Fitch confirme la note 'BBB-' du Maroc avec perspective stable (communiqué) [suite]

Fitch Ratings a confirmé les notes de défaut émetteur (Issuer Default Ratings - IDR) à long terme en devises et en monnaie locale attribuées au Royaume du Maroc, qui s’établissent respectivement à 'BBB-' (BBB moins) et 'BBB', avec une perspective stable. La note IDR à court terme en devises 'F3' ainsi que la note de plafond souverain ‘BBB’ sont confirmées.


La confirmation de ces notes repose sur la relative résilience dont l’économie marocaine a fait preuve vis-à-vis du retournement économique mondial, sur la poursuite de l’amélioration des finances publiques et sur la stabilité du système politique marocain. Les finances extérieures ont toutefois souffert de la récession en Europe, qui a compensé l’effet de la baisse des prix du pétrole. Pour le moyen terme, Fitch s’attend à ce que les principaux ratios de finances publiques et externes convergent vers la médiane de la catégorie ‘BBB’. Le revenu par habitant relativement bas du Maroc comparé à ceux de pays notés ‘BBB’ est la principale faiblesse du pays. A moyen terme, le succès de l’effort de diversification de l’économie dans des domaines à plus haute valeur ajoutée sera déterminant pour les notes.


L’économie marocaine a résisté à la crise mondiale et affiché une croissance de 5,6% en 2008. Bien que cette progression résulte largement d’un rebond de la production agricole, elle a également tiré profit de la poursuite du mouvement de diversification de l’économie dans des activités industrielles et de services tournées vers l’exportation. Les importants investissements réalisés dans les infrastructures et le logement, qui tirent l’économie depuis quelques années, y ont également contribué. Quant aux banques marocaines, elles n’ont pas été touchées par la crise financière mondiale du fait de leur intégration limitée au système financier mondial et à la stricte réglementation mise en place par la banque centrale. La production manufacturière a toutefois reculé de 1% au premier trimestre 2009 ; les activités exportatrices, notamment le textile et les pièces détachées pour l’automobile, ont été particulièrement affectées par la chute de la demande en Europe. De plus, un certain nombre d’investissements directs étrangers ont été retardés ou annulés. La récession européenne a également induit une baisse des envois de fonds des travailleurs émigrés et des revenus du tourisme, ce qui s’est traduit par une aggravation du déficit courant et une baisse des réserves de change.


L’équilibre budgétaire s’améliore régulièrement depuis trois ans grâce à des revenus fiscaux en hausse et à des dépenses mieux contrôlées, malgré la forte hausse des subventions accordées sur les produits alimentaires et pétroliers en 2008. Le Maroc a ainsi pu réduire sa dette publique à 47,3% du PIB à fin 2008. Bien que ce chiffre reste supérieur à la médiane des pays comparables, l’écart se rétrécit et, selon Fitch, cette tendance va se poursuivre. La majeure partie de la dette (79% à fin 2008) est constituée d’émissions domestiques, l’Etat pouvant lever des fonds à des conditions avantageuses grâce à la grande liquidité et à la profondeur du marché obligataire local ainsi qu’au faible niveau des taux d’intérêts.


Disposant de ressources limitées en matières premières (à l’exception des phosphates), le Maroc doit faire face à une grande dépendance énergétique. Elle est en partie compensée par les importants revenus générés par le tourisme et les transferts des émigrés (8,2% et 7,5% du PIB en 2008 respectivement), ainsi que par des investissements directs étrangers élevés. La hausse des prix du pétrole et de l’alimentation en 2008 a entraîné une détérioration sensible de la balance des comptes courants. Malgré la baisse des prix du pétrole, le déficit courant restera important en 2009. De plus, Fitch anticipe un ralentissement des investissements directs étrangers. De ce fait, les réserves de change baisseront pour la deuxième année consécutive en 2009. Toutefois, grâce aux excédents accumulés entre 2000 et 2007, elles vont se maintenir à un bon niveau (5,7 mois de dépenses externes courantes à fin 2008). Fitch s’attend à ce que la hausse du déficit courant soit financée par un recours accru à la dette ; en particulier, les investissements en infrastructures publiques seront financés par de la dette bilatérale et multilatérale. En conséquence, la position créditrice nette du Maroc est appelée à s’éroder en 2009 et 2010 tout en demeurant plus solide que celle des autres pays notés dans la catégorie ‘BBB’.


Le système politique marocain est stable. En libéralisant la vie politique et en favorisant l’émergence de partis islamistes modérés, le régime a marginalisé les islamistes radicaux. Le roi jouit d’une réelle légitimité auprès de la population du fait de son statut de Commandeur des croyants. Cependant, la pauvreté demeure très répandue dans les zones rurales et les indicateurs sociaux sont inférieurs à ceux des pays notés dans la catégorie d’investissement. Si rien n’est fait pour le combattre, le sentiment de frustration qui progresse parmi les couches les plus pauvres de la population pourrait engendrer une instabilité politique à plus long terme.

Themes :

© Copyright Tustex