La chute brutale des cours du pétrole dresse aujourd'hui une nouvelle réalité économique pour les pays de la Zone MENA. Cette tendance baissière qui a consommé plus de 50% du prix du baril l'été dernier, pour atterrir, ces dernières semaines, à ses niveaux les plus bas datant de 2009. En effet, cette chute des cours engendrée aussi bien par l'incertitude quant au sens de la tendance actuelle, que par l'augmentation de la production du pétrole de sources non-conventionnelles et ce, en plus de l'affaiblissement de la demande mondiale en la matière. Si on ajoute à cela la décision de l'OPEP de ne pas réviser sa production à la baisse, la résultante impose aux politiciens des pays producteurs de la zone MENA des défis à court et à long terme. En effet, bon nombre des gouvernements de ces pays sont confrontés aujourd'hui à l'écroulement des ressources budgétaires provenant de leurs exportations de "l'or noir". D'ailleurs, le prochain rapport du FMI sur la région MENA affichera entre autres des estimations de pertes de l'ordre de 300 milliards de dollars rien que pour les pays du Conseil de Coopération du Glof -CCG. A noter que seul le Kuwait échappera cette année à aller puiser dans ses réserves cumulées ou encore à contracter des crédits pour couvrir les déficits budgétaires inévitables. De l'autre côté, les bénéfices de cette chute des prix du pétrole risquent d'être assez réduits pour les pays importateurs de la Zone.
Ceci dit, ces pays producteurs de pétrole ont bien des réserves suffisantes pour résister à ce déséquilibre économique. Mais certainement des réserves qui sont vouées à disparaitre s'il n'y aura pas des ajustements notamment budgétaires, une révision du train de vie des populations, ainsi qu'une réflexion profonde sur la façon dont ils doivent créer, dorénavant, de la croissance en sous-pondérant le poids des revenus de pétrole dans leur modèle économique.
Dans le même sens, l'un des principaux défis des années à venir serait comment pouvoir booster le secteur privé pour qu'il devienne la locomotive de la croissance et participer ainsi à améliorer l'autosuffisance de ces pays dans tous les secteurs et branches de l'économie. Ceci passera nécessairement par l'encouragement des activités exportatrices de biens et de services. Le citoyen doit être lui aussi mieux encadré pour un meilleur engagement sur le marché de l'emploi privé, et éviter ainsi aux gouvernements de ces pays exportateurs de pétrole d'être les uniques employeurs dans leurs pays respectifs.
De l'autre côté du spectre, les pays importateurs de pétrole de la région (MENA) bénéficieront de la baisse de la facture énergétique; ce qui allégera la pression sur les équilibre budgétaires principalement en raison de la baisse systématique des efforts de subversion sur les hydrocarbures.
Néanmoins, cette baisse de la facture énergétique pour les pays importateurs de pétrole de la région ne va pas leur bénéficier pleinement en raison des révisions à la baisse des perspectives de croissance des pays européens partenaires ainsi que les pays du Conseil de Coopération du Golf - CCG. Ajoutons à cela la baisse des prix de certaines matières premières exportées par ces pays (hors pétrole). Ceci dit, les perspectives de croissance de ces pays importateurs de pétrole dans la région MENA (avec l'Afghanistan et le Pakistan) devraient s'établir aux alentours de 4% en moyenne contre 3% en 2014.
Malgré le côté positif de cette baisse des prix de pétrole pour les pays qui en importent dans la région MENA, il est très important pour ces derniers, de réaliser que l'évolution des prix demeure fortement incertaine. En ce sens, ils doivent éviter les grands engagements sur les dépenses qu'ils ne pourraient pas honorer si jamais le prix du pétrole reprent le chemin de la hausse. De ce point de vue, la stratégie idéale pour ces pays importateurs de pétrole est de généraliser et accélérer leurs efforts de restructuration de leurs économies afin d'atteindre des niveaux de croissance plus rapides et généralisés à toutes les classes sociales ainsi que la création de meilleures opportunités d'emploi.
Masood Ahmed - IMF Director, Middle East and Central Asia Department
Résumé et traduction Arabe/Français : Par Tustex.com
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