Dans
sa présentation de la situation courante et future de la STIP,
M. Besbes Président-Directeur Général, s’est montré assez confiant quant
à la capacité de la société à faire face à ses difficultés et à rétablir
ses marges dans le futur.
Les résultats affichés en 2003
avec une perte nette de 10,178MDT sont dus notamment à la contraction du
chiffre d’affaires rendue inéluctable après la mauvaise tournure qu’a
connues la conjoncture économique locale et internationale courant 2003.
Revenant sur d’autres éléments plus directs qui ont largement impacté
l’exercice 2003, M. Besbes a attiré l’attention sur le redimensionnement de
l’outil de production et l’intégration de la technologie ALL STEEL pour la
première fois dans la région pour s’adapter aux besoins des différents
marchés de la STIP.
Cela a occasionné des jours d’arrêt de production conduisant avec le
concours d’autres événements tant exogènes qu’endogènes à la décroissance
du nombre total de pneus fabriqués en 2003, baissant à 815 mille unités
contre 1056 mille en 2002. Ceci correspond en tout à une production de 12,9
mille tonnes par rapport aux 16,7 mille tonnes de l’année d’avant. Au
niveau des ventes, le marché local n’a absorbé que 4687 tonnes soit une
baisse de 16,3% par rapport à l’année dernière alors que les marchés
export ont absorbé 9131 T (-16,6%). Ainsi, les réalisations en Dinars ont
fortement baissé à 55,920MDT contre 71,362MDT en 2002. L’effet le plus
pervers revient toutefois au marché parallèle qui continue de pénaliser
fortement les ventes locales malgré les mesures qui ont été prises par les
autorités publiques, explicitement décrites dans l’intervention précédente
du président de la STIP
à l’AIB. Comme autre moyen de prévention, la société a été amenée à réduire
délibérément ses exportations sur la Libye et l’Algérie pour limiter le
retour des pneus de ces pays. Cette réduction qui s’est chiffrée à 8MDT en
2003 devrait être donc prise dans un contexte bien particulier. La société
pense ouvrir des sociétés à capital mixte dans ces deux marchés voisins jugés
très porteurs à l’instar de son initiative marocaine qui donne pleine
satisfaction. Autres facteurs exogènes cités par le management : la
guerre en Irak. Cette dernière a fait perdre à la société un marché évalué
à prés de 5 à 6MDT. Enfin, la baisse du chiffre d’affaires de la STIP
s’explique aussi par la réduction des prix de vente locales de 5 à 12% dés
le mois de septembre 2003 pour cause de démantèlement tarifaire ce qui a grevé
le chiffre d’affaires de 3MDT.
Côté charges, le document
remis par la direction de la STIP
explique que l’industrie du pneu en général et la STIP
en particulier ont été confrontées à de fortes pressions inflationnistes
avec l’augmentation des prix des matières premières accompagnée de
l’effet d’appréciation de l’Euro générant un sur-coût de 1,7MDT. Les
autres postes de charges affichent une hausse de 0,5MDT dans les frais
financiers suite à l’investissement ALL STEEL et une provision pour dépréciation
de créance de 1,3MDT. En conséquence, le résultat brut d’exploitation de la
société a changé de signe à –2,457MDT contre 8,485MDT en 2002. Une forte
baisse qui découle de l’érosion des marges supérieures de la société. Par
ailleurs, il est à remarquer que l’investissement ALL STEEL a fait presque
doubler le bilan de la société en l’espace de deux années pour totaliser
177MDT. En corollaire, le fort recours à l’effet de levier a fait monter le
taux d’endettement total à un niveau élevé de 188% contre 15% en 2001. La
forte contraction de l’Excédent d’exploitation généré par les opérations
courantes durant ces deux dernières années a rétréci la capacité
d’autofinancement de la STIP
et aggravé la situation de sa trésorerie financée de plus en plus par des
concours bancaires à court terme ; Le
responsable financier de la société a rassuré que les cash-flows futurs de la
société seront fortifiés avec le redressement attendu du chiffre d’affaires
qui a connu une année exceptionnellement mauvaise en 2003. D’un autre côté,
la société a pu renégocier des conditions de financement plus favorables avec
les banques locales et a lancé un recours auprès des autorités fiscales pour
récupérer un montant de plus de 17MDT (crédit de TVA, droits de douane,
trop-perçu …). La société réclame aussi son droit à une subvention de
mise à niveau de 9MDT ce qui allégera sa trésorerie future.
Concernant le projet ALL STEEL,
M. Besbes a précisé qu’il a coûté 85MDT financé en grande partie par des
dettes libellées en Dinar tunisien. Malencontreusement, STIP
a subi de plein fouet l’appréciation de l’Euro dans la période qui séparait
la signature du contrat avec Pirelli en 2001 et la réception du matériel en
2003. Selon le président de la société, la perte de change découlant de ce
risque d’exposition, en l’absence d’anticipations fiables sur la tendance
à cette époque, explique en partie le dépassement du budget qui s’est élevé
à 10MDT. L’installation du nouvel équipement et sa mise en service ont
été effectuées dans les meilleurs délais avec l’assistance et sous la
supervision du partenaire Italien. Au 31 Mai 2004, les pneus ALL STEEL représente
11,5% de la demande locale et externe en unités vendues.
Dans une optique prospective, la
société compte renverser la tendance pour diriger ses actions commerciales
vers le marché local qui lui procure de plus fortes marges. STIP
entend restructurer sa direction commerciale et instaurer un nouveau système
d’intéressement au profit des clients distributeurs et grossistes. Au niveau
de l’exploitation, l’accent sera mis sur l’augmentation de la productivité
et l’amélioration des ratios de consommation pour booster la compétitivité
de la société par rapport à ses concurrents égyptiens et asiatiques.
La société qui a conclu ses cinq premiers mois sur une hausse de 47% de
son chiffre d’affaires s’élevant à 32MDT,
vise un objectif annuel de 94,421MDT à fin 2004 et projette une
production de plus d’un million de pneus. Vu le poids croissant des charges
financières auquel elle doit faire face en sus de la charge fixe de maintien de
son outil de production, STIP
finira l’année selon ses propres estimations sur une perte nette de
-7,025MDT. Le retour aux bénéfices est attendu pour l’année 2005.
En guise de conclusion, M. Besbes a confirmé l’intention
du pouvoir public de céder un bloc de contrôle de 51,59% dans le capital de la
STIP. Cette opération
n’est qu’à son début et devra durer des mois avant d’être menée à bon
port. Son dénouement n’aura lieu vraisemblablement qu’en 2005, selon
l’avis de M. Besbes.
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2004.