La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé jeudi son
principal taux directeur d'un quart de point à 5,25% et a laissé les options
ouvertes pour l'avenir, au grand soulagement des marchés.
Cette hausse d'un quart de point, la 17e consécutive en
deux ans, correspond aux attentes des analystes.
Le comité de politique monétaire (FOMC) de la banque
centrale a souligné dans son communiqué que la croissance "se modère" après son
rythme "plutôt élevé" en début d'année.
Dans le même temps, elle a jugé que "les chiffres de
l'inflation de base ont été élevés ces derniers mois".
Aussi, "même si la modération de la croissance de la
demande devrait aider à limiter les pressions inflationnistes à terme, le comité
estime qu'il reste certains risques d'inflation", selon la banque centrale.
Ces éléments résument tout le dilemme de la Fed: d'un côté
l'économie est en train de ralentir, ce qui plaide pour une politique de taux
conciliante afin de ne pas étouffer l'activité. Mais, par ailleurs, l'inflation
reste à des niveaux préoccupants, ce qui rendrait logique d'augmenter les taux
pour ne pas laisser les prix déraper.
Les marchés, qui craignaient que la banque centrale n'aille
trop loin dans son cycle de resserrement monétaire, ont réagi avec soulagement.
Le Dow Jones a bondi de 1,98%, sa plus forte progression en une séance depuis
avril 2005, tandis que le dollar reculait face à l'euro et au yen.
"Ce qui était perçu comme un risque dans le précédent
communiqué est devenu un fait dans celui d?aujourd?hui : la Fed confirme le
ralentissement de l?activité économique" aux Etats-Unis, ont commenté les
analystes de la banque Ixis.
En effet la banque centrale a souligné d'entrée de jeu la
décélération de la croissance qu'elle a notamment expliquée par "le
ralentissement graduel du secteur du logement et les effets décalés des hausses
des taux d'intérêt et des prix de l'énergie".
La hausse du PIB a atteint 5,6% en rythme annuel au premier
trimestre, un rythme intenable pour les analystes qui s'attendent à une nette
décélération dès le printemps.
"Le marché attendait un discours beaucoup plus ferme sur
l'inflation", a réagi Rafael Martorell, de BNP Paribas.
Par exemple la Fed n'a pas explicitement parlé d'un nouveau
resserrement monétaire. Elle a aussi jugé que "les attentes d'inflation restent
contenues".
Mais l'économie tourne à plein régime et l'énergie reste
chère, ce qui "a la capacité de soutenir les pressions inflationnistes",
a-t-elle également souligné.
Face à ces incertitudes, la Fed s'est donc gardé la
possibilité de continuer à augmenter le loyer de l'argent sans s'engager trop
avant.
"La Fed se donne le maximum de marge de manoeuvre. Ce qui
signifie que nous pourrions voir tous les scénarios de hausse dans les six mois
à venir, de 0,25 point à 0,75 point", estime Narinam Behravesh, de Global
Insight.
Pour lui, le FOMC est bien parti pour relever ses taux une
nouvelle fois en août. "Nous pensons aussi que le risque d'avoir de nouvelles
hausses à l'automne augmente", ajoute-t-il.
Quoi qu'il en soit, la Fed a répété qu'elle se déciderait
au vu des futures statistiques.
"L'ampleur et le moment de tout resserrement monétaire qui
serait nécessaire pour parer à ces risques dépendra de l'évolution des
perspectives pour l'inflation et la croissance", selon le communiqué.
Le comité répondra "de façon appropriée aux changements de
perspectives économiques pour atteindre ses objectifs", a répété la Fed.
AFP