Kais Sellai, président de la Fédération nationale des technologies de l'information et de la communication, relevant de l'UTICA a fait le point aujourd'hui au micro d'Express Fm sur la situation du secteur des TIC, un secteur qui représente à l"heure actuelle près de 7,5% du PIB selon les derniers chiffres et qui a connu un changement dans la démarche après la révolution, vu que les choses n'avançaient pas, explique Sellami.
La principale nouveauté a été de travailler sur l'institutionnalisation des relations public/privé, entamée après les élections d'octobre 2011, pour éviter le recours à des mesures ponctuelles aux problèmes qui se posent régulièrement à ce niveau, il s'agissait selon Sellami d'assurer la convergence à la fois au niveau des objectifs que des actions et le suivi de leur réalisation, et d’élargir la vision pour parler d’économie numérique et non pas simplement de TIC.
Cette démarche a été entreprise sous l'impulsion de la fédération et de l'ancien ministre des TIC Mongi Marzouk, et tournait autour de la création du Conseil Stratégique du Numérique qui soit présidé par le chef du gouvernement pour assurer au conseil un rôle transversal, vu que la notion d’économie numérique couvre l’ensemble des secteurs. En 2012, les premiers travaux ont aboutis à la naissance à Tabarka de la stratégie Tunisie Digitale 2014-2018, pour faire du numérique un moteur de transformation socio-économique, venue concrétiser la vision commune public/privé, ce qui à l’époque constituait une première au niveau de la région, rappelle Kais Sellami. Tunisie Digitale s’était alors fixé pour objectif de créer 100 000 emplois dont la moitié dans l’offshoring (smart Tunisia) et l’autre moitié grâce aux grands projets nationaux. Outre l’impact sur le secteur des TIC lui-même, qui développera un savoir faire exportable notamment en Afrique, cette stratégie visait à soutenir la compétitivité des entreprises tunisiennes où étrangères installées en Tunisie avec tous les bénéfices à tirer de la numérisation des services…
Depuis la fédération n’a cessé d’insister sur la continuité du processus avec les changements de gouvernements, la rencontre de Korba en juin 2014, a permis de décliner les axes stratégiques en une soixantaine de projets concrets à divers degrés de priorité, allant de la e-santé à la e-tourisme, e-Gov...des fiches projets fixait les objectifs en termes de délais d’exécution, de création d’emplois etc., et de manière assez rigoureuse pour chaque projets. Il ne restait alors que la mise en œuvre pour laquelle des comités de pilotage ont été créés. Toutefois les retards ont commencé à se manifester dès décembre 2014, rappelle Sellami, et à ce jour la mise en œuvre se fait toujours attendre malgré une multitude de réunion avec les acteurs du gouvernement concernés, le conseil stratégique du numérique s’est réuni en deux occasion pour débloquer les projets…Le constat actuel est que très peu de projet sont sortis de Tunisie Digital, affirme Kais Sellami, et même ceux qui ont avancé n’en sont qu’à leur premières phases. A titre d'exemple, les projets liés à l'e-Tourisme devaient être opérationnels dès mars 2016, ceux de l'e-santé devaient être lancés en janvier 2015, les projets de services électroniques e-Citoyens étaient prévu pour septembre 2014, sans évoquer les projets pour le mobile-payement ou le e-Market place, estime Sellami...la facture électronique est certes un aboutissement mais ce n'est qu'un maillon de l'ensemble.. Entre temps les entreprises tunisiennes continuent à perdre des opportunités en Tunisie même, indique Sellami, citant le cas le plus récent, celui du projet Promosport de 24 MD, accordé à un opérateur européen. En l’absence de statistiques officielles, Kais Sellami estime que de tout ce que prévoit la feuille de route, seulement 5 à 10% à été fait.
Au niveau de Smart Tunisia, Sellami a rappelé que le budget alloué au projet l’a été de manière très tardive, ce qui reflète un manque de coordination entre les ministère concernés, et qui impliquera des retards au niveau de l’exécution, et surtout au niveau des recrutement, sur le total de 50 000 prévu par le projets, 6000 étaient pour 2014 et 10 000 pour 2015, or nous n’en sommes aujourd’hui qu’à des promesses pour 5000 emplois.
Il y a un grand danger du coté de l’emploi, prévoit le responsable, dans la mesure où d’ici 2020 on comptera quelques 120 000 nouveaux diplômés dans le domaine des TIC, ajoutant que même la réalisation complète de Tunisie Digitale laisserait un manque d’emploi d’environ 40 000 postes à pourvoir.
Il y a un problème de gouvernance au sein même du ministère des Technologies de la communication et de l'Économie numérique, indique Sellmai, cette dernière notion à d’ailleurs été introduite dans le nom du ministère pour affirmer son rôle de coordination entre les différents secteurs pour accélérer le processus. Il y a aussi un manque de focus malgré une feuille de route claire, avec beaucoup de dispersion qui empêche la bonne gestion de chantier. La Fédération nationale des technologies de l'information et de la communication vient d’appeler à une troisième réunion du Conseil Stratégique du Numérique, retardée plusieurs fois auparavant, et dont la date a été finalement fixée pour le 8 avril 2016. La fédération proposera à cette occasion une nouvelle gouvernance et poussera pour garantir la relance des différents chantiers.
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