Habib Karaouli, Président Directeur Général de la Banque d'Affaire de Tunisie, s'est exprimé sur Express Fm ce matin, sur la situation économique de la Tunisie, qu'il qualifie de difficile, une récession technique et une conjoncture morose qui devrait se prolonger, la Tunisie devra s'habituer à des niveaux de croissance bas, ajoute-t-il.
Dans ce contexte, Habib Karaouli craint surtout la destruction d'emploi qui sera plus rapide que la création, du fait des désinvestissent et des reports d'investissements, un facteur hautement déstabilisant pour la Tunisie, c'est pourquoi une caisse d'assurance chômage devient indispensable pour les gens qui perdent leur travail et se retrouvent sans couverture, une idée techniquement et financièrement réalisable. Cette caisse devra être financée par des contributions des salariés, des employeurs et éventuellement des pouvoirs publics, sur des critères scientifiques et raisonnables.
Pour Habib Karaouli, tous les facteurs qui ont déclenché la révolution, le chômage et les disparités régionales essentiellement, ne font que s'aggraver. La rentrée sera difficile, et l'une des priorités sera l'inflation, un sujet sur lequel les autorités devront mettre le paquet, selon Karaouli, qui salue à l'occasion le compromis trouvé avec les syndicats pour les augmentations salariales, qui n'est certes pas apprécié par tout le monde mais qui constitue un pas important vers la paix sociale, condition sine qua non de toute reprise de l'investissement. Ce compromis devrait donner des résultats positifs pour peu que les autres conditions soient réunies, à savoir la vision stratégique, l'aspect sécuritaire...
Interrogé sur la recapitalisation des banques publiques, Habib Karaouli, a rappelé que c'était une des exigences du FMI, à coté du code des investissements et de la loi sur le PPP, déplorant le recourt au budget de l'Etat (1,3 milliards de dinars) au détriment de l'investissement direct productif. Ceci dit, Habib Karaouli, a insisté sur la nécessité de remodeler de manière drastique la gouvernance de ces banques, et leur liaison avec l’actionnaire de référence, en l'occurrence l'Etat, qui devra nommer les bonnes personnes à la tête de ses établissements, à ce titre, Habib Karaouli n'a pas caché sa perplexité quant au lancement d'un appel à candidature pour les postes de direction aux seins de ces banques. Le responsable a exprimé son souhait de voir le système bancaire, retrouver son rôle d’appui au développement et à la relance de l’investissement.
En conclusion, Habib Karaouli, considère que la priorité actuelle est indéniablement, le retour de l'investissement public qui attirera l'investissement privé et les IDE. Pour cela, il faudra surtout travailler sur le rendement de l'administration tunisienne, en forte baisse ces dernières années. L’Etat devra rester, à court et moyen terme, voire sur les dix prochaines années, le principal pilote de l’investissement et de la relance et le donneur de signal, selon Habib Karaouli.