Annoncée comme une année charnière pour la bourse de Tunis, l’exercice 2007 avait débuté dans le sillage de deux années de progressions record

Annoncée comme une année charnière pour la bourse de Tunis, l’exercice 2007 avait débuté dans le sillage de deux années de progressions record, en particulier une année 2006 exceptionnelle. Jugée insuffisante et dérisoire, la participation du marché financier dans le financement de l’économie tunisienne a constitué un volet important dans le XI éme plan de développement 2007-2011, comme en témoignent, entre autres, les nombreuses incitations fiscales promulguées dans la loi de finances 2007.

Le bilan boursier est resté positif, mais l’année 2007 est loin de ressembler à la précédente. Après l’accroissement record de 44,3% enregistré en 2006, le TUNINDEX a initialement maintenu la cadence atteignant son maximum annuel dès les premiers jours du mois de février à 2712,23 points, soit un gain de 16,35% en un peu plus d’un mois. L’évolution de l’indice a ensuite été assez nébuleuse, vacillant dans un canal large de plus de 270 points pour terminer sa course à 2614,07 points, soit une variation positive de 12,14% sur l’année, sa plus faible progression depuis 3 ans.

Le marché central a drainé un total de 914,889 MD, soit une hausse de 22,6 % par rapport au volume d’affaires total de l’exercice 2006 et une moyenne journalière de 3,674 MD, alors que le hors cote a progressé de 6% à 41 MD. Le nombre de titres échangés à évolué de 24,3% pour atteindre 69 654 300 unités. Le compartiment financier est resté fidèle à son habituelle position prépondérante. A elles seules, les bancaires ont été échangées à raison de 397,809 MD, soit 43,5% du total, sans tenir compte des mouvements assez amples en fin d’année et qui traduisent les habituels changements dans les structures de capital dans le cadre de transactions de blocs. Par ailleurs, le marché obligataire secondaire s’est ranimé enregistrant un échange de 64,9 MD sur les lignes BTA.

Beaucoup d’événements sont venus rythmer l’évolution des cours, et quelques performances remarquables sont à noter. Les rendements les plus élevés sont venus du coté de STAR (+213,64%). Le leader de l’assurance en Tunisie est sur le point d’ouvrir 35% de son capital à un partenaire stratégique dans le cadre de sa recapitalisation. La compagnie est dans le collimateur de grands groupes du secteur, à l’image du numéro un mondial, le français AXA. Depuis l’annonce de la liste des candidats parmi lesquels figurent également deux enseignes locales, COMAR et CARTE, le titre à connu des période de recrudescence fulgurante entrecoupées de quelques prises de bénéfices qui ont un peu ralenti sa progression en fin d’année. Le titre STAR est passé de 11 dinars au 31 décembre 2006 à 34,500 DT à la même date de l’année 2007, atteignant entre temps, un plus haut à 38 DT.

L’autre privatisation réalisée en 2007 est celle de MAGASIN GENERAL qui a connu la cession de la participation de l’Etat dans le capital de la société. Après un début d’année prolifique (jusqu’à 30% gagnés sur les deux premiers mois de l’année), le titre a payé un lourd tribut après la publication des premiers résultats de MAGASIN GENERAL, ceux du premier semestre. Les 76,31% du capital sont revenus en fin de compte à MED Invest, consortium des groupes tunisiens GIAN (Bayahi) et POULINA. Dès lors, un nouveau cycle tumultueux commence pour la société avec des tensions entre les salariés et le nouveau management. MAGASIN GENERAL a réussi une remontée durant le mois de décembre, pour finalement limiter la perte à 1,41% à 27,500 DT.

SOTUVER, au terme d’une année en deux temps, parvient à dégager un rendement de 21,87%. L’annonce de la cession de la société avait revigoré la demande pour le titre le propulsant de sommet en sommet. Dès le début, c’est le français saint Gobain qui s’était placé en première ligne pour s’offrir la société, l’entrée en lisse du groupe marocain Sevam a pris à contre-pied les observateurs. Suite à une plainte du français devant la justice, le CMF a du intervenir pour geler la cession et suspendre pendant 5 semaines la cotation du titre. Après son retour sur la cote, SOTUVER commencé à perdre du terrain, clôturant à 14,600 DT, après avoir touché un maximum de 17,200 DT.

