Un peu plus d’un an après son introduction en bourse, la société Land or a consterné ses petits actionnaires en publiant une perte record de 6 Millions de Dinars sur ses comptes consolidés.
Dans les informations prévisionnelles de son prospectus d’introduction, l’année 2013 devait pourtant être un très bon cru avec surtout une très bonne amélioration de sa rentabilité dans le sillage notamment de son développement à l’international. C’est pourtant de là et précisément du Maroc que Land ‘or connaîtra de sérieux déboires. Dans un marché présenté comme prometteur, la société a du faire face à un incident technique dans le conditionnement de ses produits phares. Résulat des courses : retrait de ses produits de la grande distribution, leur destruction, la mise en place d’une nouvelle politique de marketing pour sauvegarder l’image de la marque…tout ça pour la modique somme de 7,5 MD. Pour l’histoire, on a rarement vu des sociétés perdre autant d’argent la première année de leur implantation dans un pays maghrébin.
La consternation des petits actionnaires ne provient pas seulement de l’énormité de cette perte mais de sa non divulgation au marché dans les plus brefs délais. En réalité, il a fallu 14 mois au management de cette société pour divulguer cette perte d’abord dans ses comptes consolidés et ensuite lors d’une communication financière tenue juste après la publication de ses comptes. Pourtant pour un incident survenu le 6 Mars 2013, le management avait tout au long de l’année 2013, plusieurs occasions de le faire notamment par un communiqué spécifique ou à l’occasion de la publication des indicateurs trimestriels ou encore à l’occasion de la publication des résultats trimestriels. Ce comportement qui a superbement ignoré le règlement général sur l’information occasionnelle ou périodique est pour le moins totalement irresponsable et discrédite fortement non seulement l’émetteur mais aussi le marché alternatif sur lequel la valeur cote. Sur un autre plan, il complique sérieusement les vélléités d’implantation à l’étranger de sociétés de même taille souvent en proie à une BCT très frileuse en matière d’autorisation d’investissements à l’étranger.
En bourse, quand une valeur baisse fortement c’est qu’il y a de mauvaises nouvelles. Dans le cas de Land’or (le cours a baissé jusqu’à 30% avant la publication), les petits porteurs ont certainement pressenti quelque chose mais faute d’informations, ils ont fini par croire que le cours baisse dans le sillage de la baisse générale de la bourse. Certains ont même du croire à une anomalie de marché et ont peut être renforcé leurs positions et ont donc décuplé leurs pertes boursières.
Le marché alternatif s’adresse en théorie à des investisseurs avertis mais s’est transformé en marché de petits porteurs toujours appâtés par le gain rapide de certaines opérations passées (entre 2010 et 2012). Pour contrebalancer le risque lié aux entreprises éligibles au marché alternatif, les petits porteurs pouvaient encore compter sur l’information financière pour fonder leurs décisions d’investissement ou de désinvestissement. Malheureusement, cette ultime protection des épargnants n’a pas fonctionné par la faute d’émetteurs qui n’ont pas souhaité communiquer au marché des informations importantes et ont continué à se comporter comme si leurs sociétés n’étaient pas cotées en bourse. Cette défaillance a décuplé la suspicion vis-à-vis des valeurs du marché alternatif puisque la plupart de celles introduites en 2013 affichent des contre performances importantes par rapport à leurs cours d’introduction. (Landor -31%, Aetech -30%, New Body Line -30%, Syphax -37%, etc.).
En définitive, la société Land’or n’a pas connu qu’un incident technique sur ses produits mais aussi un incident de communication financière qui pourrait lui coûter cher pour son avenir boursier. D’une manière très urgente, la communication financière de la société devrait être totalement revue. Si la société continue à croire en la bourse et considère que ce n’était pas qu’une simple étape pour lever quelques millions de Dinars, elle devrait, à l’instar de ce qu’elle a fait au Maroc pour sauvegarder son image, s’investir lourdement pour préserver son image en Bourse.
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