La publication de la liste des
huit candidats à la reprise des 60% du capital de la BTK révèle la détermination
de trois groupes qui sont également candidats à la reprise de la BFT. Il s’agit
du koweitien Kipco, du marocain BMCE et du libanais Audi Bank.
Vraisemblablement, ces groupes ont une vision et un vrai projet pour s’implanter
dans le secteur bancaire tunisien.
Kipco (et son bras financier United
Gulf Bank dont le siége est à Bahrain), est présent en Tunisie via sa filiale
off-shore Tunis International Bank ainsi que par son fonds d’investissement
North Africa Holding (NAH) doté de 170 millions de $. Ce fonds vient de mettre
la main la semaine dernière sur 51% du la Société Anonyme de Construction
Electromécanique (SACEM) en partenariat avec le groupe Loukil.
En se portant candidats à la
reprise des deux banques tunisiennes, les dirigeants du groupe koweitien
trouvent que cela serait dans la logique des choses surtout que la TIB n’a pas
cessé depuis un quart de siècle d’accompagner ses clients tunisiens à
l’international notamment en Algérie et en Libye.
Pour leur part, les groupes BMCE
et Audi persistent et signent en voulant affirmer leurs vocations maghrébine et
africaine pour le premier et arabe pour le groupe libanais.
La liste des candidats annoncée
a révélé une surprise : celle de la candidature de la banque d’affaires EFG
Hermès en ce sens que ce groupe détient une participation minoritaire dans le
capital… du candidat libanais Audi Bank.
Hermès a été créée en 1984 et
est coté à la bourse du Caire et au London Stock Exchange (GDR) depuis 1998.
Elle est active en Egypte, à Dubaï et en Arabie Saoudite. Ses principaux métiers
sont : l’intermédiation, la gestion d’actifs, la gestion privée et la recherche.
Elle gère 14 fonds principalement au Moyen Orient et dans le Golfe.
Quant à l’autre candidat
koweitien, Noor Financial Investment, il est le bras financier du National
Industries Group (NIG), un conglomérat koweitien de premier plan.
Noor est une société
d’investissement présente au Koweït, au Moyen Orient et plus généralement dans
les marchés émergents (Chine, Inde, Pakistan, etc.). Pour ce qui est de la
maison mère, NIG, elle est cotée à la bourse de Koweït et est présente dans un
très grand nombre de secteurs : cimenteries, énergie, constructions, immobilier,
finance, assurances, environnement, etc.
Pour sa part, le candidat
émirati Mashreq Bank est la plus grande banque privée aux Emirats Arabes Unis.
La banque a été créée en 1967 et est présente dans 9 pays en Europe, Asie,
Amérique et Afrique. Selon certaines sources, Mashreq Bank serait candidat en
partenariat avec le fonds d’investissement américain Carlyle.
Le deuxième candidat marocain,
la Banque Centrale Marocaine (BCP) fait partie du Crédit Populaire du Maroc qui
comprend, en outre, les Banques Populaires Régionales. La BCP est un acteur
majeur du secteur bancaire marocain qui est également présent à travers des
filiales en Guinée et République Centrafricaine.
Le dernier candidat, et non des
moindres, est le groupe bancaire français Caisse d’Epargne qui tenterait
d’emboîter le pas aux deux leaders français BNP Paribas et Société Générale qui
ont des filiales en Tunisie (NDLR : respectivement l’UBCI et l’UIB). Le groupe
Caisse d’Epargne a tenté en vain de prendre 20% du capital de la banque
marocaine BMCE mais les autorités monétaires du Maroc avaient refusé d’avaliser
l’opération sous prétexte que cela aurait signifié le passage du contrôle
effectif du management de la banque à l’étranger. La Caisse d’Epargne, créée en
1818, est l’une des plus grandes banques françaises et est présente dans tous
les métiers de banque commerciale et d’investissement.
Contrairement à la BFT dont le
futur repreneur serait amené à la mettre à niveau tant elle était en léthargie,
la BTK semble avoir des actifs plus sains et a déjà amorcé son propre
upgrading dés sa transformation de banque de développement en banque
universelle. Mais contrairement à la BFT dont la majorité absolue du capital
(78,16%) passerait sous le contrôle du nouvel acquéreur, le repreneur éventuel
de la BTK n’hériterait que de la majorité simple (60%) et devrait donc composer
avec les autres actionnaires historiques de la BTK.
Cela dit, la compétition sera
très rude entre les différents candidats pour la reprise des deux banques même
si certains d’entre eux partent favoris dans la course. Néanmoins, le dernier
mot appartiendra à l’Etat qui décidera en fonction des prix proposés par les
candidats, de leurs passés dans le secteur bancaire, de leurs
visions et de leurs projets industriels pour les deux banques.
Naoufel Ben Rayana