Les poids lourd de la cote ont connu des fortunes diverses. Si SFBT, marquée par une opération de restructuration de ses activités en pôles distincts, et un split assez populaire, parvient à dégager un rendement de 87,37% clôturant à 14,500 DT pour des échanges avoisinant les 74,5 MD, TUNISAIR a fini l’année du mauvais coté reculant de 14,82% à 3,800 DT. La société a pâti de la hausse fulgurante des cours de brut qui ont tenu en haleine tous les marché mondiaux qui s’accordent désormais sur l’imminence d’un baril à 100 dollars. TUNISAIR, qui a tout de même bien résisté en 2007 à cette hausse, du moins en ce qui concerne le 1S07, a été le titre le plus recherché sur la cote avec une rotation moyenne proche des 30 mille titres. Au total, se sont 7 453 818 actions TUNISAIR qui ont changé de mains.

Dans le bancaire, UIB a beaucoup fait parler d’elle lors du 2S07, après avoir annoncé des résultats mitigés et publié les rapports de ses commissaires aux comptes, qui par leurs divergences ont jeté de l’ombre sur la situation de la banque. Le titre a vécu une période calamiteuse qui l’a lourdement pénalisé. UIB termine l’année 2007 en baisse de 11,97% à 13,980 DT.

S’agissant du marché primaire principal, le nombre de nouvelles admissions à la cote a continué de décroitre, confirmant la difficulté de la place de Tunis à attirer les émetteurs qui préfèrent encore recourir à un financement bancaire excessif, et remettant en question l’objectif des 100 sociétés cotées à l’horizon 2009, avec une contribution de 20% à la formation brute de capital fixe. Après quatre introductions en 2005 et trois en 2006, seules deux nouvelles sociétés sont venues s’ajouter à la liste des sociétés cotées à la bourse de Tunis, en l’occurrence TPR et ADWYA. Pour TPR, l’admission à la cote de la bourse s’est faite par voie d’Offre publique de souscription (OPS) de 4 800 000 actions représentant 16,1% du capital. L’admission d’ADWYA, désormais le deuxième représentant de son secteur avec la SIPHAT, s’est effectué moyennant une Offre Publique de Vente (OPV) portant sur 30% du capital, soit 3 000 320 actions.

Face à l’étroitesse du marché et à l’aversion dont font preuve les entreprises pour recourir à la bourse, il a été décidé de créer un marché alternatif pensé comme une passerelle vers la cote officielle. Le marché alternatif a été créé en s’inspirant du modèle déjà existant tels que l’ALTERNEXT en France et l’AIM en Angleterre, avec des conditions d’accès nettement allégées par rapport à celle exigées sur le marché central. Vingt-deux entreprises-pilotes seulement ont été retenues sur un vivier potentiel théorique de 50 et six entreprises uniquement ont été identifiées comme étant actuellement habilitées à intégrer ce marché. La première à se lancer aura été SOPAT. L’introduction a été réalisée par la mise sur le marché dans le cadre d’une augmentation de capital par voie de souscription publique de 522 742 actions d’une valeur nominale de 5 dinars chacune, représentant 26,14% du capital après la réalisation de ladite augmentation. Après dépouillement des demandes de souscription, l’offre a été totalement couverte par la demande et le taux de satisfaction avait atteint 96%. La cotation du titre SOPAT a démarré sur le marché alternatif lors du dernier jour de bourse, le 31 décembre 2007.

Sur un autre plan, 2007 aura été sans conteste l’année des grands projets. La vague d’investisseurs du Golfe qui commençaient déjà à déferler sur le site Tunisie est passée à la vitesse supérieure comme en témoigne le projet de Sama Dubai qualifié de « projet du siècle ». Sama Dubai entend ériger un complexe immobilier grandiose moyennant une enveloppe de 14 milliards de dollars, le plus gros investissement étranger jamais réalisé dans le pays. En plus des 15 000 emplois directs que ce projet va générer, on s’attend à ce qu’il contribue de l’ordre de 0,6% à la croissance annuelle sur les cinq prochaines années. Etalé sur 837 hectares, il faudra 10 ans pour achever le projet, les premiers bâtiments étant attendus pour 2009-2010. D’autres projets, de moindre envergure, mais néanmoins gigantesques, ont été annoncés cette année, à l’image de la nouvelle cité que le groupe émirati « Aboukhater » entend bâtir au nord des berges du Lac de Tunis, ou encore le nouveau port financier qui verra le jour du côté de Raoued, et dont le promoteur est le fonds Bahreïni GHF, un projet qui nécessitera quelque 3 milliards de dollars.


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