Le président de la Banque mondiale met en garde contre les retombées d'une potentielle récession mondiale pour les pays en développement

Dans un discours au Stanford Institute for Economic Policy Research (SIEPR), le président du Groupe Banque Mondiale, David Malpass, a mis en avant la "dure réalité" que l'économie mondiale, et particulièrement les pays en développement affrontent, avec des événements rudes et des politiques macroéconomiques inédites, qui mettent en crise le développement et affecte l'ensemble de l'économie du globe. 
 
Malpass a rappelé que la contribution du groupe pour soutenir les pays en développement n'a cessé d'augmenter. Le président a fait remarquer que la détérioration du rythme de développement dans le monde a commencé bien avant la pandémie COVID-19. A partir de 2015, le repli de la pauvreté dans le monde a ralenti selon Malpass. Le déclenchement de la crise sanitaire a eu pour effet d'aggraver des indicateurs d'extrême pauvreté, avec 70 millions de personnes supplémentaires affectées, alors que le revenu médian à l'échelle mondiale a reculé de 4% pour la première fois depuis 1990. A la pandémie, s'ajoutent les conflits et les évènements climatiques qui ont touché en premier lieu les catégories les plus vulnérables. 
 
Face à des crises qui se chevauchent, un danger pressant pour le monde en développement est que le ralentissement brutal de la croissance mondiale s'aggrave en  récession, comme l'a évoqué la Banque mondiale dans un rapport du mois de septembre. Le PIB mondial par habitant en 2021 a à peine dépassé son niveau d'avant la crise sanitaire, mais de nombreux pays en développement n'ont pas atteint leur niveau de revenu par habitant pré-pandémique. Les États-Unis ont connu des contractions du PIB au cours des deux premiers trimestres de 2022. La forte baisse des prix des actifs dans le monde a des conséquences sur l'affaiblissement des bilans des entreprises et des retraites et pourrait freiner les nouveaux investissements. L’économie chinoise a fortement ralenti en raison des blocages liés au COVID-19, faisant chuter les prévisions de la Banque mondiale pour 2022 pour la Chine à 2,8 % contre 5 % en avril. L'Europe est confrontée à la flambée soudaine des prix de l'énergie causée par l'invasion russe de l'Ukraine et les rigidités du marché. La faiblesse de l'euro et la forte inflation augmentent la probabilité d'une récession européenne et limitent davantage les perspectives de croissance à long terme de la zone euro, a souligné le dirigeant.
 
Aujourd'hui, les pays en développement sont devant le risque que ces tendances dans les économies avancées – inflation, croissance lente, baisse de la productivité, ponction sur les approvisionnements énergétiques mondiaux et hausse des taux d'intérêt – persistent au-delà de 2023. Si les politiques budgétaires et monétaires actuelles deviennent la nouvelle « normalité », elle implique une forte absorption du capital mondial par les gouvernements avancés, prolongeant le sous-investissement dans les pays en développement et entravant la croissance future, a indiqué David Malpass.
 
Le Groupe de la Banque mondiale a réagi en déployant un financement record de 115 milliards de dollars au cours de l'exercice 22. Il y a eu, selon Malpass, plusieurs augmentations consécutives de financement, de soutien analytique et de conseils politiques, d'abord en réponse au COVID-19, et maintenant  à la crise alimentaire et énergétique, et autres retombées de la guerre en Ukraine. La Banque mondiale a mobilisé 13 milliards de dollars de financement d'urgence auprès de partenaires bilatéraux et de développement, dont environ 11 milliards de dollars ont déjà été décaissés par le biais de ses projets et fonds fiduciaires.
 
Pour conclure son intervention, David Malpass a estimé que pour surmonter cette tempête et renverser les récents retournements du développement, il faut de nouvelles voies macro et microéconomiques dans les pays avancés comme dans les pays en développement. L'urgence est claire et reflétée par les reporting quotidiens sur l'inflation, le changement climatique, la famine, les manifestations civiles et la violence. Le Groupe de la Banque mondiale est pleinement engagé dans ces défis, réaliste dans ses évaluations et désireux de travailler sur des solutions.
 
 
 

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