L’agence de notation Moody’s a dégradé le 26 novembre 2013, la note de la dette souveraine de la Tunisie à « Ba3 », un abaissement d’un cran qui relègue notre pays dans la catégorie spéculative, assorti d’une perspective négative qui n’exclut guère la poursuite de la déchéance du pays au cas où l’instabilité politique qui y prévaut perdure encore plus longtemps.
Pour justifier sa décision, l’agence met en exergue essentiellement l’instabilité politique qui perdure depuis bientôt trois années, la fracture politique qui semble s’installer durablement dans le pays entre factions et tendances politiques profondément opposées sur l’orientation doctrinale et stratégique à impulser au pays suite à la chute du régime autoritariste et, implicitement, le dévoiement de la politique économique mise en oeuvre depuis janvier 2011 et qui a abouti à des ses « déséquilibres persistants dans la balance des paiements et le système fiscal ». Une politique économique qui ne s’est guère attaquée aux maux structurels dont souffre l’économie tunisienne tel que « l’état fragile des banques appartenant à l’Etat » ou la forte connexité avec les pays en crise de l’Europe du Sud.
Pour justifier sa décision, l’agence a de fait, mis l’accent sur l’incapacité du pays à se doter d’institutions politiques stables et viables dans des délais relativement raisonnables. Pire, « l’impasse politique persistante », le retard pris dans la confection de la loi fondamentale du pays, la polarisation croissante de la vie politique font qu’une amélioration de la note « est improbable dans un futur proche ».
En bref, en abaissant la note de la Tunisie, Moody’s vise en fait à alerter la classe politique tunisienne voire à lui assener un blâme pour son incapacité à dégager un consensus à minima de nature à doter le pays d’une gouvernance cohérente et avisée, d’institutions politiques stables et démocratiques et enfin, d’une ligne stratégique cohérente de nature à mettre l’économie tunisienne sur l’orbite du redressement et de l’insertion dans l’économie mondiale .
Pr.Hechmi Alaya, TEMA du 2 Décembre 2013