Nous apprenons qu’un consortium de trois groupes tunisiens, mené par le groupe Elloumi et comprenant les groupes Doghri (Assurances La CARTE
) et Bouchamaoui, a manifesté son intérêt pour la reprise du bloc de contrôle (78,16% du capital) de la Banque Franco-Tunisienne (BFT), filiale de la STB
.
Cette opération pourrait avoir lieu de gré à gré après l’échec de l’appel d’offres international au mois de septembre 2007. Cela dit, l’Etat, à l’époque, avait laissé l’appel d’offres ouvert pour permettre à d’éventuels candidats de se manifester.
Il est à rappeler que plusieurs candidats avaient montré de l’intérêt pour cette privatisation : les groupes tunisiens SFBT et Groupe Elloumi, les groupes des Emirats Arabes Unis Dubai Holding et Dubai Investment Group (DIG), les koweitiens KIPCO et Global Investment House, le groupe marocain BMCE, la Banque Française Gabonaise Internationale (BGFI Bank), le groupe bancaire AUDI Liban, la holding publique libyenne LAFICO (Libyan Arab Foreign Investment Company) et la banque slovaque (Slavia Capital Group).
Le groupe Elloumi, leader du secteur des câbles, était, donc, déjà sur les rangs et faisait partie des 12 pré-qualifiés pour le contrôle de la BFT.
Au mois de septembre, il n’y a pas eu offre de rachat pour deux principales raisons : la première est le refus du cédant (L’Etat à travers la STB
) d'offrir des garanties aux acquéreurs potentiels contre les éventuelles répercussions des litiges en cours opposant la BFT à l’ABCI (le groupe de monsieur Abdelmajid Bouden) qui perdurent depuis 1987.
La seconde raison a trait à la garantie du portefeuille de la BFT : déjà dans le rapport sur les états financiers de l’exercice 2006 de la BFT, les deux commissaires aux comptes Mourad Guellaty (Cabinet Guellaty) et Chérif Ben Zina (CMC-DFK International) ont relevé une insuffisance de provisions au regard de la réglementation bancaire tunisienne.
En ce qui concerne la première raison, les pouvoirs publics tunisiens avaient refusé d’accorder la garantie de l’Etat car ils estimaient que le litige est entre l’Etat tunisien et l’ABCI (Bouden) et non entre ce dernier et la STB
ou la BFT. Ladite affaire a été portée devant le Centre de règlement des différends internationaux en matière d’investissement (CRDI), une émanation de la Banque mondiale, qui arbitre les litiges entre Etats et investisseurs.
La Chambre de Commerce International de Paris avait par jugement du 03 septembre 1987, condamné la « BFT » à payer à l’ « ABCI » la somme de 3,256 millions de USD majorés éventuellement des intérêts au taux LIBOR jusqu’à parfait règlement. Par la suite, un accord transactionnel a été signé le 7 juin 1989 et non respecté par l’ « ABCI » qui a porté l’affaire devant le CRDI.
En acceptant de transiger de gré à gré en vue du rachat du bloc de la STB
dans la BFT, le Consortium (Elloumi, Doghri et Bouchamaoui) accepterait d’assumer la sentence de 1987 (et par ricochet de payer les 3,256 M$ à Bouden).
L’ABCI revendique 50% des actions et 53,36% des droits de vote de la BFT et a mis en garde en juin 2007 par courrier les candidats préqualifiés au rachat de la filiale de la STB en les menaçant d’un éventuel recours contre eux s’ils arrivaient à contrôler la banque.
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