Le gouvernement de Béji Caid Essebssi présente jeudi 29 septembre 2011 sa vision pour le développement de la Tunisie à l’horizon 2012-2016. Selon le document résumant cette vision, et outre les défis politiques, la Tunisie doit répondre aujourd’hui à des défis économiques et sociaux structurels, dont la résolution est un pré-requis à sa stabilité et à la réussite de la transition politique. Premièrement, le chômage des jeunes qui a atteint un niveau historique doit être réduit rapidement pour redonner espoir à la jeune génération tunisienne. Deuxièmement, les disparités économiques et sociales entre les régions qui doivent être résorbées en adoptant une meilleure redistribution des richesses et en désenclavant les zones rurales et reculées.
Sur cette base, la stratégie proposée pour la période 2012-2016 devra conduire à élaborer un nouveau modèle de développement pour la Tunisie qui porte sur les dix grandes idées suivantes :
1. Construire la confiance par la transparence, la responsabilité sociale et la participation citoyenne :
L’ancrage des principes de démocratie suppose la mise en place d’un nouveau contrat social impliquant un climat de confiance mutuelle et un cadre de responsabilité commune et partagée sur lequel peut se définir le champ d’intervention.
Dans le cadre de cette nouvelle approche, un processus systémique, participatif, mesurable et visible de révision des procédures et des autorisations administratives est déjà initié. Il concerne dans une première phase les secteurs et services clefs pour les citoyens et les entreprises et vise à simplifier les procédures et à limiter la discrétion et l’arbitraire dans l’application des règles.
2. Assurer le développement inclusif et équilibré:
Un processus institutionnel et politique sera initié en vue d’une redistribution des compétences et des ressources entre l’Etat et les régions, qui doit permettre, dans le cadre d’une décentralisation institutionnelle et territoriale, d’ériger la Région en collectivité territoriale essentielle et à part entière dans la gestion du pays et, particulièrement, dans le développement régional.
Ce processus implique notamment une réforme de l’organisation de l’Etat et des collectivités locales, l’instauration de l’élection des conseils régionaux au suffrage universel et la création de conseils économiques et sociaux régionaux.
3. Transformer la structure de l’économie par la science et la technologie :
L’accélération du rythme de croissance et le changement de son profil à travers la transformation de la structure de l’économie vers une économie sophistiquée, portera sur cinq domaines : l’innovation, la R&D, la formation et le renforcement des compétences, l’infrastructure technologique et le financement de la création et de l’innovation.
4. Créer une dynamique interne favorable à la productivité, la création et l’initiative libre
Une allocation efficace et fluide des ressources en compétences, en savoir-faire et en technologie sur la base de règles transparentes et équitables représentent les facteurs nécessaires quant à la création d’un environnement économique compétitif.
Il est nécessaire d’avoir un environnement propice à la création, favorable à l’investissement, tourné vers l’exportation et permettant en même temps le plein fonctionnement du marché intérieur. Pour cela une série de réformes seront engagées pour réduire les blocages réglementaires et les charges administratives, améliorer le cadre incitatif, faciliter l’accès au financement, renforcer la concurrence sur le marché intérieur et bâtir un partenariat public-privé utile et équilibré.
5. Désenclaver le pays et s’engager dans une intégration mondiale approfondie et agissante:
L’engagement de la Tunisie dans une intégration mondiale approfondie représente une option stratégique fondamentale pour la création de richesse et d’emplois, le transfert de la technologie et du savoir-faire et le financement du développement.
L’approfondissement de cette intégration est la voie préconisée pour accroître la productivité et accélérer la transformation structurelle de l’économie tunisienne. Cela impliquera l’élargissement de l’espace d’intégration aussi bien au niveau sectoriel qu’au niveau des partenaires économiques de la Tunisie en vue de réduire les coûts d’importation, augmenter et diversifier les exportations et pénétrer de façon durable de nouveaux marchés. Pour cela, un agenda de reforme unilatéral, bilatéral et multilatéral est prévu.
6. Former et retenir les hautes compétences nationales, attirer les meilleures compétences internationales et renforcer l’employabilité
Améliorer la qualité et la performance des systèmes d’éducation et de formation à tous les niveaux et en assurer la pertinence représentent un défi majeur à relever.
C’est ainsi que l’ouverture de l’économie tunisienne sur l’extérieur exigera le recours aux compétences, qualifications et spécialités disponibles aussi bien au niveau national qu’à l’échelle internationale. Une stratégie nationale pour l’enseignement supérieur sera lancée, qui sera axée sur l’excellence, la qualité et l’employabilité. Elle devra conduire à un meilleur accès à un plus grand nombre de jeunes tunisiens à l’enseignement sur la base de l’équité et de l’égalité des chances entre individus et entre régions.
7. Consacrer la justice sociale et l’égalité des chances
La stratégie de développement proposée pour la période 2012-2016 sera aussi basée sur la prospérité qui devra se traduire par une création réelle de la richesse pour tous les tunisiens afin d’aboutir à un progrès homogène et global.
Pour la concrétisation de cet objectif, les priorités sont : Améliorer le revenu, réduire la pauvreté et renforcer la protection sociale, Améliorer la qualité et la pertinence de l’éducation, améliorer les indicateurs de santé, Améliorer les conditions de la femme, Améliorer la situation des jeunes et Promouvoir la création artistique et culturelle.
8. Assurer un financement adéquat et viable du développement :
La mobilisation des ressources financières appropriées, l’affectation efficace et efficiente des ressources disponibles et la préservation de la pérennité des équilibres financiers globaux, assureront l’optimisation du financement du nouveau programme de développement.
9. Réhabiliter le service public et l’action civile
La qualité et l’efficacité devront constituer la priorité de la stratégie de développement du service public en Tunisie. Elle devra concerner aussi bien les services sociaux que les services à l’entreprise en rapport avec l’activité économique. Cela implique l’introduction de nouvelles méthodes d’administration publique, la mise à niveau du cadre réglementaire, l’application équitable des règles et le renforcement de la capacité institutionnelle et humaine de l’administration, ainsi que sa capacité de suivi et évaluation.
Dans le but de promouvoir l’action civile, il sera procédé à la révision du cadre juridique de la liberté d'association afin de faciliter la création et les activités des associations.
10. Optimiser l’utilisation de nos ressources et préserver notre environnement naturel
La Tunisie est sur le point d’atteindre le maximum de son potentiel au niveau de la mobilisation des ressources naturelles, d’où l’impératif d’orienter les stratégies nationales en matière de gestion des ressources vers l’accroissement de la productivité et le développement des ressources renouvelables.
L’effort national sera tourné vers le renforcement de la sécurité alimentaire, la préservation des ressources en eau, la gestion des impacts du changement climatique et le renforcement de l’efficacité énergétique.
Synthèse Tustex d’après le document SDES 2012-2016.
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