Le premier exercice complété
par l’UIB sous
l’égide du groupe Société Générale peut être présenté sous le signe de
la remise à niveau de la banque. La nouvelle équipe a commencé par dresser un
état des lieux avant d’entamer la réorganisation interne et la mobilisation
de synergies entre la filiale tunisienne et sa société mère. L’AGO du
28/06/2004 a été une occasion pour les actionnaires de connaître les raisons
de la chute des indicateurs de rentabilité et se former une idée sur les
contours de la stratégie future de la banque.
L’année 2003 a été décevante sur le plan des résultats
de l’avis des actionnaires et du management. La banque a perdu 11% au niveau
de son PNB qui s’est élevé à 58,5MDT (65,7MDT en 2002) pour finir l’année
avec un résultat net à peine positif de 10 mille dinars par rapport à 5,1MDT
en 2002. Les observateurs admettent que cette contre-performance était attendue
et n’aurait pu être évitée dans une période qui représente un véritable
tournant dans la vie de l’UIB.
Il serait ainsi erroné de prendre les derniers exercices de la banque comme
base comparative ; La banque se devait d’engager des actions de refonte pour
renforcer ses fondations dont l’effet pourrait se sentir douloureusement au
niveau des résultats provoquant un accroissement brusque des charges de
restructuration. Les frais généraux ont ainsi flambé au cours de cette première
année de 16,4% suite entre autres à la constatation de provisions
exceptionnelles pour congés payés (2MDT) et l’accroissement par 9,3% des
charges courantes de personnel. Du coup, le coefficient d’exploitation de la
banque a littéralement dérapé à 84%. Entre assainissement et recherche de la
rentabilité à court terme, il est admis que ce cocktail s’avère toujours
difficile à manier, a fait savoir M. Amestoy, le nouveau Directeur Général de
l’UIB. En 2003,
certains éléments sont venus affecter la marge d’intermédiation. Tel est le
cas du désengagement de la banque vis à vis de certaines relations historiques
pour leurs profils de risque excessifs et du passage d’un montant significatif
de produits d’intérêts en agios réservés dans le cadre de la politique de
nettoyage du portefeuille litigieux et enfin du renchérissement des coûts de dépôt
dû à l’insuffisance des comptes à vue.
Essayant de formuler une explication aux interrogations des
actionnaires, le Directeur Général a tenu à préciser que la banque a déjà
identifié et entamé l’essentiel des projets clés susceptibles de redresser
sa situation d’ici 2006. Les axes stratégiques contenus dans le plan
d’action 2004-2006 visent essentiellement l’organisation de la banque, sa
structure commerciale, ses risques et ses moyens matériels et humains. Aux
commandes depuis novembre 2002, le groupe SG a essayé d’opérer par une démarche
progressive gouvernée par un ordre de priorités. Plusieurs actions
commerciales ont visé durant l’année 2003, l’organisation du siège ainsi
que les agences pilotes dans le Grand Tunis dans la perspective d’être généralisées
jusqu’à début 2005. Une réorganisation plus profonde du département
commercial afin de l’adapter aux besoins de la clientèle, l’amélioration
de la qualité des services ainsi que le déploiement de nouveaux métiers en
agence jusqu’au premier trimestre 2005 et le relooking des guichets comptent
parmi les chantiers entrepris par l’UIB.
Le nouveau management semble apporter en outre une vision axée sur une approche
spécialisée de la clientèle, cherchant à profiter de l’expérience du
groupe dans d’autres pays, avec la création de postes de conseillers de
clientèle polyvalents au niveau du réseau de distribution ou d’une structure
spécialisée dédiée exclusivement aux grandes entreprises. L’amélioration
de l’offre de produits (bancassurance (lancement d’un produit assurance-vie
avec la SOGECAP), adhésion dans quelques semaines à Western Union, etc) et des
techniques de vente devraient relever le rendement commercial de la banque.
Au plan des réalisations, il est à signaler qu’au cours
des derniers trimestres, UIB
a œuvré à réactiver les comptes dormants et à optimiser ses services de
banque à distance (UIBPhone
et Extranet). Les résultats obtenus sont encourageants, selon M. Amestoy, ce
qui atteste de la capacité de rebond des équipes commerciales en agence. La
banque est devenue très compétitive surtout dans la monétique, constate-t-il,
ce qui consolidera la part des commissions qui est amenée à soutenir la
structure du PNB au cours des années à venir.
Au volet communication et SI, la banque compte lancer un
nouveau logo inspiré de l’image du groupe français et adapter le progiciel
de référence Delta Bank pour revoir intégralement les procédures de gestion
et d’organisation et permettre une automatisation des traitements comptables.
La migration vers ce nouveau SI se fera à partir du deuxième semestre 2005 et
prendra 6 mois de travail.
Concernant les risques accumulés par la banque, le nouvel
actionnaire a procédé à un audit approfondi du portefeuille des engagements
et une réévaluation des garanties. Il en découle une insuffisance de
provisions de 117,5MDT. Ce sous-provisionnement devrait en conséquence se répercuter
sur les fonds propres et détériorer les ratios d’adéquation et de
couverture des risques qui ressort à 39% pour ce dernier. Un plan de
restructuration a été conçu avec la coordination des autorités monétaires
pour résorber cette insuffisance et permettre à la banque de repartir sur des
bases plus saines. Le cumul des provisions de la banque s’élève à 105MDT
contre des risques avoisinant les 400MDT. L’UIB
projète la refonte de sa filière de risques de contrepartie en accordant une
part plus importante à la clientèle particulière et aux clients
internationaux introduisant de fortes doses de sélectivité dans son
comportement futur.
Côté perspectives, la banque a arrêté un plan prévisionnel
avec une visibilité satisfaisante jusqu’à 2006. Il en ressort que les
investissements de réorganisation et les coûts d’assainissement qui seront
consentis sur les années 2004 et 2005 ne vont prendre leur pleine mesure qu’à
partir de 2006, année qui devra connaître le retour à une plus forte
rentabilité. En 2004 et 2005, la banque a averti que les résultats seront
naturellement modestes. Très probablement, les frais généraux seront appelés
à croître de 8 à 10% jusqu’à 2005. A partir de l’année qui suivra, le
volume de l’activité (crédits et dépôts) évoluera sur un rythme de 10%
par an selon les projections de la banque pour soutenir le PNB qui sera plus
dynamique et mieux structuré. Le modèle de rentabilité Société Générale
qui a fait ses preuves dans d’autres pays du pourtour méditerranéen sera
ainsi intégré pour le cas de l’UIB
tout en tirant profit des synergies entre les marchés de la clientèle des
particuliers et de celle des entreprises.
Un mot d’ordre s’est détaché de cette assemblée, à
savoir que l’accompagnement des entreprises tunisiennes et étrangères par
des banques adossées à des groupes bancaires mondiaux devrait créer un effet
d’entraînement sur l’économie en dynamisant les IDE et en induisant
surtout un transfert de savoir-faire.
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2004.