Pour la première fois depuis bien longtemps, une séance de clôture de négociations de droits de souscriptions aura été aussi animée. Plus de 3,7 Millions de droits ont été traités générant une valeur de transactions de 10,8 Millions de DT. Cette séance a été surtout marquée par un nombre record de contrats de près de 46.000 qui ont engendré beaucoup de perturbations sur certaines plateformes connectées au système de cotation de la BVMT qui a rarement dépassé les 10.000 contrats même dans les premières cotations d’OPV à très large diffusion dans le public. Ceci est du au fait que AMI Assurances à l’origine une mutuelle avait plus de 80.000 adhérents qui devenus actionnaires après la démutualisation ont pour la plupart renoncé à souscrire à l’augmentation de capital.
Mais c’est plus le prix auquel a été négocié le droit de souscription qui a créé la surprise car il a clôturé à un prix de 3,040 DT en hausse de 40% par rapport à la moyenne à laquelle il a été échangé tout au long de la quinzaine de l’augmentation de capital. Ce cours de clôture correspond à un prix reconstitué de l’action nouvellement souscrite de 13,9 DT alors que l’action ancienne a été réservée à la hausse à un prix de 13,27 DT. Cet écart de prix est très rare et il faut remonter aux années 1994-1995 pour trouver trace de telles situations. En tous les cas, cette configuration contraste fortement avec les dernières augmentations de capital où les droits étaient quasiment boudés et où au contraire les actions mères subissaient de forts décrochages.
Comment expliquer cette situation?
1/ Tout d’abord, cette situation tient d’abord à la structure de capital de AMI Assurances qui suite à la démutualisation était restée sans noyau dur avec seuls l’UGTT et le Groupe Hédi Bouchemmaoui Group « HBG » comme seuls gros actionnaires avec respectivement 9,50% et 14,88% du capital. Depuis, les deux SICAR, SIP SICAR et SICAR INVEST, sont venues rejoindre ce duo en ramassant 20% du capital en bourse ce qui a eu pour effet de contribuer fortement à porter le cours de 5 DT à un plus haut de 20 DT. L’augmentation de capital a été donc une occasion pour HBG et les deux véhicules d’investissement de la BNA de renforcer leurs positions respectives dans le capital de la compagnie. Ainsi, ces trois investisseurs ont-ils souhaité détenir une majorité à l’issue de l’opération. Avec un flottant de 52,80% constitué de personnes physiques ayant moins de 0,5% chacune, la probabilité de voir d’autres institutionnels locaux ou étrangers ainsi que des groupes privés intéressés par un positionnement dans le capital de la compagnie était forte.
2/ La création d’une nouvelle compagnie dans le secteur des assurances requiert un agrément préalable ce qui n’est pas une chose aisée. Il est fort probable que les investisseurs précités aient préféré prendre des positions significatives dans une compagnie existante. Comme le capital de cette dernière était très largement diffusé dans le public, le seul moyen de constituer des positions était le ramassage en bourse qui, en général, fait monter le cours d’une manière importante. Le faire en une seule fois à travers une augmentation de capital peut être une solution et c’est ce qui explique qu’on a dû forcer le cours des droits pour avoir accès à un maximum d’actions. On estime à 6% la part du capital qui changera de mains à l’issue de l’augmentation de capital.
3/ La perspective d’une ouverture du capital à un partenaire stratégique post augmentation de capital explique en grande partie l’engouement pour le titre et particulièrement pour cette souscription. En bourse, il est toujours très réconfortant d’acheter à un prix et d’espérer que quelqu’un d’autre valorise l’action à un meilleur prix.
AMI Assurances a été sans conteste la révélation de l’année boursière 2015. S’échangeant sur le hors cote, ses volumes de transactions ont été colossaux avec une moyenne de 285.000 par Jour qui fait pâlir d’envie bien de grosses capitalisations boursière de la cote de la bourse. Sa performance boursière (+220%) est aussi la meilleure du marché et a propulsé sa capitalisation à une valeur de 245 Millions de DT soit très loin de ses pairs (165 Millions pour l’ ASTREE, 173 Millions pour TUNIS RE) qui pourtant réalisent de meilleurs résultats. La recomposition du capital, la prise de contrôle par de nouveaux investisseurs et la perspective d’un nouveau partenaire stratégique sont autant d’éléments qui souvent créent ce type d’envolée boursière. Le gros challenge reste toutefois l’amélioration des fondamentaux d’une compagnie qui a encore une concentration excessivement élevée sur l’assurance automobile un segment d’activité à faible rentabilité et à forte sinistralité.
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