A l’image de la STEG, l’ONE (Maroc) prépare sa filiale ONE International pour conquérir le marché africain d’électricité.[Suite]

Selon la presse marocaine, le prochain conseil d’administration de l’Office national de l’électricité (ONE – Maroc) se penchera certainement sur le projet de faisabilité d’une entreprise à l’international. Actuellement en gestation, ONE International disposera d’un tour de table de 300 millions d’euros, avec des bailleurs de fonds de diverses nationalités. Il s’agira, comme l’a rappelé son directeur général, Younes Maamar, lors d’une conférence de presse organisée en milieu de la semaine dernière, au siège de l’ONE à Casablanca, de trouver un pendant financier à son expertise qui s’exporte bien sur le continent africain. Pour convaincre les différents bailleurs de fonds à rallier sa structure à l’international, l’ONE a sélectionné une série de projets en Afrique sur la base de leur retour sur investissements.

La mise en place de ce concept répond à la stratégie de l’ONE de devenir un acteur majeur en Afrique, marché caractérisé par un taux d’électrification faible, soit 24%. D’ici 2030 et selon les estimations de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), le continent devra investir 520 milliards de dollars, soit l’équivalent de 20% de son PIB global actuel, pour porter son taux d’électrification à 50%.

C’est dire tout l’intérêt de l’ONE de mettre en place les mécanismes devant le doter d’une présence importante plus au Sud. «Nous compensons la faiblesse de notre capacité financière par une forte capacité d’exécution», assure M. Maamar qui prend en exemple, la mise en place rapide d’une centrale à Nouadhibou de 7 à 9 mégawatt, dans un délai court, entre le 27 novembre 2006 et le 23 décembre 2006. Précision importante : «ces interventions se font dans un cadre de contractualisation, dans une logique économique basée sur un retour sur investissement», indique-t-il.

Aux traditionnelles missions de coopérations Sud-Sud, le management actuel de l’ONE veut suppléer des solutions durables, à travers des accords commerciaux. L’intérêt pour l’international trouve sa raison dans l’arrivée à terme du programme PERG (Programme d’électrification rurale, bientôt à 100%). Outre son expertise, l’ONE bénéficie d’un positionnement stratégique, avec une capacité d’interconnexion de 1400 mégawatts avec l’Espagne (même densité qu’entre ce pays et la France) et, bientôt, de 1200 mégawatts avec l’Algérie. D’ailleurs des discussions sont en cours avec les Algériens pour contractualiser les échanges. A terme, l’ONE envisage la mise en place d’une salle de marché. C’est fort de ses acquis, que l’Office marocain se lance à la conquête de l’Afrique. Le réseau haute tension qui se limite à Boujdour arrivera prochainement à Dakhla.

Le raccordement avec la Mauritanie (qui deviendra membre à part entière du réseau maghrébin) est prévu. Au-delà, l’ONE qui a pris pied au nord du Sénégal, dans la région du fleuve, par le biais d’un appel d’offres où il a été préféré à un puissant groupement amené par EDF et Total Energie, compte apporter la lumière à une population de 350 000 habitants, soient 500 villages.

Le gros des projets de l’ONE en Afrique reste sans conteste la Sierra Leone, pays qui sort de dix ans de guerre civile. Dans ce pays, il est parvenu, dans une course contre la montre, à réhabiliter contre le scepticisme de la Banque mondiale (qui a révisé sa position depuis), à remettre en marche la seule centrale du pays. L’ONE compte, dans un deuxième temps, réaliser un contrat de production d’une nouvelle centrale de 12 à 15 mégawatts dans ce pays de 7 millions d’habitants.

Un retard de 900 mégawatts à combler :

Avec une croissance forte de 9% en moyenne ces quatre dernières années, les retards d’investissements de l’ONE équivalaient en 2005 à  900 mégawatts,  sur la base des projections faites en 1999.  Les besoins d’investissements de l’Office sont estimés à environ 10 milliards de dirhams par an.  L’ONE qui est un importateur net de l’énergie fossile, seul acteur à supporter les répercussions des hausses de cours à l’international, dispose d’une marge d’autant plus réduite que la structure de la demande nationale est basée sur la basse tension, essentiellement les ménages. Dans sa stratégie, l’ONE vise à diversifier les sources d’approvisionnement du Royaume, à consolider le Maroc en tant que carrefour  régional d’interconnexion et à exporter son savoir-faire.

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