L’UBCI, la banque tuniso-française, filiale du groupe BNP Paribas, a tenu son AGO le 26 juillet. M Zouari et M Poupon, respectivement président du conseil d’administration et directeur général de la banque, sont revenus sur la conjoncture fragilisée en Tunisie et les performances jugées acceptables de la banque. Dans un contexte aussi difficile et particulier, la banque a pu augmenter ses revenus. Le PNB a augmenté de 5,45% à 126,7 MDT. Les charges d’exploitation ont, toutefois, progressé plus vite de 12,98% à 110 MDT. L’augmentation salariale décidée en 2011, a impacté pleinement l’exercice 2012, faisant évoluer la masse salariale de 10% à 56 MDT. Les frais généraux ont aussi évolué de 11% à 27 MDT contre 24 MDT en 2011. Ainsi, le coefficient d’exploitation de la banque ressort parmi les plus hauts du secteur, passant de 70,36% à 74,44% fin 2012. Par ricochet, le RBE s’est contracté de 30% à 18,5 MDT contre 26,4 MDT alors que le bénéfice net s’est trouvé amoindri de 47,79% , passant de 23 MDT à 12 MDT entre 2011 et 2012. M Poupon a signalé que la comparaison entre les deux exercices devrait tenir compte d’une plus value exceptionnelle de prés de 5 MDT enregistrée en 2011L. La banque, ajoute-t-il, affiche l’un des taux de provisionnement les plus élevés du secteur, à prés de 86% contre une norme exigée par la BCT de 70%. Malgré le maintien d’un rythme de financement de l’économie tunisienne à hauteur de 9%, avec tout ce que cela pourrait engendrer comme accumulation de nouveaux risques dans une conjoncture difficile, le taux des créances classées ressort parmi les plus bas du secteur à 5,85%. Pour le coût de ses ressources, UBCI cherche à rationnaliser ses sources de financement, évitant de sur-payer les certificats de dépôts, comme le font certaines banques. La banque compte sur le renforcement des dépôts à vue (+17,8%). La banque a aussi bénéficié de l’abandon par sa société mère d’une facture de 2,4 MDT au titre de prestations de services informatiques pour ne pas pénaliser un exercice déjà difficile.
En ce qui concerne les projets de développement de la banque, la mise en chantier de projets sur le marché du retail vise à positionner favorablement la banque par rapport à la concurrence. UBCI a lancé la banque privée avec le support de BNP Paribas Wealth Management, visant la mise en place de concepts inédits en Tunisie à destination d’une clientèle à fort potentiel. Le projet multicanal visant un centre de Relations Clients bénéficiant d’une amplitude horaire élargie, un concept nouvellement expérimenté dans plusieurs pays dans le monde par le groupe BNP. La préparation d’une offre Migrants, visant à mettre à profit les synergies avec la société mère en vue de servir la clientèle des tunisiens résidants à l’étranger. Une offre qui se différenciera des offres proposées sur le marché par certains concurrents. La banque a pu aussi enrichir sa base clientèle de prés de 22 000 nouveaux clients Particuliers et plus de 6000 nouveaux clients professionnels suite aux compagnes récurrentes « le printemps de l’immobilier » et « 40 millions de Dinars » ; La banque s’appuie sur un réseau de 111 points de vente et 125 GAB. L’année 2012 a vu la rénovation et la modernisation de trois points de vente. Sur le marché des entreprises, la banque lance le plan industriel Leasing avec le support de BNP Paribas Leasing Solutions en vue d’augmenter sensiblement le PNB et réduire le coût du risque et élargie le parc de clients actifs. Elle compte aussi asseoir son offre Cash Management pour capter une part croissante des flux de trésorerie. Le DG de la banque affirme que l’offre d’UBCI en matière de Trade Finance est la plus complète et sophistiquée du marché. L’importance des investissements informatiques est justifiée à plus d’un titre puisque ces développements vont permettre d’élargir l’offre commerciale à destination des grandes entreprise avec une nouvelle solution de règlement fournisseurs et la mise en place de nouvelles fonctionnalités ConnexisCash. Les porteurs de cartes monétiques auront aussi la possibilité de sécuriser leurs achats sur les sites marchands tunisiens avec la mise en place de la Solution 3D Secure ; Les développements informatiques qui sont en plein chantier devront aider à mieux accompagner l’évolution des métiers, du réglementaire et de la gestion opérationnelle des risques par une meilleure maitrise évolutive de la technique.
Cela dit, les conventions réglementées régissant le volet informatique entre l’UBCI et son principal fournisseur, à savoir, sa société mère, BNP Paribas, ont été critiquées avec véhémence par les administrateurs et actionnaires tunisiens. Beaucoup y voit un abus de pouvoir de la part de la partie française qui a imposé des clauses contractuelles trop contraignantes. La banque est interdite de tout transfert de propriétés à son profit alors que le terme des contrats reste indéterminé pour certains contrats. Le montant des prestations et leurs impacts sur le bilan et les comptes d’exploitation de la banque sont jugés excessifs, avoisinant les 13 MDT. Toutes ces raisons ont amené trois des plus gros actionnaires tunisiens à voter contre les conventions. Il est à rappeler que le CAC de la banque en l’occurrence le Cabinet FINOR, a informé les actionnaires de l’existence de conventions réglementées non soumises à l’autorisation préalable du Conseil d’Administration, recommandant leur soumission au vote de l’AGO selon les dispositions de l’article 202 du code des sociétés commerciales Tunisiennes ; L’actionnaire français majoritaire, BNP Paribas BDDI, qui est empêché de voter les résolutions dont il est parti prenante, d’après la loi, a vu donc toutes les conventions portant sur les contrats d’applications et de prestations informatiques et autres rejetées en bloc. Certains parmi les actionnaires présents exigent la restitution des fonds octroyés au titre de ces contrats par la société mère, alors que d’autres demandent la révision des termes de ces contrat et un traitement d’égal-à-égal. Les notions de patriotisme et nationalisme ont été évoquées durant cette assemblée très spéciale, qui fera annales dans l’histoire des assemblées en Tunisie. Un cas d’école pour revoir les modes de gouvernance et les mécanismes de fonctionnement des conseils d’administration à double nationalité, disaient d’autres ;
Revenant sur les performances récentes, La banque a enregistré une évolution de 13% de son PNB, à 95,224 MDT, une accélération qui ne suffit pas encore pour inverser la tendance dans les soldes intermédiaires puisque les charges d’exploitation, ont augmenté un peu plus de 14%. L’effet ciseau souhaité devrait avoir lieu à partir de fin 2013 pour retrouver une croissance positive en Bottom-line. Au-delà de cette situation conjoncturelle, UBCI reste une banque fondamentalement solide avec une forte marge de progression à condition d’améliorer les indicateurs de productivité par agence et par employé et surtout rentabiliser les sommes colossales investies dans le système d’information. Elle peut compter sur le savoir faire et l’expertise de son partenaire BNP Paribas qui demeure l’un des plus grands groupes bancaires à l’échelle mondial.
Un dividende de 0,600 DT sera payé à partir du 07 Août 2013.
L’AGE tenue dans la foulée, a autorisé le CA à porter le capital social de 80 493 965 DT à 100 007 645 DT par incorporation de réserves ;