Petrofac aurait pu être un cas d’école pour restaurer l’autorité de l’Etat. Un Etat « normal » ne négocie pas avec des bandits, encore moins sous la pression. Il y’a une différence entre des demandeurs d’emploi et des énergumènes qui cassent les biens publics et privés, qui empêchent des entreprises de travailler, qui extorquent des fonds à l’Etat et aux entreprises privées et qui exigent des ministres de la république de venir négocier avec eux sur leur « terrain » à Kerkennah !
Le cas de Petrofac n’est pas un cas social ! Vu les doléances des protestataires, leur arrogance, le peu de cas qu’ils font de la justice et de l’autorité de l’Etat, le seul traitement valable à leur réserver est le traitement sécuritaire voire militaire, comme cela serait le cas dans n’importe quel pays qui se respecte, y compris et en premier lieu les pays démocratiques. La lettre des dernières revendications des « protestataires » de Petrofac, qui faut-il le rappeler ne travaillent pas dans l’entreprise, est une humiliation sur le fond et sur la forme à tous les tunisiens, au gouvernement et aux instances de l’Etat. Ces revendications, sous forme de diktats, figurent dans ce lien : Cliquer ici.
Conclure un tel accord avec les bandits qui prennent en otage l’avenir de l’entreprise et des centaines voire des milliers d’habitants de Kerkennah serait la porte ouverte à toutes sortes de dérives dans d’autres régions (Skhira, Tatouine, Gafsa, etc.), où les habitants ne tarderaient pas à « négocier » des privilèges comparables à ceux accordés aux bandits de l’ile. Comment expliquer aux tunisiens que ceux qui ont jeté des équipements d’une valeur de plusieurs centaines de milliers de Dinars, appartenant à l’Etat ou à des privés dans le port de Kerkennah, seraient graciés sans aucun procès dans le cadre d’un tel accord ?! Comment expliquer cette impunité aux tunisiens ou aux investisseurs étrangers qu’on cherche avec toutes les peines du monde à attirer au pays ?!
Il serait illusoire de croire que Petrofac est un cas isolé ! Le gouvernement (et peut-être l’Etat !) joue son avenir sur cette affaire ! Ceux, dans les médias et dans la sphère politique, qui défendent et cherchent des alibis à ces bandits ne font qu’affaiblir l’Etat et ne sont, de facto, que des alliés de ces bandits ! Et je n’oserais pas user d’autres qualificatifs plus durs à l’encontre de ces « têtes bien pensantes » !
On peut comprendre la retenue du gouvernement dans le traitement de cette affaire afin de calmer le jeu mais, justement, le jeu ne sera pas calmé et l’affaire, quel que soit l’accord conclu, fera tâche d’huile dans d’autres secteurs et d’autres régions ! La seule solution viable est le traitement sécuritaire ou militaire afin de rétablir l’autorité de l’Etat, au risque d’attiser d’autres foyers de tension dans d’autres régions, qu’il faudrait traiter de la même manière si leurs objectifs sont loin d’être des objectifs sociaux ou de développement. Le cas de Kerkennah n’est pas comparable aux soulèvements sociaux qu’on pourrait comprendre dans d’autres régions (Fernana, Kasserine, etc.) : l’affaire Petrofac est un cas de banditisme, d’extorsion de fonds, de rébellion et de défiance envers l’autorité de l’Etat. Il faut traiter ce cas en ayant en tête sa vraie qualification, c’est-à-dire tout sauf un cas socio-économique !
L’affaire Petrofac est un véritable test pour le gouvernement qui doit se rappeler que la politique, c’est du courage !
Naoufel Ben Rayana