ne cesse de diminuer entrainant un accroissement de la dette extérieure. Ce taux est au plus bas depuis 1965 estimé à 8.83% en 2016. En effet, entre la période 1965-2016, ce taux moyen est de 22.25% et le plus élevé est enregistré en 1968 à 33.01%.
La tendance passée des taux de croissance retarde davantage le processus de convergence de la Tunisie vers les pays émergents.
En effet, malgré que la Tunisie ait commencé durant le début des années 80 avec le même niveau du PIB par tête des pays asiatiques, ces derniers ont enregistré une croissance importante au cours des 35 dernières années entrainant une divergence de plus en plus importante au fil du temps. L’évolution de la Corée du Sud par exemple est impressionnante comme le montre le graphique 2. Cette divergence de performance est expliquée par plusieurs facteurs dont les politiques industrielles adoptées, le type de gouvernance appliqué etc.
Globalement, l’activité industrielle a enregistré une stagnation ces dernières années, alors que l’activité manufacturière a cru à un rythme inferieur à celui d’avant l’année 2011. L’évolution récente montre que l’indice de la production industrielle (IPI) globale a connu une évolution mitigée durant les 8 premiers mois de l’année 2017 comparativement à la même période de l’année écoulée (graphique 3). D’un côté, les branches manufacturières orientées vers les exportations ont connu une évolution positive profitant de la reprise de la croissance mondiale et de la demande européenne adressée à la Tunisie. Cette évolution se manifeste par une croissance de 3.1% de l’IPI pour les industries mécaniques et électriques et une croissance positive mais faibles pour la branche du textile, habillement et cuir de l’ordre de 0.4% ((graphique 5). Le secteur minier a connu lui aussi une forte reprise en 2017 qui a atteint 35.1% durant les 8 premiers mois entrainant avec lui les industries chimiques, quoiqu’avec un certain retard (graphique 4). D’un autre côté, l’industrie tunisienne continue à souffrir des répercussions de la crise immobilière qui a fait baisser la production des industries des matériaux de construction, de céramique et de verre de 5.4% sur la même période.
Ajouté à cela, les troubles sociaux au Sud tunisien se sont traduits par une baisse de 7.1% de la production de l’énergie. Au total les effets baissiers l’ont emporté sur ceux à la hausse engendrant une baisse de l’indice moyen de la production industrielle de 1% sur les 8 premiers mois de 2017.
Un des défis majeurs auquel fait face l’économie tunisienne dans son ensemble est l’aggravation de plus en plus lourde du déficit énergétique mesuré par l’écart entre la production de pétrole et la consommation de carburant. Particulièrement en 2017, ce déficit s’est nettement aggravé avec la baisse substantielle de la production nationale de pétrole suite aux évènements survenus au Sud tunisien et la forte reprise de la consommation de carburant routier obtenue dans les circuits formels (graphique 6). En effet, les difficultés aussi bien économiques que sécuritaires dans les pays voisins se sont traduites par un plus fort contrôle aux frontières dans ces pays et donc par une baisse de l’entrée au sol tunisien du pétrole émanant par la contrebande. Ces évolutions n’ont pas manqué d’impacter négativement le budget de l’Etat dont les dépenses au titre de subventions aux hydrocarbures ont dépassé les 1500 MDT contre 650 MDT prévus par la Loi des Finances 2017.
En outre, la non application du mécanisme de l’ajustement automatique des prix à la pompe a gonflé davantage l’enveloppe des subventions, et ce malgré l’augmentation des prix mondiaux et la forte dépréciation du dinar face au dollar américain. Pour relever ce défi à moyen et long terme, la Tunisie devra réussir sa transition énergétique vers celle renouvelable en réduisant la consommation d’énergies fossiles dans toutes les activités.
En dépit de la faible performance durant ces dernières années, l’économie tunisienne possède un potentiel économique important. Pour préparer les conditions préalables à la réalisation de ce potentiel, on devra adopter des réformes sectorielles. En conclusion, le document souligne que le grand défi pour la Tunisie est de déterminer les sous secteurs à haut potentiel qui offrent les meilleures perspectives pour accélérer la croissance économique. Nous croyons qu’on devra mettre à l’essai cette approche dans le secteur agroalimentaire (produits méditerranéens) où on pourra créer notre avantage comparatif. On devra commencer par se concentrer sur une niche de production comme l’huile d’olive et ses dérivés pour être leader dans le monde et par la suite choisir une autre niche et ainsi de suite. Pour cela, on devra élaborer une stratégie en étudiant notre position de départ, nos forces et nos faiblesses par rapport à d’autres pays concurrents et ensuite, le gouvernement proposera des collaborations avec le secteur privé.
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