Lamia Ben Mahmoud, PDG de Tunis Re, a reçu au siège de la compagnie les analystes et organes de presse en communication financière. une mise au point qui intervient après l'abandon par Tunis Re de son augmentation de capital réservée à un partenaire stratégique, et son remplacement par une souscription en numéraire, une annonce mal reçue à la Bourse de Tunis où l'action Tunis Re a perdu 13,07% de sa valeurs depuis la parution du communiqué.
Lamia Ben Mahmoud a commencé par rappeler que l’augmentation de capital répondait au double objectif de rattraper les standards régionaux en termes de fonds propres, et de se conformer aux exigences du prochain amendement du code des assurances qui imposera un capital minimum de 100 MD pour les réassureurs. Le choix d’une augmentation réservée s’appuyait quant à lui sur la nécessité pour Tunis Re d’atténuer l’impact du risque pays en ouvrant le capital à un partenaire mieux noté que la compagnie elle-même, ressortissant d’un pays mieux noté que la Tunisie. Rappelons qu'en juillet 2014, A.M BEST avait confirmé la note de solidité financière de Tunis Re B+(Bien) avec perspectives stables, et la note émetteur à “bbb-”, également assortie de perspectives stables, mais qui bute sur la note souveraine de la Tunisie.
La responsable a ensuite rappelé que trois des quatre candidats ayant répondu à l’appel à manifestation d’intérêt ont été retenus, il s’agit de la BERD, de l’IFC, filiale du Groupe Banque Mondiale, et de l’allemand DEG, filiale de KFW. Plusieurs facteurs ont ensuite contribué au non aboutissement du processus, explique Lamia Ben Mahmoud, essentiellement la faiblesse de la part allouée, de 25%, qui a a rendu impossible l’adossement à un partenaire technique pour les trois candidats, principalement en raison de la reforme réglementaire européenne Solvency II, qui impose un provisionnement à hauteur de 60% du capital investi dans les participations minoritaires. Même en augmentant la part jusqu’à la minorité de blocage, à 35%, comme l’ont proposé certains administrateurs, le processus n’aurait pas pu se poursuivre, d’autant plus que l’intérêt a été détourné par l’ouverture du capital du marocain SCR à hauteur de 50% et une opération similaire lancée par Africa Re.
En fin de compte, le management assure qu’il ne s’agit pas d’un abandon définitif de l’entrée dans le capital d’un partenaire stratégique, mais un report en attendant le moment opportun pour l’opération, qui pourrait être réalisée de gré à gré. En attendant, le processus de recapitalisation de Tunis Re se poursuivra, par l’apport de ses actionnaires actuels. Une AGE est programmée au 10 mars à cet effet, et statuera sur l’augmentation de capital en numéraire de 25 MD, qui le portera de 75 à 100 MD.
Le prix d'émission reste à définir même si les actionnaires de référence de la compagnie détenant le noyau dur du capital sont disposés à accompagner cette augmentation à un prix qui valorise le potentiel toujours intact de Tunis Re. Mme Ben Mahmoud a fait remarquer que certaines notes d'analyse ont évalué le titre entre 13 et 14 DT. Les professionnels du marche présents à la réunion ont conseillé la prise en compte de la réalité des prix et du contexte actuel. Vraisemblablement, un juste équilibre devra être trouvé. Concernant les réalisations 2014, la PDG a rassuré que malgré une légère hausse de la sinistralité provenant de la branche aviation, l'année sera meilleure que 2013 avec la baisse des frais d'acquisition et la hausse des revenus de placement. La compagnie semble donc maintenir un bon trend au niveau de ses performances opérationnelles, ce qui ne l'empêchera pas de revoir certains points de son business plan. La capacité de souscription sera fortifiée ainsi que la fonction financière après cette levée des fonds.